Décrue des grèves, la réforme des retraites sur les rails

Voilà, c’est fait. Le gouvernement siffle la fin de la récré. Les médias sont unanimes. Mais ce n’est qu’après deux semaines de conflit que Laurence Parisot du MEDEF ‘marraine de la réforme’ j’adore l’analogisme, accepte au cours de l’émission Mots Croisés de dialoguer et de commencer à négocier sur l’emploi des jeunes et des seniors avec les syndicats. Voilà, tout ça, pour ça… En attendant la réforme va être votée et modifiée en 2013, où elle abordera réellement les enjeux importants. Aveu du gouvernement du manque de sérieux de ces modifications en passe d’être votées, qui ne sont  pas finalisées et n’abordent en rien les réels problèmes. Puisque ces variables sont faussées et que la réforme n’est viable que jusqu’en 2018. Car de fait, de part le lobbying de ces derniers, on exclut de base une donnée importante qui est la fiscalité. Rien de plus facile que de faire participer les banques, les spéculateurs, les sociétés basées à l’étranger et d’une manière plus générale les flux financiers, au financement de ces retraites. Ce sont les premiers à gagner au jackpot à chaque fois, ou même en cas de crise. Ils sont en partie  financés par le peuple. Il n’y a pas de raison qu’égoïstement, parce qu’ils représentent historiquement le capital, ils ne participent pas à la pérennité du système qu'ils exploitent et qui les fait vivre.

PARIS (Reuters) - Le mouvement de grève dans les raffineries et les dépôts de carburant en France, fer de lance de la contestation contre la réforme des retraites, a entamé lundi sa décrue alors que les jeux sont faits au Parlement.

Quelques heures après l'adoption par des représentants des députés et des sénateurs d'un texte commun qui ouvre la voie à l'adoption définitive du projet de loi mercredi par le Parlement, les salariés de ce secteur stratégique ont commencé à voter la reprise du travail dans leurs entreprises.

"Sarkozy est prêt à casser de l'ouvrier, la raison doit peut-être l'emporter, on a en face quelqu'un qui nous méprise, est-ce que vraiment on veut aller au casse-pipe ?", demande un syndicaliste de la raffinerie Ineos-Lavera (Bouches-du-Rhône). "Je pense qu'il n'en vaut pas la peine, même si c'est assez amer. Il faut espérer des jours meilleurs."

Les salariés des deux raffineries françaises du groupe américain Exxon Mobil, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Port-Jérôme (Seine-Maritime) ont ouvert le bal lundi après-midi, même si l'approvisionnement en brut du site de Fos dépend en grande partie de la reprise du travail sur les terminaux pétroliers de Fos-Lavera, toujours en grève.

Ceux de la raffinerie de Reichstett (Bas-Rhin) ont quant à eux voté la fin du blocage des expéditions et les salariés attendent désormais la reprise de l'approvisionnement en pétrole brut pour relancer la production, a déclaré la CFDT.

D'autres assemblées générales devaient se prononcer par vote dans la journée de mardi sur la poursuite ou non du mouvement dans tout ou partie des huit raffineries qui n'expédient pas encore de carburant, sur le parc des 12 raffineries françaises.

QUATRE MILLIARDS D'EUROS DE PERTES ?

D'ores et déjà, un porte-parole de l'Union française des industries pétrolières (Ufip) a annoncé que plus aucun dépôt sur le territoire français n'était bloqué, éloignant le spectre d'une pénurie de carburant redoutée la semaine dernière.

Le gouvernement a ordonné l'usage de la force pour débloquer une vingtaine de dépôts depuis plusieurs jours et les importations ont permis de ravitailler les stations-service.

Les pouvoirs publics espèrent que 80% des quelque 12.300 stations-service de France fonctionneront normalement mardi, a déclaré Jean-Louis Borloo, le ministre de l'Energie.

Autre signe de détente, le syndicat Force ouvrière, majoritaire chez les agents de nettoiement marseillais, appelle à suspendre le mouvement de grève de la collecte des ordures de Marseille qui dure depuis 15 jours, provoquant l'amoncellement des 10.000 tonnes de déchets dans les rues de la ville.

L'exécutif et le patronat ont fait monter la pression lundi sur les grévistes en évoquant le coût pour l'économie française d'un mouvement largement limité au secteur pétrolier puisqu'il n'a jamais réellement affecté les transports.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a estimé que les grèves avaient coûté entre 200 et 400 millions d'euros par jour à la France mais, surtout, terni son image.

"On est sorti de la crise dans des conditions plutôt bonnes et il ne faut pas aujourd'hui peser sur cette reprise avec des mouvements qui sont douloureux pour l'économie française, très douloureux pour un certain nombre de PME", a-t-elle dit.

La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) parle quant à elle d'une perte pour l'économie de quatre milliards d'euros à ce jour.

"Les PME les plus fragiles sont aujourd'hui menacées. La reprise qui semblait poindre s'éloigne au fur et à mesure que la chienlit s'installe", explique ce syndicat patronal.

Pour Jean-Claude Mailly, Nicolas Sarkozy porte lui-même la responsabilité de ce coût. "Il faut envoyer la facture au président de la République, c'est lui qui est à l'origine de ça", a déclaré le secrétaire général du syndicat Force ouvrière sur Radio Classique.

RENDEZ-VOUS EN 2013

Mais le président français pourra se prévaloir d'une nouvelle donne mercredi, à la veille de la septième journée de manifestations et de grèves organisée par l'intersyndicale et avant une huitième mobilisation le samedi 6 novembre.

La réforme clé de son quinquennat, qui porte de 60 à 62 ans l'âge de la retraite et de 65 à 67 ans l'âge pour une retraite à taux plein, quel que soit le nombre de trimestres cotisés, aura été adopté définitivement par le Parlement et la pénurie de carburant a été évitée, même si des perturbations ont eu lieu.

Pour le pouvoir, les syndicats ont pu montrer leur capacité de mobilisation, mais cela n'a pas suffi à faire plier le gouvernement décidé à faire entrer en vigueur une réforme jugée cruciale pour sa crédibilité jusqu'à la fin du quinquennat.

Contrairement à l'opposition qui, par la voix de la socialiste Marisol Touraine dénonce "un texte ni juste, ni responsable", la majorité estime que le débat au Sénat a permis d'en modifier légèrement certains aspects.

Ainsi, la retraite à taux plein sera maintenue à 65 ans pour les parents d'enfants handicapés et pour les parents de trois enfants nés avant 1955 ayant interrompu ou réduit leur activité professionnelle pour se consacrer à leurs enfants.

Le Comité d'orientation des retraites (COR) organisera en outre en 2013 une "réflexion nationale" sur "les objectifs et les caractéristiques d'une réforme systémique de la prise en charge collective du risque vieillesse", ce qui permettra de remettre tout le système à plat.

Service France, édité par Yves Clarisse

Sources : Reuters

France-Info (audio) : Retraites : J-1 avant l’adoption définitive de la réforme
Le Parisien.fr :
Zoom "La réforme des retraites, c'est moi", affirme Eric Woerth
L'Express.fr :
Retraite: les Français ne font pas confiance aux politiques

 

 

 

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