Etude Insee : le creusement des inégalités devrait continuer

Des euros

ECONOMIE - Ces inégalités s'expliquent par des changements au sein de l’entreprise…

Pourquoi y a-t-il un creusement des inégalités?

Parce qu’il y a une «déformation très importante de la hiérarchie des salaires». D’une part, «il y a de plus en plus de bas salaires, de plus en plus d’embauches au SMIC, explique à 20minutes.fr Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE, car il y a une pression très forte pour réduire les coûts du travail». Un phénomène couplé avec l’externalisation des emplois les moins qualifiés, qui ne profitent pas des avantages sociaux de l’entreprise principale.

D’autre part, «pour ceux qui ont des compétences particulières, il y a une augmentation très importante des rémunérations», analyse Henri Sterdyniak. Pour éviter de voir ces cadres fuir à l’étranger, ils sont notamment rémunérés avec des stock-options. Conséquence : ils ont intérêt à ce que la rémunération du capital soit la plus forte, en limitant aux les processus de production et donc les salaires.

Plus globalement, pour Nicolas Bouzou, économiste et dirigeant de la société d’analyse Asterès, le «problème fondamental est celui de la croissance. Le PIB a peu augmenté alors que la part des classes supérieures a beaucoup grossi». La part du gâteau à se partager pour les classes moyennes et les plus pauvres est donc plus mince.

Quelles sont les conséquences ?

«On assiste à un écrasement des classes moyennes, dont les salaires ont moins l’occasion de progresser, explique Nicolas Bouzou. On est passé à une société en pyramide à une société en sablier», selon un processus décrit par Jean-Marc Vittori. «C’est un phénomène très structurant pour l’économie, la consommation. On n’aurait par exemple pas un tel débat sur le bouclier fiscal s’il n’y avait pas un problème» de redistribution, analyse l’économiste.

Des inégalités qui peuvent expliquer le déclenchement de la crise actuelle puisque les moyens des classes moyennes stagnent dans les pays anglo-saxons et les demandes de crédit explosent, explique encore Henri Sterdyniak.

Est-ce un phénomène récent ?

C’est un phénomène mondial, qui touche la France depuis une dizaine d’années. «Mais la France a mieux résisté que les autres pays européens grâce à des mécanismes d’allocations plus généreux, comme le SMIC, le RMI et le RSA, estime Henri Sterdyniak. Cependant, on constate quand même un creusement vers le haut en raison de la mondialisation financière et des privatisations des entreprises», où les hauts salaires ne connaissent pas le même contrôle que dans le public.

Ce phénomène va-t-il s’amplifier?

Certainement. «Dans les pays anglo-saxons, la mondialisation et les nouvelles technologies, qui ont modifié profondément l’entreprise, sont invoquées pour expliquer ces inégalités», explique Nicolas Bouzou. Et avec l’accélération des deux phénomènes, on peut s’attendre à l’amplification des inégalités.

Peut-on améliorer la situation ?

Oui, par une meilleure éducation pour tous par exemple. «Il ya une prime à la formation, à ceux qui maîtrisent les langues, la culture, les technologies. Il faut réduire les inégalités en amont et donc l’accès à la formation», avance Nicolas Bouzou. «Il y aussi l’impact des nouvelles technologies. Si la France passe au haut-débit, on peut penser pouvoir réduire les inégalités».

En termes de fiscalité, «on parle du rétablissement d’une tranche supérieur de l’impôt sur le revenu. C’est aussi un outil de réduction des inégalités», estime Nicolas Bouzou. Dans les entreprises, l’économiste évoque également une plus forte syndicalisation pour améliorer le statut


 
Maud Noyon sur 20Minutes.fr

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