Un autre regard sur les conflits au Moyen-Orient


Le complot pétrolier et la guerre contre le... par Dailygratuit

Et si c'étaient les services secrets américains qui soutenaient en sous-main l'offensive des djihadistes du dénommé Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) contre le gouvernement irakien de Nuri-al- Maliki? L'hypothèse commence à courir dans les chancelleries.

Elle est reprise explicitement aujourd'hui dans un article du Pr Michel Chossudovsky publiée par le site Globalresearch.ca (voir le 15 juin 2014).

Certes Globalresearch s'est fait le champion, dans la presse “alternative”, de thèmes dits anti-capitalistes, anti-impérialistes, anti-militaristes, internationalistes mais anti-globalisation, généralement proscrits dans les médias “officiels” ou main-stream. Les sévères critiques qu'ils suscitent (voir par exemple http://rationalwiki.org/wiki/Globalresearch.ca) en font l'organe préféré des conspirationnistes de tous bords. Elles le disent aussi, ce qui n'est contradictoire qu'en apparence, influencé par les intérêts de Moscou. Il convient donc de prendre ses assertions avec prudence. Mais lorsque l'on sait comment les médias officiels traitent de conspirationnistes tous ceux qui ne se soumettent pas directement aux consignes diffusées par la super-puissance américaine, le terme doit être pris avec une certaine réserve. Les éclairages apportés par les articles de Globalresearch méritent donc un minimum d'attention, plutôt qu'être rejetés avant toute lecture.

L'article cité ici est très long, en apparence aussi compliqué que l'est, selon la phrase célèbre, l'Orient. La thèse peut néanmoins être résumée en quelques phrases. L'impérialisme politico-économique américain a, en prenant la suite des influences européennes au Moyen-Orient, tout fait pour détruire les Etats traditionnels de la région s'opposant à lui. L'objectif encore actuel est de contrôler les ressources pétrolières, les voies de communications et les mouvements religieux et politiques de la région. Cela s'est fait dès la fin de la seconde guerre mondiale avec la destruction de Mossadegh en Iran, puis plus récemment, la guerre contre l'Irak de Saddam Hussein, poursuivie par la guerre avec les talibans en Afghanistan. D'une façon plus soft, tout a été fait parallèlement pour soumettre aux intérêts du dollar l'Arabie saoudite, les Emirats et les autres Etats de la région, Jordanie et Liban notamment. (1)

Ces différentes guerres et opérations de forces spéciales menées par Washington au Moyen Orient ont coûté des trillions de dollars à la nation américaine. En apparence, elles ont abouti à des échecs militaires et politiques, conduisant notamment au retrait des forces terrestres américaines (sauf à celui de l'US-Navy). Mais jusqu'ici, elles ont réussi à maintenir l'essentiel de l'influence américaine au service de ses intérêts pétroliers et stratégiques. Elles ont cependant de plus en plus inquiété la Russie, se voyant menacée sur ses frontières Sud. Celle-ci a donc décidé de soutenir Bachar al Assad en Syrie, le seul chef d'Etat jusqu'à présent désireux de maintenir son indépendance, au sein des provinces de confession alaouite.

La thèse de l'auteur de l'article est que le pouvoir américain a remplacé les interventions militaires, notamment terrestres, par une activité redoublée de ses services secrets et des forces politiques locales corrompues par une très active “diplomatie du dollar”. (2)

La démarche adoptée depuis quelques mois en Irak et en Syrie consiste à approvisionner en dollars et en armes les mouvements djihadistes les plus radicaux, présentés par ailleurs comme “terroristes”. La CIA sait comment s'y prendre, puisque ce fut grâce à de telles interventions qu'elle a suscité Ben Laden et même peut-être encouragé ce dernier à provoquer les attentats du 11 septembre. Il s'agit d'une politique vieille comme le monde visant à soutenir équitablement, dans le pays que l'on veut détruire, les intérêts opposés. C'est ainsi que, selon Globalresearch, un mouvement djihaddiste encore squelettique est en train de s'emparer de l'Irak, le gouvernement d'Al-Maliki s'étant révélé insuffisamment prêt à partager avec les Américains les ressources pétrolières du pays.

L'objectif à terme serait la mise en place simultanée, en Irak et si possible en Syrie, d'un Emirat Islamique, d'un gouvernement chiite docile et d'un Kurdistan sous contrôle. Le panorama serait complet si Bashar et Assad était à son tour renversé par les Islamistes convertis à la politique du dollar, comme le sont actuellement les pétro-Etats d'Arabie saoudite et du Golfe. Quant à l'Iran, des négociations apparemment bien avancées visent à en faire un allié, en échange d'aides économiques multiples. (3)

Mais pour obtenir quoi à terme? Globalresearch fournit une réponse que beaucoup jugeront très vraisemblable: mettre en place dans tout le Moyen Orient des territoires sans Etats, sans politiques communes, déchirées de luttes intestines mais néanmoins bons clients pour les produits “made in USA”, y compris les achats d'armes dont le lobby militaro-industriel US a bien besoin. (4)

Nous laissons évidemment à chacun d'estimer la valeur qu'il faut attribuer à ces hypothèses.

Jean-Paul Baquiast

Notes

1) Tel Aviv ne posait pas de problèmes aux Etats-Unis, puisque dès sa création, l'Etat israélien a pleinement coopéré avec eux à la fois pour assurer sa défense et son développement technologique. Il est aidé en cela par le très puissant lobby juif aux Etats-Unis, l'AIPAC.

2) Le même jeu est conduit en Ukraine, dans les Etats baltes et en Pologne. Plus subtilement il s'exerce dans toute l'Union européenne, y compris dans la France socialiste, où, entre autres, le Président de la République vient de recruter comme conseillère une personne émanant directement de Wall Street. Il s'exerce aussi sur les médias. Le Monde, le grand journal de référence des élites françaises ne vient-il pas de publier un long article (le 13/06) confirmant que la Banque BNP Paribas a “violé l'embargo américain malgré les mises en garde”. La Banque mérite donc les 10 milliards d'amende infligée par le juge américain. Comme coup de poignard dans le dos, il est difficile de faire mieux.

3) On peut imaginer qu'un Emirat islamique dans la région ferait bien l'affaire de ceux qui veulent maintenir l'Union européenne dans le giron de l'influence américaine. Finançant des milliers de djihadistes européens, il désorganiserait les volontés d'indépendance à l'égard de Washington que pourraient entretenir les citoyens européens.

4) Restera à voir comment la Russie, l'Inde et la Chine, composantes majeures du BRICS, se positionneront face à ce nouveau grand Jeu.

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Source : Dedefensa.org

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Le dossier « Pegasus »

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