
Pour les Russes, la bataille de Stalingrad et la prise de Berlin ont compté davantage dans la victoire contre le nazisme que le débarquement.
Le débarquement en Normandie? «Je n'ai jamais entendu parler de ça», s'étonne Oxana, une piétonne quadragénaire un peu pressée, croisée dans le quartier de la gare moscovite de Kazan. À l'image de tout un pays persuadé que lui seul a «vaincu le fascisme», l'homme de la rue moscovite ignore superbement le D-Day, tant célébré dans l'Hexagone. «On n'a pas trop de souvenirs de ces événements. J'ai effectivement entendu dire que les Américains nous ont aidé durant cette guerre, mais ça n'a pas dû jouer un grand rôle, car au final c'est l'URSS qui a gagné», affirment Maxime et Oleg, tous deux techniciens de montage électrique, originaires de la Volga.
Jeudi, les télévisions russes ont consacré une large part à la commémoration, sans s'attarder sur le jour J lui-même. La présence en France de Vladimir Poutine ne fait pas oublier à l'opinion publique que la Russie «a joué un rôle important, si ce n'est décisif dans la victoire», comme l'a rappelé le chef du Kremlin dans son interview à TF1. «Pour les Russes, seules la bataille de Stalingrad et la prise de Berlin ont compté. Toute notre historiographie, notre production littéraire et cinématographique est basée sur ces deux événements. Très peu d'historiens russes travaillent sur le débarquement et, le cas échéant, leurs travaux restent confidentiels», rappelle Boris Belinkin, historien de l'association Mémorial, spécialisée dans l'instruction des crimes du stalinisme. Étape décisive dans le conflit, la bataille de Stalingrad a été remportée par l'Armée rouge dès le 2 février 1943, avant que celle-ci ne s'empare du Reichstag, le 1er mai 1945.
Rhétorique antiaméricaine
En comparaison, l'ouverture du front ouest, symbolisée par la bataille de Normandie, est ravalée par les manuels d'histoire au rang d'épiphénomène. Selon l'historiographie officielle, la décision - tardive - des Alliés était mue par leur seule obsession de contrer l'expansionnisme soviétique à l'Est. «Craignant l'influence de l'URSS, les cercles dirigeants américains et anglais ne pouvaient plus se permettre de retarder l'ouverture d'un second front», étudient les collégiens de 15 ans. Selon les mêmes sources, la réussite de l'opération Overlord est due en grande partie à l'Armée rouge qui, en infligeant à l'ennemi de lourdes pertes à l'Est, a empêché les Allemands de redéployer leurs unités en Normandie. «Les Alliés sont arrivés en France au moment où nous avions déjà battu les Allemands. Comme on dit chez nous: le dernier à se mêler d'une bagarre ment toujours plus que les autres», explique Vladimir, un ancien tourneur de 77 ans. Âgé de 7 ans en juin 44, ce dernier accuse «l'Occident» de falsifier l'histoire en exagérant le rôle des Alliés lors du conflit. Comme si celui-ci devait être vu à la lumière d'une éternelle guerre froide. «La rhétorique antiaméricaine continue à influencer notre vision de l'histoire, et nos représentations en restent à l'époque de Staline et Brejnev», regrette Boris Belinkin, de l'association Mémorial.
Source : Le Figaro.fr
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A la fin, les blancs se font égorgés en pleine rue sans réaction mais quand un youpin se prend une baffe des milliers de flics sont déployés devant les synagogues dans l'heure suivante.
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