Selon l'OCDE, il faut six générations pour qu'une famille pauvre atteigne le revenu moyen...

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OCDE Pauvre 16 06 2018
Le secrétaire général de l'OCDE, José Ángel Gurría. - Crédits photo : ERIC PIERMONT/AFP 

Il faudrait en France «180 années» pour qu'un descendant de famille pauvre atteigne le revenu moyen, estime l'OCDE ce vendredi dans un rapport. L'organisation constate que l' «ascenseur social» est en panne dans de nombreux autres pays industrialisés.

Sommes-nous revenus à l'époque des ordres figés de l'Ancien Régime? «Il n'y a plus de mobilité sociale dans les pays de l'OCDE: les revenus, la profession, le niveau d'éducation se transmettent d'une génération à l'autre», a déclaré en ce sens Gabriela Ramos, conseillère spéciale auprès du secrétaire général de l'OCDE, lors de la présentation d'un rapport à la presse ce vendredi.

Entre deux et onze générations pour rejoindre le revenu moyen

La France, où Emmanuel Macron doit annoncer en juillet une stratégie de lutte contre la pauvreté ambitionnant d'enrayer le «déterminisme social», fait d'ailleurs moins bien que la moyenne. Comme en Allemagne et au Chili, il faudrait six générations, soit «180 années» selon Gabriela Ramos, pour qu'un descendant d'une famille en bas de l'échelle des revenus (les 10% les plus bas) se hisse au niveau moyen de son pays. En moyenne dans 24 pays de l'OCDE, cinq générations seraient nécessaires. Encore pire, il faudrait neuf générations au Brésil et en Afrique du Sud, et onze en Colombie. En revanche, au Danemark et dans les autres pays nordiques (Norvège, Finlande, Suède), deux ou trois générations suffiraient, selon les estimations présentées dans le rapport.

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C'est en bas et en haut de l'échelle sociale qu'il y a le moins de mobilité. En moyenne, dans 16 pays de l'OCDE, 17% seulement des enfants d'origine modeste réussissent à se hisser en haut de l'échelle des revenus une fois adultes, tandis que 42% des enfants de familles aisés réussissent à y rester. En France, les chiffres sont très proches de cette moyenne mais aux États-Unis ou en Allemagne, l'écart est encore plus important. En revanche, il est moins prononcé en Espagne, en Grèce et au Portugal, où beaucoup de progrès ont été faits dans l'accès à l'éducation, et au Danemark.

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Lutter contre le chômage et les inégalités géographiques

L'inégalité des chances ne concerne pas seulement les revenus du travail mais de nombreux aspects socioculturels: la profession, l'éducation, la santé... Les enfants de cadres sont deux fois plus susceptibles de devenir cadres eux-mêmes que les enfants de travailleurs manuels: 27% de ces derniers y parviennent en France, chiffre proche de la moyenne de l'OCDE. 17% seulement des enfants de parents faiblement diplômés (12% en moyenne dans l'OCDE) font des études supérieures, comparé à plus de 60% des enfants de parents ayant étudié dans le supérieur. «Le manque de mobilité sociale n'est pas une fatalité, nous pouvons faire mieux. Avec des politiques mieux adaptées, on peut renforcer l'égalité des chances (...)», a ajouté Gabriela Ramos.

L'OCDE souligne ainsi que «les pays qui ont déjà beaucoup investi dans l'éducation ou la santé affichent généralement une plus grande mobilité». Pour autant, l'important n'est pas seulement à ses yeux «le montant des ressources publiques allouées», mais «la manière dont sont ciblées les catégories de population les plus défavorisées». Gabriela Ramos a jugé déterminantes les initiatives en matière d'accueil collectif de la petite enfance (zéro à trois ans).

Stefano Scarpetta, de la direction de l'emploi, du travail et des affaires sociales de l'OCDE, a loué la prime d'activité - aide aux travailleurs modestes instaurée en 2016 en France - comme encouragement à reprendre un emploi. L'objectif de ces politiques rejoint celui de l'OCDE qui est de réduire le chômage de longue durée. L'organisation recommande à la France d'apporter «un soutien plus efficace aux demandeurs d'emplois inscrits depuis un an ou plus», et de renforcer les incitations au retour à l'emploi. Par ailleurs, sans grande surprise, l'OCDE souligne l'importance de «s'attaquer aux inégalités territoriales et limiter la concentration géographiques de la pauvreté». Ces inégalités «se cumulent souvent en matière d'éducation préscolaire, emploi, services et transports, et accès à la formation».

 

Source : Le Figaro.fr

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