La « caisse noire » des patrons de la métallurgie devant la justice

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« En 2007, 153 entreprises ont cotisé pour un montant de 675.000 euros et 574.000 euros ont été versés à trois entreprises touchées par des conflits sociaux majeurs. Ainsi, un porte parole de PSA a reconnu que son entreprise avait perçu 550.000 euros de l'UIMM pour l'aider à ne pas céder aux revendications salariales des ouvriers de l'usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois, lors d'une grève de six semaines en 2007 5. »

Source : Fr.wikipedia.org

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(Du reste vous remarquerez que les plateaux de la balance de la justice ne sont jamais représentés à
l’équilibre… Faut-il y voir un signe discret ?, à vous de juger avec votre expérience personnelle ; ))))

Dix cadres de la puissante Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM) sont jugés à partir du 7 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour  « abus de confiance ».  

Le détournement de plusieurs millions d’euros entre 2000 et 2007 fait peser le soupçon d’un financement occulte des syndicats.

Principal mis en cause, l’ex-directeur général puis président de l’UIMM est resté jusque-là discret sur la destination de ces fonds

C’était il y a presque dix ans, en 2004, le premier acte du scandale de l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie). Cette année-là, la BNP alertait la cellule Tracfin sur le fonctionnement d’un compte bancaire de la puissante fédération patronale, membre du Medef. Des centaines de milliers d’euros, plus de 5,5 millions entre 2000 et 2007, en étaient régulièrement retirées en liquide. Trois ans plus tard, la brigade financière commençait son enquête, révélant l’existence d’une véritable « caisse noire ». Au total, sur cette période, ce sont 16,5 millions d’euros qui ont été retirés en liquide des comptes de l’UIMM.

De ces retraits, qui ne figurent dans aucune comptabilité, on sait aujourd’hui beaucoup. On connaît leur origine qui tient en quatre lettres : Epim, pour Entraide professionnelle des industries et des métaux. En théorie, ce fonds, créé en 1972 et abondé par les entreprises à proportion de leur masse salariale, a pour unique objet d’aider les groupes industriels en difficulté, en cas de grève notamment. Fin 2006, le solde du compte de l’Epim s’élève à 300 millions d’euros, valorisés à 600 millions d’euros sur le marché. 

Des fonds détournés

Mais les enquêteurs découvrent rapidement qu’une partie de ces fonds est détournée. Des virements sont effectués vers quatre « comptes spéciaux » fantômes, de l’UIMM. Seules deux personnes en connaissent l’existence : Denis Gautier-Sauvagnac, directeur général puis président de l’UIMM, qui signe des chèques « à l’ordre de nous-mêmes » pour obtenir du liquide, et Dominique Renaud, la responsable du service comptable, qui se rend dès que nécessaire à une agence de la banque et en ressort avec, en main, entre 30.000 et 200.000 euros. 

À son retour, elle dépose l’argent dans un coffre. Reçus et talons de chéquiers sont détruits chaque année. À quoi servait cet argent liquide ? Interrogé par les enquêteurs, Denis Gautier-Sauvagnac évoque « trois paquets ». Le premier correspond, pour un petit million d’euros, à des « compléments de rémunérations ». Outre leurs salaires déclarés, une quinzaine de cadres touchaient en effet « au noir » entre 8000 et 27.000 euros par an. « C’était une pratique ancestrale, j’étais en train d’y mettre un terme », se défend Denis Gautier-Sauvagnac.

Un deuxième paquet, évalué à un peu moins de 2 millions d’euros, servait « aux dépenses de caisse, soit par remboursement de frais de mission, soit pour le paiement de l’approvisionnement de la cantine », explique Denis Gautier-Sauvagnac. Les fonds peuvent financer l’hébergement, les transports, la restauration des membres de l’UIMM, mais aussi des prêts aux cadres de l’Union.

Reste enfin un troisième paquet, l’essentiel de la somme. « Ces versements ont été faits à des gens très honorables, déclare Denis Gautier-Sauvagnac aux enquêteurs. Je ne crois pas qu’il soit de l’intérêt général de procéder à un grand déballage. » Bernard Adam, alors directeur administratif, se montre à peine plus bavard : « À mon avis, tout le monde sait que cela sert à améliorer les relations entre organisations professionnelles et syndicales »

« Régulation sociale » par des versements d’argent

Dominique de Calan, adjoint de Denis Gautier-Sauvagnac, va plus loin : ces sommes concouraient, dit-il, « à la régulation sociale » par des versements aux « associations, partenaires sociaux, intellectuels, médias, pouvoirs publics bien évidemment ». Chaque année, ajoute-t-il, il donnait par exemple 30.000 € en liquide à des « organismes liés à la vie universitaire », l’Union nationale inter-univesritaire (UNI) notamment.

Sur la même ligne, d’anciens dirigeants évoquent une « tradition » de l’UIMM de « réguler la conjoncture sociale », notamment en subventionnant des « partis politiques », des « bureaux d’études », des « journalistes », bref, « tous ceux qui pouvaient faire l’opinion ». Lors de perquisitions, pas de traces de tels versements, bien sûr, mais la confirmation de relations financières avec les syndicats de salariés. Dans le serveur informatique de l’UIMM, des flux révèlent par exemple qu’entre 2002 et 2007 près de 500.000 € ont été versés aux centrales syndicales « dites réformistes » – dont 380.000 € à la CFTC. La partie immergée de l’iceberg ?

 « Le dialogue social n’est pas un combat ni une guérilla, se justifie Denis Gautier-Sauvagnac face aux enquêteurs. C’est un dialogue et il n’est pas anormal que la partie qui dispose de moyens facilite le transport, la restauration de l’autre partie… sans qu’il y ait ni corruption ni achat de signatures. Cela n’a jamais été le cas. » Reste quand même un épais mystère autour de l’usage de ces espèces. Le tribunal a jusqu’au 22 octobre pour tenter de le lever.

FLORE THOMASSET

 

Source : La-croix.com

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