Airbnb accusée de faciliter l'évasion fiscale avec une carte bancaire prépayée

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Airbnb Carte 01 12 2017

« Carte Airbnb : l'évasion fiscale en quelques clics ». Franceinfo a révélé ce matin que la plateforme Airbnb propose aux loueurs de logements de percevoir leurs loyers sur une carte bancaire prépayée. Une méthode certes opaque, mais qui ne dispense pas pour autant de déclarer ses revenus au fisc.

Airbnb a passé en 2014 un accord avec Payoneer, une société américaine émettrice de cartes de paiement rechargeables. Cet accord permet à la plateforme de location de fournir à ses utilisateurs des cartes à ses couleurs, sur lesquels ils peuvent recevoir leurs paiements, plutôt que de les verser sur leur compte courant. Payoneer a basé ses activités européennes à Gibraltar d'où elle émet ses cartes, utilisables dans toute l'Union. 

Une carte pour dissimuler des fonds

Problème, ces cartes ne sont pas rattachées à un compte bancaire à proprement parler, explique Eric Vernier, un expert en fiscalité interrogé par nos confrères de Franceinfo. « Elles échappent aux accords sur l'échange d'information bancaires (que Gibraltar a signé avec la France), et restent très pratiques pour ceux qui veulent éviter que l’on sache qu’ils ont de l’argent ailleurs que dans leur pays de résidence », note-t-il. 

Pour dépenser les fonds, les loueurs n'ont qu'à aller dans n'importe quel magasin acceptant les paiements via MasterCard, ou se rendre dans le distributeur de billets le plus proche, les plafonds de retraits étant assez larges sur ce type de produit : jusqu'à 1800 euros par jour. L'ouverture du compte est quant à elle relativement simple, puisque Payoneer ne réclame qu'un numéro de passeport, mais aucune copie de pièce d'identité. Airbnb ne contrôle pas non plus l'identité de ses hébergeurs.

Ce montage, loin de la complexité des Panama Papers, reste néanmoins relativement efficace, puisque les flux monétaires de ces cartes sont théoriquement invisibles aux yeux du fisc français. Nos confrères ont ainsi pu accéder aux détails d'un compte louant un grand appartement dans le centre de Paris, qui génère environ 80.000 euros de revenus par an, intégralement versés sur une carte Payoneer. 

Évasion ou pas ?

Airbnb se défend de toute manipulation en précisant qu'elle « rappelle [aux loueurs] la nécessité de s'informer des réglementations fiscales applicables, et de s'y conformer ». En effet, la loi n'interdit pas d'avoir un compte à l'étranger, tant que les actifs qui y sont placés sont déclarés, ce qui reste obligatoire. L'outil facilite certes la dissimulation des fonds, mais le problème ne vient-il pas aussi des hébergeurs qui fraudent en ne déclarant pas ces revenus ? Peut-on voir dans la mise à disposition d'un moyen de paiement « une incitation à frauder » ? 

Le fisc pourrait également mettre assez facilement le nez dans cette affaire, si on lui fournit les outils adéquats. Comme le fait remarquer le député PS Pascal Cherki à nos confrères : « Ce n’est quand même pas compliqué, on est dans une activité numérique, ils ont toutes les données, il suffit juste de mettre au point un logiciel et ils transmettent à Bercy comme le font déjà les employeurs pour leurs salariés ! » 

 

Source : NextInpact.com

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