A Genève, Florence Woerth habitait dans le fief des Bettencourt !

Chalouette est de retour ! Et on la remercie pour ce magnifique spot de la presse genevoise dont parlait Jovanovic. On remarquera le ton tout à fait synthétique de nos amis suisses qui se contentent de relater les faits sans parti pris, au moins c'est clair.

RÉVÉLATIONS | Alors que son mari, Eric Woerth, ministre français du Travail, est de plus en plus empêtré dans l’affaire Bettencourt, les preuves sur les liens de Florence Woerth avec les comptes cachés de l’héritière de L’Oréal se multiplient.

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© PASCAL FRAUTSCHI | C’est dans ce somptueux complexe immobilier genevois que la richissime famille
Bettencourt possédait un, voire deux pied-à-terre. Au numéro 14, on trouve encore une boîte aux lettres
à son nom.


ÉLISABETH ECKERT | 03.09.2010 | 00:01


Entre les bords du lac Léman et la Perle du Lac s’élèvent les résidences de Château-Banquet. Un somptueux ensemble d’immeubles cossus immergés dans la verdure, où les appartements se vendent 1,5 million de francs le 5 pièces et 3,5 millions de francs le 10 pièces. C’est là que, selon plusieurs sources concordantes, résidait l’épouse de l’actuel ministre français du Travail et ancien ministre du Budget, lorsqu’elle venait à Genève pour gérer les affaires de Liliane Bettencourt.

«Florence Woerth vivait ici, à Château-Banquet, se confie un courtier en immobilier. D’ailleurs, si vous désirez un appartement, le sien est toujours vide !»

Selon de nombreux témoignages, la gérante de fortune française, au service de la société financière des Bettencourt, Clymène, y est venue souvent, très souvent. Bien plus en tous les cas que ce qu’affirmait le 4 juillet dernier l’avocat de Florence Woerth, Me Antoine Beauquier, suite aux révélations de 24 heures, affirmant qu’elle était «presque à demeure» dans la Cité de Calvin : «Mme Woerth, disait-il alors, n’a effectué au cours de ces dernières années que deux déplacements à Genève : le 11 janvier et le 29 mai 2008.»

Un pied-à-terre de luxe
L’épouse du ministre résidait-elle directement au 10 Château-Banquet, où les Bettencourt ont acquis un splendide appartement de… dix-neuf pièces de 433 m2, au huitième étage ? Cet appartement était inscrit sous la propriété de la société immobilière En Bergères Vevey SA, domiciliée au 55, rue Nestlé à Vevey. Soit au cœur même de la multinationale vaudoise, actionnaire à hauteur de 29,1 % de L’Oréal !

Le complexe résidentiel genevois était, en tous les cas, un véritable fief des Bettencourt, puisqu’au numéro 14 on trouve encore une boîte aux lettres à leur nom et que l’appartement s’y référant aurait, selon des voisins, été vendu il y a deux ans, juste après la mort du mari de Liliane Bettencourt, André.

Quoi qu’il en soit, il n’y a rien de surprenant à ce que la richissime famille Bettencourt possédât à Chateau-Banquet un, voire deux pied-à-terre. André Bettencourt entretenait, depuis 1943, d’étroits rapports avec Genève, où il a notamment travaillé durant quelque temps pour la filiale suisse de L’Oréal.

De plus, son second meilleur ami – outre François Mitterrand –, François Dalle, a non seulement fini ses jours à Genève, après sa retraite de la direction générale du groupe L’Oréal, mais il y avait aussi déplacé ses comptes bancaires. «La Suisse, nous confie ainsi un avocat de la place, est notoirement connue pour être le havre fiscal des dirigeants de la multinationale des cosmétiques.» Les enregistrements réalisés au domicile de Liliane Bettencourt par son ancien majordome ont ainsi révélé que «le banquier» de l’héritière était un avocat d’affaires genevois, Me M., qui détenait la signature sur les comptes de Liliane Bettencourt et qui compte, parmi ses nombreuses relations d’affaires, l’un des administrateurs de la SI «En Bergère Vevey SA».

Or, quand le patron de Florence Woerth et financier de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, voulait de l’argent, il le faisait venir de Genève, ou de Vevey, par les bons soins de Me M.

Cherche villa d’au moins 50 millions sur La Côte
Autant dire que les déplacements Paris-Genève étaient nombreux. A ce propos, 24 heures a également appris que des émissaires français, liés à Patrice de Maistre, se sont rendus en juillet dernier auprès de la banque dépositaire des deux comptes non déclarés de Liliane Bettencourt, une banque privée de la place.

Dans ses salons privés, il y aurait été question d’un achat immobilier «d’au moins 50 millions de francs» entre Genève et Lausanne, grâce aux quelque 70 millions de francs que la banque privée gardait dans sa filiale de Vevey. Le but probable : faire disparaître ce compte compromettant (dont l’identité de l’ayant droit doit être connue), via une société, anonyme, elle, dans l’acquisition d’une belle propriété sur le Léman, où les objets de prestige ne manquent pas.

A Genève, on le sait aujourd’hui, la famille Bettencourt avait donc bien plus que ces deux comptes bancaires non déclarés, sur lesquels Patrice de Maistre a voulu retirer 300 000 francs pour s’acheter un beau voilier en Méditerranée. L’héritière de L’Oréal y détient également un compte à UBS, de quelque 230 millions de francs, et un autre au Credit Suisse, d’environ 150 millions de francs, qui proviennent de ses dividendes de L’Oréal.

