Jérôme Kerviel durcit son attaque contre la Société générale

Créature ou Docteur Frankenstein lui-même ? Ils jouent, ils jouent,  et quand ils perdent ils s'étonnent, et ils appellent ça un « accident » de marché... Eh bien voilà ! 5 milliards d' « accident » de marché... Qui devraient enrichir leurs algorithmes de prédictions des risques ! LOOOLL !

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Jérôme Kerviel

PARIS (Reuters) - L'ex-trader de la Société générale Jérôme Kerviel, condamné à trois ans de prison ferme en première instance pour une perte historique de 4,9 milliards d'euros subie par la banque en 2008, entend accuser de mensonge et manipulation son ancien employeur lors de son procès en appel à Paris.

La cour, qui examinera le dossier à partir de lundi et jusqu'à la fin du mois, devra dire dans son délibéré, sans doute à l'automne, si elle confirme la culpabilité du jeune homme de 34 ans et sa responsabilité civile. La défense plaide la relaxe.

Le premier jugement de 2010, suspendu par l'appel, lui a imposé de rembourser le préjudice, ce qui prendrait environ 180.000 ans en reversant tout son actuel salaire net mensuel de 2.300 euros de consultant informatique. Ceci fait de lui, selon son avocat, "l'homme le plus lourdement condamné de l'Histoire".

Les "incidents" de trading de ce style, alimentant les doutes et les critiques politiques contre les marchés, ont suscité des réglementations jusqu'ici sans grande portée.

La justice fait face à d'autres dossiers, à Paris où un ex-trader de la Caisse d'Epargne poursuivi pour une perte de 751 millions d'euros en 2008 attend son procès, comme à Londres où l'ex-trader d'UBS Kweku Adoboli, qui a perdu en septembre 2,3 milliards de dollars, plaide non coupable.

Le président français François Hollande entend imposer aux banques la séparation des activités de dépôt et de marché.

Malgré un changement d'avocat, David Koubbi remplaçant l'expérimenté Olivier Metzner, Jérôme Kerviel renforce sa ligne de défense consistant jusqu'ici à accuser sa hiérarchie d'avoir fermé les yeux sur son travail.

Il dit maintenant qu'elle en connaissait tout et a caché ce fait par des manipulations quand l'affaire a mal tourné.

"Jérôme Kerviel n'a pas à se considérer comme responsable de l'affaire dite 'Kerviel', dans la mesure où la banque, ainsi que cela sera démontré, avait pleine et entière connaissance des opérations reprochées", a dit Me Koubbi à des journalistes.

NOUVEAUX ÉLÉMENTS ?

Me Koubbi a déposé avant l'audience deux plaintes pour "faux" et "escroquerie au jugement".

L'avocat dit avoir démontré par une expertise privée qu'un enregistrement d'une conversation entre Jérôme Kerviel et ses supérieurs au siège de la banque au moment de la découverte de l'affaire avait été tronqué, ce que nie la Société générale.

Il reproche aussi à la SocGen d'avoir dissimulé une déduction fiscale de près de 1,7 milliards d'euros en dédommagement de l'épisode, au titre d'une "perte exceptionnelle". La banque dit que cet épisode était mentionné au dossier judiciaire et ne voit pas ce qu'il change.

En première instance, le tribunal avait déclaré le prévenu coupable "d'abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique" en écartant ses allégations.

Les juges relevaient d'abord que Jérôme Kerviel admettait avoir pris depuis 2005 des positions à risque vertigineuses sur des contrats de "futures" portant sur des indices boursiers européens, ayant atteint près de 50 milliards d'euros, et camouflées par d'autres passations d'ordres fictives.

Me Koubbi assure avoir découvert dans les pièces à conviction que la banque connaissait cette méthode.

Dénouées après leur découverte, en pleine déroute des marchés financiers, les positions ont provoqué la perte finale la plus lourde de l'histoire financière mondiale, mais il n'y a rien qui laisse penser que la banque ait pu encourager ou même soupçonner de tels agissements, a dit le premier jugement.

Les nombreux témoins du monde de la finance ont expliqué lors du premier procès qu'une telle initiative avait pu passer inaperçue, car les cadres et les organes de contrôle ne comprennent pas toujours totalement ce que font les traders, et parce que les volumes d'échange, la charge de travail et la rapidité du marché rendent possible une telle situation.

La commission bancaire a infligé à la SocGen une amende de 4 millions d'euros pour défaut de contrôle. L'amende maximale est de 5 millions d'euros.

Le tribunal estimait pourtant que Jérôme Kerviel ne pouvait s'abriter derrière ce problème de système. "Il s'est livré à un total renversement des rôles en se positionnant comme victime d'un système dont il se dit la créature", écrivait-il.

Edité par Yves Clarisse

par Thierry Lévêque

Source : Reuters

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