La mobilisation sur les retraites n'ébranle pas le gouvernement

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La mobilisation ne semble pas effrayer le chef de l'état...

PARIS (Reuters) - Un million de personnes ont manifesté jeudi en France contre la fin de la retraite à 60 ans, selon les syndicats, qui menacent d'un mouvement de plus grande ampleur si le gouvernement campe sur ses positions.

Mais le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a estimé que la mobilisation avait été "faible", ce qui conforte l'exécutif dans sa détermination à mener cette réforme à bien.

Le ministère de l'Intérieur fait état pour sa part de 395.000 manifestants pour toute la France, soit à peine plus que le 23 mars (380.000).

L'intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, Unsa et FSU), qui avait pour objectif de dépasser la mobilisation du 23 mars dernier, estime avoir réussi son test en dépassant largement le nombre de 800.000 manifestants d'il y a deux mois.

"Cette journée était importante et elle est réussie", a déclaré dans le cortège parisien le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, soulignant que les organisations avaient "besoin de cette séquence" pour repartir de l'avant.

Les défilés sont toutefois restés loin de ceux qui avaient accompagné les réformes des retraites de 1995 et 2003 et réuni jusqu'à deux millions de personnes, selon les syndicats.

Le gouvernement peut également se rassurer en constatant le faible taux de participation aux grèves, comme dans les écoles ou les transports, selon les estimations ministérielles.

"On a très clairement une journée de mobilisation faiblement suivie", a souligné Luc Chatel sur France Info en précisant que le gouvernement avait entendu ces manifestants mais que son rôle était de "prendre ses responsabilités (pour) sauver le système par répartition et donc aller au bout de cette réforme".

Le ministre du Travail, Eric Woerth, a estimé que le caractère limité de la mobilisation, en particulier dans la fonction publique, montrait que le projet du gouvernement commençait à être mieux compris de l'opinion.

"Je ne dirais pas que c'est accepté, je me garderais bien de dire ça. Je dis simplement que nous progressons dans la compréhension", a-t-il dit sur i>Télé.

Les syndicats misaient sur la confirmation par le ministre du Travail, Eric Woerth, du report de l'âge légal de départ à la retraite au-delà de 60 ans pour remobiliser les salariés, qui leur ont fait faux bond lors des défilés du 1er Mai.

"UNE MANIFESTATION NE SUFFIRA PAS"

Ils s'appuient également sur les sondages. Une majorité de Français (62%) se disent "prêts à manifester" pour défendre le maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans, selon un sondage CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France.

"A ce stade, il n'y a plus que le rapport de force dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans et les acquis sociaux auxquels Nicolas Sarkozy s'attaque méthodiquement", a répété Bernard Thibault.

C'est la raison pour laquelle d'autres journées de mobilisation devraient suivre d'ici l'été, ont dit les leaders syndicaux, qui en débattront la semaine prochaine.

"Si le gouvernement persiste, nous prendrons d'autres initiatives", a dit Bernard Thibault, faisant écho à François Chérèque pour qui "ce n'est pas une manifestation qui suffira".

La mobilisation pourrait être amoindrie à terme par le fait que les régimes spéciaux de retraite, déjà réformés en 2007, ne seront pas touchés dans un premier temps.

Cette décision du gouvernement, relayée par la direction de l'entreprise publique auprès de ses agents, explique sans doute la faiblesse du mouvement de grève à la SNCF, qui est traditionnellement l'un des leviers sur lesquels comptent les syndicats dans leur bras de fer avec le pouvoir exécutif.

TRANSPORTS PEU PERTURBÉS

Les leaders de gauche, très mobilisés eux aussi contre le projet du gouvernement, se sont tous donné rendez-vous dans la rue, de Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, à Paris, au premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, à Lille, ville dont elle est maire.

Dans son contre-projet de réforme, le PS prône le maintien de l'âge légal à 60 ans, acte l'allongement de la durée de cotisation à l'horizon 2020 et veut taxer lourdement les revenus du capital pour financer les régimes de retraite.

Lors des premiers défilés dans la matinée, la mobilisation était égale ou supérieure à celle du 23 mars, avec 12.000 à 20.000 manifestants à Rouen (contre 10.000 à 15.000) ou 4.900 à Nice, selon la police, contre 4.200 le mois dernier.

La manifestation parisienne est restée relativement modeste, la CGT revendiquant 90.000 manifestants alors que la préfecture de police annoncé un nombre de 22.000.

A Marseille, 80.000 personnes ont manifesté selon les syndicats, 12.000 selon la police.

A Bordeaux, environ 6.500 personnes selon la police, 40.000 selon la CGT, ont défilé dans les rues. A Toulouse, près de 10.000 personnes selon la police, plus de 30.000 selon les organisateurs, ont défilé.

Dans l'Education nationale, le taux de grévistes était jeudi de 16% dans le primaire et de 12,3% dans le second degré, a annoncé le ministère dans un communiqué. Pour toute la fonction publique, le taux était de 13,8%.

Les transports ont été peu perturbés. Compte tenu des préavis de grève dans le secteur aérien, les compagnies aériennes ont dû réduire leur trafic dans la matinée de 30% à l'aéroport d'Orly et 10% à celui de Roissy.

Clément Guillou et Gérard Bon, édité par Yves Clarisse
 

Source: Reuters

 

Informations complémentaires :

Le Monde.fr : Retraites : une mobilisation syndicale en demi-teinte
Les Echos.fr :
Retraites : les mobilisations limitées confortent l'exécutif, les syndicats gardent espoir
Le NouvelObs :
Retraites: des dizaines de milliers de manifestants pour défendre les 60 ans


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