Portrait du très discret Mario Monti, nouveau chef du gouvernement italien

Mario Monti est économiste et chrétien, s'il est authentique il connaît donc parfaitement le piège de l’usure… Dans les conditions actuelles que va-t-il faire pour son pays ? Car tapit dans l’ombre? Sylvio Berlusconi et le parti PDL promettent  déjà qu’ils sont en mesure de « débrancher la prise » à tout moment… La question qui se pose alors c’est quelle latitude pour « Al Professor »...

Le président Giorgio Napolitano a nommé Mario Monti, 68 ans, ex-commissaire européen, chef du nouveau gouvernement italien. Il succède à Silvio Berlusconi, démissionnaire depuis samedi soir et déjà candidat déclaré à un retour au pouvoir. Il y a quelques années, « The Economist » l’avait présenté comme « Super Mario », c’est-à-dire « l’un des plus puissants bureaucrates européens », avant de le décrire comme « un adepte de la persuasion plutôt que de la polémique ».

Adoubé par la directrice générale du FMI

Mario Monti est un homme aux antipodes du Cavaliere - surnom de Berlusconi - qui a quitté le pouvoir sous les huées et les insultes samedi soir à l’issue d’une journée « historique » marquant « la fin d’une époque », selon la presse italienne.

Né le 19 mars 1943 à Varese (nord), cet amateur de vélo, qui se reconnaît comme pas très sociable, s’est taillé une réputation de compétence et d’indépendance comme commissaire européen pendant dix ans (1994-2004). Nommé sénateur à vie mercredi par le président Giorgio Napolitano, Mario Monti a déjà été quasiment adoubé par la directrice générale du FMI, Christine Lagarde : « C’est un homme de grande qualité avec lequel j’ai toujours eu un dialogue fructueux et extrêmement chaleureux », a-t-elle affirmé.

Un homme qui rassure les marchés

Sa nomination devrait rassurer les marchés et les partenaires internationaux. Alors que le Cavaliere avait contribué à miner la crédibilité du pays, la perspective de la nomination de M. Monti a fait souffler un vent d’optimisme sur les marchés ces derniers jours et a entraîné en particulier une forte détente des taux italiens à 10 ans, qui avaient atteint la semaine dernière des niveaux insoutenables sur la durée pour financer la dette colossale du pays (1 900 milliards d’euros, 120 % du PIB).

Ce lundi, cependant, l’Italie a encore dû concéder des taux d’intérêt en forte hausse, lors de la première émission de dette après la désignation ce dimanche de Mario Monti à la tête du gouvernement. Mais la demande est toujours présente, ce qui rassure les investisseurs.

Le nouveau chef du gouvernement italien, un homme à l’allure rassurante, s’est enfermé dans un mutisme prudent, tout au long de ces dernières heures. Catholique pratiquant, il a assisté tranquillement dimanche matin à la messe dans une église de la capitale. « Vous avez vu ? Quelle journée splendide », s’est-il contenté de répondre à des journalistes en sortant de son hôtel romain sous un soleil radieux.

Il est surnommé « le cardinal »

Une sérénité dans la tempête, caractéristique de cet homme pondéré au nez toujours chaussé de lunettes, qui « n’aime pas, quand il y a des règles, avoir l’impression qu’elles sont court-circuitées », assure son entourage. C’est « un cardinal », « quelqu’un de très difficile à pénétrer ».

Ancien professeur d’économie politique à la prestigieuse université Bocconi de Milan, dont il est diplômé et dont il est président depuis 1994, Mario Monti, père de deux enfants, est marié à la même femme depuis quarante ans. C’est un homme très ferme. « Avec des mots très polis, il vous envoie au bûcher de l’inquisition s’il estime que cela est juste et nécessaire », dit un de ses proches.

Ces compétences ne seront pas de trop pour gouverner l’Italie, qui croule sous une dette colossale (1 900 milliards d’euros, 120 % du PIB) et a été placée sous surveillance du Fonds monétaire international, de l’Union européenne et de la Banque centrale européenne.

Sa mission ne sera pas une partie de plaisir

La mission de Mario Monti ne s’annonce donc pas comme une partie de plaisir, et la presse transalpine ne manquait pas de le souligner dimanche matin : « La route est accidentée et pour la parcourir il ne faut pas faire d’erreur », met en garde le quotidien de référence Il Corriere della Sera.

D’autant que « les dirigeants du PDL sont partagés entre ceux qui s’opposent à la candidature de Monti et ceux qui l’acceptent comme la seule issue possible », notait La Repubblica (gauche).

« Monti, le précaire », titrait dimanche le journal de la famille Berlusconi

Encore plus pessimiste et mordant, Il Giornale, le journal de la famille Berlusconi, annonce en Une : « Monti, le précaire ».

« Berlusconi ne lui barre pas la route, mais le parti (PDL) est divisé », observe-t-il. Et Silvio Berlusconi, qui a pourtant apporté son soutien à M. Monti et l’a reçu pendant deux heures à déjeuner samedi, reste en embuscade : « Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons », a-t-il confié à ses proches.

Le Cavaliere dispose encore d’un pouvoir de nuisance non négligeable qu’il compte bien monnayer au prix fort.

LIRE aussi. L’incorruptible Mario Monti pour succéder à Berlusconi ?

Source : Ouest-France

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