Macron préconise l’austérité, le tout sécuritaire et le militarisme aux élections françaises

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Emmanuel Macron, celui qui en parle le mieux, c'est François Asselineau...

Samedi dernier à Lyon, le candidat à la présidence française Emmanuel Macron du mouvement « En marche ! » a exposé les grandes lignes de son programme, qu’il dévoilera à la fin février. Il propose une austérité rigoureuse, le démantèlement du système de sécurité sociale, des mesures draconiennes relevant d’un État policier et une collaboration étroite avec l’Allemagne sur les mesures visant à militariser davantage l’Union européenne.

Se présentant comme « ni de gauche ni de droite » et prétendant que la politique n’est désormais qu’une bataille entre progressistes et conservateurs, il a demandé : « Je ne dis pas que la droite et la gauche ça n’existe plus. Mais dans les moments historiques, ces clivages sont-ils indépassables ? »

En essayant de convaincre les électeurs à la fois de droite et du Parti socialiste (PS), Macron a fait l’éloge des anciens présidents français de toutes les couleurs politiques : « Pour s’émouvoir au discours sur l’Europe de François Mitterrand quelques semaines avant sa mort, fallait-il être de gauche ? Pour éprouver de la fierté lors du discours de Jacques Chirac au Vel d’Hiv, fallait-il être de droite ? Non ! Il fallait être Français. » Il a également cité Philippe Séguin, le mentor du candidat de droite des Républicains (LR) à la présidentielle, François Fillon.

Après avoir occupé des postes clés, y compris celui de conseiller principal du président PS, François Hollande, puis été ministre de l’Économie, où il a aidé à concevoir la dérégulation de l’économie au travers du Pacte de Responsabilité, Macron a quitté le gouvernement l’été dernier. Il a formé « En marche ! », son mouvement électoral, en novembre. Tout en faisant des appels nationalistes qui s’adressent au mécontentement chez les jeunes, les travailleurs et les gens de la classe moyenne désabusés par les partis au pouvoir traditionnels, PS et LR, il parle sans détour au nom des grandes entreprises. S’il devait gagner l’élection, il assurerait la continuité des politiques des gouvernements du PS et LR.

La campagne présidentielle française est dominée par l’escalade des conflits entre les grandes puissances et la crise profonde du capitalisme européen et mondial. Après le vote du Brexit et l’élection de Trump, les tensions explosent au sein de l’alliance transatlantique, alors que Trump attaque l’UE et soutient le Front national (FN) en France et des forces néo-fascistes similaires à travers l’Europe. Le nationalisme économique de Trump, son hostilité manifeste à la puissance économique allemande et ses menaces de guerre contre la Chine et le Moyen-Orient poussent tous les dirigeants européens à reconsidérer leurs alliances.

Alors que le conflit États-Unis-UE s’intensifie, Macron a proposé à Lyon de renforcer les liens avec l’Allemagne. Critiquant les politiques anti-immigrants de Trump, il a dit : « Il n’y aura pas de murs dans mon programme. »

À Lyon, Macron a appelé à une augmentation des dépenses de défense de 1,6 à 2 % du produit intérieur brut (PIB) de la France, soit une augmentation de 9 milliards d’euros par an. « Je veux une Défense plus européenne, et des partenariats entre la France et l’Allemagne », a-t-il dit.

Il a ajouté : « Si les temps sont graves, c’est parce que le contexte international l’est lui-même. » Il a mis dans la catégorie des puissances nouvelles et autoritaires la Russie, l’Iran, la Turquie et l’Arabie saoudite, déclarant : « Il nous faut dans ce contexte tenir notre rang, savoir quelle est notre histoire et le fil de celle-ci. »

Macron vise à placer le fardeau de l’augmentation des dépenses militaires et de la préparation de la guerre entièrement sur le dos de la classe ouvrière. Il propose de réduire les coûts de la main-d’œuvre, les dépenses sociales et les réglementations des activités commerciales, prétendant que cela simplifiera la création d’entreprises et stimulera l’économie française.

