L’illusion démocratique...

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Mon Dieu quand est ce que les Français(es) vont enfin comprendre ? Jamais ????, 200 ans que ça dure...

La France démocratique est un mythe, un mensonge qui permet de légitimer ce qui est illégitime : La confiscation du pouvoir par une minorité de privilégiés aux dépens de la majorité.

La démocratie est un système idéal pour un peuple idéal, gouverné par une élite idéale. Vous l’avez compris, la démocratie n’appartient pas à notre monde, mais à celui des idées.

L’article 2 de la Constitution française de 1958, stipule :

« Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. »

Des mots que pourrait prononcer un politicien en verve durant une campagne électorale.

Vite dit et vite oublié. Le nombre et la complexité des décisions à prendre chaque jour pour gouverner la nation, rendent impossible l’information, les débats contradictoires et la consultation permanente du peuple qui n’en demande pas tant.

Le peuple élit donc ses représentants et c’est là que ça se gâte.

Le gouvernement par et pour le peuple ?

Qu’est-ce que le peuple ? Le peuple est un concept abstrait, bien utile lorsqu’il s’agit de gouverner en son nom.

Qui peut légitimement se lever et proclamer : « Moi, le peuple ! » ? Seuls les hommes politiques osent le faire. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Dans le monde réel, la société est hiérarchisée. Pour paraphraser Raffarin, il y a le peuple du haut et celui du bas.

Ceux du haut, environ 12% de la population, sont représentés par 90 % des élus de l’Assemblée nationale et 88% de la population, par 10% des élus.

Le gouvernement par le peuple n’est qu’un mythe, un mensonge qui permet de légitimer ce qui est illégitime, la confiscation du pouvoir d’une minorité de privilégiés, aux dépens de la majorité.

Les partis politiques.

Les partis politiques sont les instruments efficaces de cette domination. L’histoire récente pose la question de leur fonctionnement démocratique et de la légitimité des chefs.

Pour la désignation des chefs de partis, la règle est qu’il n’y en a pas.

Les partis revendiquent leur indépendance de fonctionnement alors qu’ils sont largement financés par l’argent public et qu’ils participent de façon déterminante à la vie politique en favorisant l’émergence des personnalités qui gouverneront la France et les Français.

Est-il admissible, politiquement et moralement, que le Président de la république, le Premier ministre, les ministres et toutes les personnalités occupant les plus hautes fonctions, soient sélectionnés par des petits comités par des processus opaques propices aux manœuvres et aux marchandages les plus sordides ?

Puisque les partis politiques ont accaparé le monopole de la sélection des candidats aux plus hautes responsabilités, il est légitime que la loi organise leur fonctionnement démocratique et veille à son respect.

D’autant que les résultats sont loin de faire apparaître une compétence, une moralité et un sens de l’intérêt général à la hauteur de leurs prétentions et de scandaleux privilèges.

Comme il est vain d’espérer qu’une élection transforme comme par miracle, un bourrin en cheval de course, le minimum serait d’exiger des candidats des pré-requis vérifiables, comme pour n’importe quel poste de dirigeant dans le privé.

Les électeurs sont manipulés.

Mais pour être Président, il y a un préalable, remporter les élections. La démagogie étant partagée par tous les candidats, celui qui l’emportera sera celui qui aura la meilleure image, comme n’importe quel produit de consommation grand public.

Des professionnels de la communication se chargeront de fabriquer une histoire qui bercera d’illusions les électeurs-cibles. Reste à servir la soupe.

C’est là qu’interviennent les riches actionnaires de multinationales dont les chiffres d’affaires dépendent des commandes publiques, et donc de leur proximité avec le pouvoir. Les plus malins ont pris le contrôle des médias TV grands publics afin de peser de tout leur poids dans la promotion de leur poulain qui ne pourra manquer de leur marquer sa reconnaissance. Pour être certains de gagner, ils favoriseront les favoris des sondages aidés en cela par une loi récente sur, ne riez pas, l’équité fondée en partie sur les sondages d’opinion.

Plus vous passez à la télévision, plus les sondages sont favorables, plus vous passez à la télé… C’est la différence entre l’équité et l’égalité.

L’électeur-cible, ce sont ces 10% d’indécis, sous éduqués, sous politisés, les « sans-dents » comme on dit maintenant, d’où la forte présence du football et les nombreux résultats sportifs, censés retenir leur attention. Il est manifeste que la façon dont sont traités les candidats à la télévision, influence le vote des électeurs-cibles et par conséquent le résultat des élections.

