Plus de 7 % des entreprises ont recours au travail illégal, ce qui représente 2,4 % des salariés, selon une enquête de l'Acoss. La restauration et le commerce alimentaire sont les secteurs les plus touchés. Les salariés de moins de 18 ans et de plus de 60 ans sont les premiers concernés.
Le travail au noir détecté par les Urssaf a donné lieu à 220 millions d'euros de redressements l'an dernier, 19 % de plus qu'en 2010. C'est un nouveau record, grâce à des contrôles mieux ciblés, notamment sur les grandes entreprises. Au-delà de ces résultats, l'Acoss, la branche recouvrement de la Sécurité sociale, a aussi cherché, pour la première fois, à évaluer l'ampleur du travail dissimulé. Les Urssaf ont effectué des contrôles aléatoires sur un échantillon représentatif de plus de 4.000 établissements employant quelque 13.000 salariés. L'enquête, qui vient d'être publiée dans le rapport annuel de l'Acoss, montre que 7,3 % des entreprises frauderaient en ne déclarant pas un employé, ou bien en ne déclarant pas la totalité de son activité (les heures supplémentaires qu'il effectue, par exemple). Les Urssaf perçoivent les cotisations de 2,2 millions d'entreprises, administrations et collectivités territoriales. Quelque 2,4 % des salariés seraient concernés. Cette estimation est très certainement sous-évaluée, prévient l'Acoss. En particulier parce que les contrôles ne sont jamais faits « durant le week-end ou tôt le matin », périodes pendant lesquelles « il est vraisemblable qu'une grande partie des travailleurs dissimulés soient présents dans l'établissement ».
Le poids de la restauration
Les hôtels, cafés et restaurants arrivent en tête. Presque 6 % des salariés de ce secteur seraient employés au noir, si l'on en croit l'enquête des Urssaf. Ils sont suivis de très près par le commerce de détail alimentaire (5,5 % des employés). Viennent ensuite les salons de coiffure et d'esthétique (4,2 %). Parmi les bons élèves, on trouve la banque et l'assurance, le secteur de l'information et de la communication, l'industrie, l'éducation, les services administratifs ou encore la santé et l'action sociale. Tous affichent des taux de travail illégal inférieurs à 1 %. L'Acoss n'a pas pu produire de statistiques fiables concernant le bâtiment et les travaux publics, ni pour la formation, l'échantillon n'étant pas assez large pour ces secteurs.
Les jeunes et les seniors sont les plus concernés. Quelque 8 % des salariés de moins de 18 ans sont payés pour tout ou partie au noir, et plus d'un cinquième (21,4 %) des plus de 60 ans ! L'explication réside très probablement dans les types de contrats de travail privilégiés pour ces tranches d'âge. Les stages, missions d'intérim et CDD sont plus souvent concernés par le travail au noir que les CDI.
L'Île-de-France est la région la plus touchée, avec une fraude concernant plus de 4 % des salariés. La Bretagne et la Normandie arrivent en deuxième position, suivies, mais nettement plus loin, par le Grand Sud (Corse, Paca, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées). Les régions qui ont le moins recours au travail illégal sont le Centre, le Limousin et l'Auvergne.
VINCENT COLLEN
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Écrit par Vincent COLLEN
Journaliste