Nicolas Sarkozy lâche une bombe européenne pour se relancer

Si on m’avait dit que je verrai ça de mon vivant… Nicolas S. s’en prend en apparence à l’Europe et en profite pour chasser sur les terres de Marine Le Pen avec Schengen ! Mais il évite encore soigneusement les débats de fond…. Enfin ne désespérons pas (s'ils ne sont pas étouffés et qu'ils ont assez de parrainages..) l’... sera sur la ligne de départ dans 42 jours...

VILLEPINTE, Seine-Saint-Denis (Reuters) - Nicolas Sarkozy a lâché dimanche une bombe européenne dans la campagne présidentielle française, pour tenter de relancer sa quête d'un second mandat à 42 jours du premier tour, au risque d'indisposer ses partenaires européens.

Lors d'un meeting géant à Villepinte, près de Paris, le président sortant a promis d'exiger une réforme du traité de Schengen sur la circulation des personnes, et l'instauration d'une préférence communautaire pour les marchés publics.

"L'Europe doit reprendre son destin en main, sinon elle risque la dislocation", a-t-il averti devant plusieurs dizaines de milliers de partisans survoltés - près de 70.000 selon l'UMP.

Si aucun "progrès sérieux" n'est effectué au niveau européen en matière de contrôle de l'immigration d'ici un an, la France suspendra sa participation aux accords de Schengen, a menacé Nicolas Sarkozy.

Et si l'Union européenne ne s'aligne pas sur la législation des Etats-Unis, qui réservent leurs marchés publics à leurs PME et aux produits fabriqués sur leur territoire, la France appliquera unilatéralement ces règles.

"Si la France n'agit pas, il ne se passera rien", a ajouté Nicolas Sarkozy dans une tradition très gaullienne.

Il a dit vouloir se donner la tâche "absolument immense" de "changer l'Europe" et de réconcilier l'Europe et la France du "non" avec l'Europe et la France du "oui", s'il est réélu.

Engagé dans une bataille de la crédibilité contre le candidat socialiste François Hollande, favori des sondages, il a choisi un terrain sur lesquels son expérience des cinq dernières années lui permet d'espérer reprendre le dessus dans l'opinion.

UNE "SÉVÈRE MISE EN GARDE"

En affichant sa volonté de porter au niveau européen la défense de l'industrie et la maîtrise de l'immigration - deux de ses thèmes de prédilection - il fait d'une pierre deux coups : cajoler un électorat pointilleux sur ces deux questions tout en donnant des gages aux eurosceptiques, dont les électeurs du Front National qui réclame l'abrogation des accords de Schengen.

Mais Nicolas Sarkozy, qui n'a de cesse de fustiger la volonté affichée par François Hollande de renégocier le dernier traité européen instaurant un nouveau pacte budgétaire, a pris lui-même le risque de se mettre en porte-à-faux, en menaçant de placer la France dans l'illégalité européenne.

Il prend en outre le contre-pied de sa campagne de 2007, lors de laquelle il avait au contraire promis de ramener la France dans le courant majoritaire de l'UE, deux ans après le rejet du projet de Constitution européenne par les Français.

"C'est un discours très franchement orienté à droite", a estimé le politologue Roland Cayrol sur LCP et Public Sénat. "C'est une sévère mise en garde à l'Europe (...) C'est une chose qui va probablement causer un certain nombre de problèmes dans le fonctionnement même de l'Union européenne."

Le président sortant avait entamé son discours de plus d'une heure par une longue tirade sur les leçons qu'il a tirées "des réussites et des échecs" de ses cinq années à la tête de l'Etat.

"J'ai compris que le président de la République devait assumer la dimension tragique de l'histoire et qu'au fond, rien ne pouvait y préparer avant de l'avoir vécu", a-t-il dit.

DEUX MOIS

Un "j'ai compris" répété à plusieurs reprises, comme une réminiscence du discours prononcé le 3 juin 1958 à Alger par le général de Gaulle. "Je vous ai compris !" avait alors lancé le fondateur de la Ve République aux Français d'Algérie, en pleine guerre d'indépendance.

Face à une marée de drapeaux tricolores et à une foule venue de toute la France, Nicolas Sarkozy a également multiplié les attaques contre la gauche et François Hollande, que les sondages donnent largement vainqueur le 6 mai.

"Je n'ai aucune leçon à recevoir d'une gauche qui a laissé les banlieues dans un état lamentable à la fin des années 1990", a-t-il notamment déclaré. "C'est la gauche qui a abandonné les quartiers, c'est la gauche qui a laissé tombé les habitants des quartiers, c'est la gauche qui a voulu la paupérisation et le communautarisme dans ces quartiers."

Il a dit avoir "tout donné à la France" ces cinq dernières années mais n'avoir "rien perdu de (son) envie d'agir" et de "faire bouger les choses".

Et de conclure par un nouvel appel à ses troupes : "Nous avons deux mois pour bâtir la plus formidable aventure, deux mois pour bousculer les certitudes, deux mois pour tout renverser (...) deux mois pour faire triompher la vérité."

Toute la matinée, les dirigeants de la majorité présidentielle, dont le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, et le Premier ministre, François Fillon, avaient défilé sur l'immense tribune blanche dressée au milieu du hall d'exposition pour dire leur soutien au président sortant.

Bernadette Chirac, épouse de son prédécesseur Jacques Chirac, a déclenché un tonnerre d'applaudissements quand elle a dit sa "grande confiance" en l'homme qui a longtemps été considéré comme un traître par les chiraquiens pour avoir soutenu en 1995 la candidature de son mentor, Edouard Balladur.

Edouard Balladur figurait parmi les invités, de même que les acteurs Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner et Christian Clavier, et le chanteur Enrico Macias.

Par Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou

Edité par Jean-Baptiste Vey

Source : Reuters

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