Le résultat de ces magouilles est que les élus qui représentent les 10% de la population la plus aisée, sont élus grâce aux votes des 10% les moins éduqués. On comprend mieux les postures théâtrales, les flatteries sans nuances et les petites phrases destinées à exacerber les frustrations et les préjugés de ces populations délaissées le reste du temps.

Nous sommes loin de l’information loyale du citoyen qu’exige l’idéal démocratique.
 
Le Président de la république.

Enfin élu, le chef de parti devenu Président de la république reproduira dans ses nouvelles fonctions, la stratégie qui lui a si bien réussi pour accéder à ce poste. Appliquant les recettes du clientélisme, il placera ses hommes liges aux postes stratégiques, récompensera ses soutiens en leur offrant des postes prestigieux et rémunérateurs.

Fort de son impunité constitutionnelle, de son pouvoir quasiment absolu, renforcé par son pouvoir de nomination et de limogeage, il ordonnera et on lui obéira.

Le pouvoir législatif est contrôlé.

Le Président de la République continuera à maintenir son autorité sur ses troupes en contrôlant personnellement les investitures nationales et régionales. Une arme décisive contre les députés qui seraient tentés de voter en leur âme et conscience, contre le gouvernement.
 
Le secrétaire d’état chargé des relations avec le parlement joue un rôle central dans l’élaboration de l’ordre du jour du Parlement. Il a pour mission annexe de veiller à la fidélité et à la discipline des élus de la majorité présidentielle.

Le fameux article 49.3 de la Constitution donne un moyen de chantage au Président de la République, sur les députés de sa majorité. C’est, soit vous vous soumettez à mon autorité, soit je vous démets.

« Dans une démocratie, on peut débattre. » Lance un Premier ministre cynique, aux députés médusés, quelques jours après avoir refusé de débattre sur la loi Travail au moyen du 49.3.

Il a raison, en démocratie, on peut débattre, pas sous la 5ème république.

Le pouvoir judiciaire ne fait pas exception.

Le pouvoir judiciaire n’échappe pas non plus à l’autorité du Président de la république puisque c’est lui qui nomme les hauts magistrats par décret, suivant ou non, l’avis du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Le judiciaire est le plus maltraité des pouvoirs. Les deux autres s’entendent pour restreindre son activité en réduisant ses crédits a minima. La magistrature est pourtant complaisante, voire laxiste à l’égard des hommes politiques. Les affaires traînent pendant des années et les peines prononcées, quand il y en a, sont souvent avec sursis. L’inéligibilité est de 5 ans maximum dans le cas d'un délit et de dix ans dans le cas d'un crime.

Les peines devraient être exemplaires et dissuasives, c’est tout le contraire. Cela donne un sentiment d’impunité aux élus, ce qui expliquerait pourquoi les affaires les impliquant sont si nombreuses.

La France est 37ème sur 45 pays européens en matière de budget pour la Justice, avec 61,2 euros par habitant et par an, l’Allemagne (114 euros), la Grande Bretagne (96 euros), la Belgique (89 euros), l’Italie (77 euros).

Sous la 5ème république, tous les pouvoirs sont entre les mains d’un seul homme, le Président de la république qui en use et en abuse parfois au-delà de toutes mesures. C’est ce qui rend cette situation anormale si dangereuse.

Article 15 : Le Président de la République est le chef des armées.
Article 67 : Le Président de la République n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité.

La loi organique de 2014 organisant la destitution du Président de la république est si tatillonne, qu’il faudrait plusieurs semaines pour simplement lui reprendre la boite déclenchant le feu nucléaire.

Cette tragique réalité est systématiquement niée par les hommes et les commentateurs politiques qui influencent l’opinion. Le sujet est tabou.

Le gouvernement du peuple.

Les seuls moyens pour le peuple d’exprimer sa volonté sont le référendum et la révolte.

Des dispositifs existent qui permettraient, d’ors et déjà, d’inclure les citoyens dans les processus de décision mais, sous la 5ème république, le pouvoir ne se partage pas.

Si les référendums se font rares, c’est qu’ils sont de la seule initiative du pouvoir.