Cette visite estivale des émissaires de de Maistre dans les salons de la banque privée genevoise prouve l’urgence qu’il y a pour l’entourage de l’héritière à nettoyer toutes traces d’évasion fiscale en Suisse, considérée en France comme une fraude grave. Délit qu’Eric Woerth, lorsqu’il était au Budget, avait explicitement désigné comme sa principale croisade. Aujourd’hui, c’est lui qui se retrouve au cœur d’une tempête qui pourrait bien lui coûter sa tête (lire ci-dessous).

Un ministre qui cumule les affaires

Le nom d’Eric Woerth est cité dans le contexte de trois autres polémiques.

Succession Wildenstein
La veuve du grand marchand d’art français Daniel Wildenstein engage un conflit contre les deux fils que le collectionneur avait eu d’un précédent mariage. L’un d’entre eux est un gros contributeur de l’UMP, dont Woerth a été le trésorier jusqu’en juillet dernier. Mme Wildenstein s’estime frustrée de sa part d’héritage. L’essentiel de cette fortune, près de 4 milliards d’euros, a été placé dans des trusts off shore. La justice française a estimé que ce procédé relevait de la «tradition familiale». Mme Wildenstein a dénoncé cette supposée évasion fiscale auprès d’Eric Woerth, alors ministre du Budget, à trois reprises. Elle n’a pas reçu de réponse.

Conseiller encombrant
Cadre supérieur à la société d’investissement Athéma, Eric de Sérigny est aussi conseiller d’Eric Woerth. «A titre bénévole», précise-t-il. Fin 2009, Woerth avait autorisé le licenciement des représentants syndicaux de l’usine Molex, contre l’avis de l’Inspection du Travail. Or Athéma collaborait avec la direction de Molex sur ce dossier. Ni le ministre ni le conseiller de Sérigny n’y ont vu matière à conflit d’intérêts.

Forêt compiégnoise
En 2008, Eric Woerth autorise la vente de 58 hectares de la forêt de Compiègne — qui fait partie du domaine privé de l’Etat — à la Société des Courses de Compiègne. Le Canard Enchaîné souligne la modestie du prix : 2,5 millions d’euros. Et note que le président de cette société des courses fait partie des dirigeants de France Galop, association dont est membre l’épouse du ministre, Florence Woerth.

J.-N. C.

Patrice de Maistre décoré : l’aveu laborieux du ministre du Travail Eric Woerth

Enfin ! Le ministre Eric Woerth a laborieusement reconnu avoir joué un rôle dans l’obtention de la Légion d’honneur de Patrice de Maistre, conseiller financier de Mme Liliane Bettencourt. Hier à Paris, devant l’Association des journalistes économiques et financiers, le ministre a lâché, à propos de la lettre qu’il a rédigée en 2007 pour appuyer la candidature du conseiller de la troisième fortune de France : «J’ai fait comme de multiples députés, c’est d’une grande banalité. Je n’ai jamais dit que cette lettre n’a pas existé.» Et le ministre de souligner qu’il n’avait pas menti.

Malheureusement pour la cause de Woerth, les faits sont têtus. Mardi dernier encore, le ministre niait son implication dans cette décoration, à l’occasion d’une réunion de jeunes militants du parti sarkozyste UMP dans les Yvelines, près de Paris.

Eric Woerth est donc acculé à la démission. Quittera-t-il maintenant le gouvernement ? En tout cas, les socialistes, jusqu’alors fort discrets, tirent désormais à boulets rouges sur ce ministre du Travail qui se trouve au plus mal pour défendre la réforme des retraites. Malgré les dénégations gouvernementales, on sait aujourd’hui que les relations entre le conseiller de Mme Bettencourt mère et l’alors ministre du Budget et trésorier de l’UMP ont été suivies, comme le démontre ce résumé :

29 septembre 2006
Patrice de Maistre fait allusion à une réunion avec Eric Woerth, en tant que trésorier de la campagne présidentielle de Sarkozy, dans une note adressée à feu André Bettencourt, mari de la propriétaire de L’Oréal.

19 janvier et 7 février 2007
Woerth et de Maistre se rencontrent dans un café. A la même époque, l’ancienne comptable de Mme Bettencourt remet 140 000 euros au mari de cette dernière. Afin de financer l’UMP bien au-delà des montants autorisés ? Le ministre Woerth le conteste farouchement. Durant ces entretiens, Patrice de Maistre indique que Woerth lui a demandé de recevoir sa femme, Florence, afin de la conseiller sur sa carrière.

12 mars 2007
Le député Eric Woerth propose que la Légion d’honneur soit attribuée à Patrice de Maistre dans une lettre envoyée au ministre de l’Intérieur et candidat à la présidentielle, Nicolas Sarkozy.

12 et 20 septembre 2007
Devenu ministre du Budget, Eric Woerth déjeune avec Patrice de Maistre, pour évoquer un dossier fiscal concernant un collaborateur de M. de Maistre.

12 novembre 2007
Florence Woerth, épouse du ministre, est embauchée par Patrice de Maistre dans la société Clymène qui gère une partie des biens de Mme Liliane Bettencourt. Dans une conversation captée par le majordome de Mme Bettencourt mère, de Maistre affirme qu’il l’a engagée «à la demande de son mari», ce qu’il contestera par la suite. Florence Woerth démissionnera de la société Clymène en juin dernier sous la pression de la polémique.

23 janvier 2008
Eric Woerth remet la Légion d’honneur à Patrice de Maistre.

JEAN-NOËL CUÉNOD PARIS


Source :
24Heures.ch

 


 

 


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