Macron veut une loi Travail encore plus sévère que celle que Hollande a fait passer en force à l’Assemblée nationale l’année dernière, face aux manifestations de masse et une opposition populaire écrasante. Il a l’intention d’imposer des réductions drastiques dans les contributions aux charges sociales que paient les employeurs afin de créer une situation en France où les travailleurs n’auront aucune protection sociale ou de santé.

Il a dit : « Je veux un travail moins cher, avec un allègement des charges patronales jusqu’à 2,5 SMIC et un allègement de charges de 10 points au niveau du SMIC. »

Macron essaie de justifier cette politique en affirmant que cela renforcera le pouvoir d’achat des travailleurs. Ses mesures ne feront qu’obliger les travailleurs à souscrire à une mutuelle d’assurance-maladie privée, cependant, et laisser les travailleurs licenciés avec des allocations de chômage encore plus diminuées. « Pour libérer le travail, je veux qu’il paie mieux. Nous devrons financer différemment la maladie et le chômage et alléger les cotisations payées par les salariés. Et tout le monde gagnera en pouvoir d’achat. »

Macron propose également quelques mesures symboliques pour couvrir son programme de droite, se faisant passer pour un ami de l’éducation. Il a affirmé vouloir augmenter les salaires des enseignants, en particulier ceux qui travaillent dans des zones « prioritaires » défavorisées. « Je veux que dans nos écoles, nous puissions diviser par deux le nombre d’élèves par classe. En CP et en CE1, dans toutes les zones d’éducation prioritaire, je paierai beaucoup mieux les enseignants qui iront y travailler. Ils auront plus d’autonomie pour conduire leurs projets. »

Il s’est engagé à donner à chaque jeune 500 euros quand il atteindra la majorité légale, comme un « passe de jeune » à dépenser sur des activités culturelles.

Dans la mesure où tout le programme de Macron vise à sabrer dans les dépenses sociales et les droits des travailleurs, ses propositions de distribuer quelques aumônes et des augmentations de salaires réservées à quelques catégories choisies de travailleurs, ainsi que sa pose de préoccupation pour l’éducation et le développement de la jeunesse sont une farce réactionnaire.

Conscient que son programme n’est pas différent et pas plus populaire que les politiques qu’il a aidé à formuler sous Hollande, qui est devenu le président le plus impopulaire dans l’histoire de la France, Macron propose également des mesures du tout sécuritaire accordant des pouvoirs extraordinaires à la police et les services de renseignement. Il a promis de recruter 10.000 policiers au cours des cinq prochaines années, ajoutant : « Nous réorganiserons nos forces de renseignement, pour un renseignement territorial plus efficace et présent. Nous recréerons une police de sécurité quotidienne. »

La candidature de Macron occupe le devant de la scène en particulier depuis que Fillon, le candidat des LR, a été mis en difficulté par les accusations selon lesquelles il a fourni des emplois fictifs rémunérés pour près d’un million d’euros d’argent public à sa femme Pénélope. Selon les derniers sondages, Macron éliminerait Fillon au premier tour du vote le 23 avril, et se trouverait en face de la dirigeante du Front national fasciste, Marine Le Pen, au second tour le 7 mai. Il est donc actuellement le favori pour devenir le prochain président de la France.

Macron a exprimé son inquiétude à propos de ce scandale, craignant qu’il aliène davantage des masses d’électeurs de LR et du PS et qu’il stimule le soutien au FN d’extrême-droite qui se prétend « anti-système ».

Il a averti que dans « Un moment où les scandales, chaque jour, dévoilent les pratiques d’un autre âge. Soyez graves dans ces moments, parce que ce qui se passe dans notre vie politique et médiatique n’est bon pour personne. Parce que notre combat c’est de tout faire pour que ce qui se passe ne bénéficie pas au parti du Front National. […] Parce que, aujourd’hui, ce qui s’installe dans notre pays, c’est une lèpre démocratique, c’est la défiance. »

La posture de Macron en meilleur adversaire de la montée du FN est une fraude politique. Sa campagne elle-même intensifie les sentiments dont le FN se nourrit, dans la mesure où Macron a publiquement rencontré et félicité des personnalités nationalistes d’extrême droite telles que Philippe de Villiers.

Source(s) : Wsws.org via Planetes360.fr

 

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