Le résultat sans appel du dernier, le 29 mai 2005, a profondément déplu à l’oligarchie qui a dégainé sa réponse habituelle. « Le peuple n’a pas répondu à la question qui lui était posée. »

L’illustration du dicton populaire : « Quand on veut abattre son chien, on prétend qu’il a la rage. »

Par son coup de force du 4 février 2008, le Président de la république, garant du respect des institutions, a dévoyé la Constitution qui stipule dans son article 11 :

"Lorsque la proposition de loi n'est pas adoptée par le peuple français, aucune nouvelle proposition de référendum portant sur le même sujet ne peut être présentée avant l'expiration d'un délai de deux ans suivant la date du scrutin."

Cet article ne prévoit pas que les parlementaires convoqués en congrès par le Président de la république puissent se substituer au peuple. C’est pourtant ce qui s’est passé, le 4 février 2008, à Versailles, symbole historique de la répression étatique.

Un régime dans lequel le pouvoir d’un homme l’emporte sur la volonté du peuple, ne peut pas être qualifié de démocratique.  

Dans sa récente intervention, la ministre Vallaud Belkacem préfère insister sur la facette « petit père du peuple » du Président de la République.

Hollande est décrit comme un père qui déciderait ce qu’il estime être le mieux pour ses enfants. Des enfants récalcitrants, voire chahuteurs, mais qui devront in fine se soumettre à son autorité. Le peuple est un mineur incapable placé sous tutelle.

On ne sait plus si c’est de la condescendance ou du mépris, probablement les deux.

Gouverner contre le peuple.

La seule vraie contrainte du Président de la république est d’éviter la révolte du peuple. L’histoire montre que toutes les révolutions commencent par des manifestations populaires. Notre suzerain garde en mémoire l’image de la tête de Louis Capet, tombant de la guillotine devant une foule en liesse. Ou comment la sagesse vient aux puissants.

Peu importe les protestations dans des feuilles de chou que personne ne lit, les débats tumultueux à l’Assemblée nationale, les pétitions incendiaires qui circulent sur l’Internet et les sondages, ce ne sont que des bruits, des frustrations qui s’expriment, des minorités qui s’agitent.

Ce qui compte réellement, c’est le nombre et la puissance des manifestations de rues et le soutien de l’opinion au mouvement de contestation du pouvoir.

Lorsqu’il devra respecter les traités internationaux, rédigés en anglais dans un langage volontairement abscons, secrètement discutés et ratifiés sans l’accord explicite du peuple, il provoquera inévitablement des protestations populaires.

L’exemple type est celui de la loi Travail que le Président de la république veut imposer au peuple. Cette loi a pour but de faire baisser drastiquement le coût du travail dans les entreprises sans que le gouvernement ne soit tenu pour responsable. Elle donne au chef d’entreprise son 49.3. Les salariés devront se soumettre ou ils seront démis.

C’est à la façon de gérer une révolte qu’un Président de la république révèle sa véritable nature. Le sage agira avec mesure, négociera et si la situation empire, reculera. Le fou restera droit dans ses bottes, avec cette fière devise : « Ou ça passe ou ça casse ! » Et si ça cassait ?

Une illusion démocratique à maintenir à tout prix.

Le coup de Versailles de 2008 a officialisé la nature dictatoriale du Président de la République.

« Une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes, exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limitent. La dictature est donc synonyme de régime autoritaire. »

Tous les cinq ans, un dictateur, issus d’un processus opaque et partisan, basé sur le clientélisme, se fait plébisciter.

La doxa impose l’idée d’une DEMOCRATIE REPRESENTATIVE. C’est une imposture fondée sur des abus de pouvoir et le clientélisme.

Le maintien à tout prix de L’ILLUSION DEMOCRATIQUE est un impératif pour permettre à une minorité de rejeter les exigences de justice sociale et d’avancées démocratiques exprimées par la grande majorité du peuple.

Ceux qui se révoltent sont présentés comme « une minorité égoïste, radicalisée, qui ne représente rien, ni personne. ».

C’est sans doute Henri Ford qui décrit le mieux la démocratie représentative :

« Le client peut choisir la couleur de sa voiture, pourvu que ce soit noir ».

Ne votez plus pour vos ennemis.

Daniel ROUX – 31 mai 2016

Autre article de l’auteur sur le même thème :

Attention à la dernière marche.

Le boulet.

 

Source : Agoravox.fr

Informations complémentaires :

 


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