Portait de Charles Pasqua

Ce pilier de la famille gaulliste, parrain politique de Jacques Chirac, sera jugé à partir de lundi devant la Cour de justice de la République.

Charles Pasqua, qui fut le parrain politique de Jacques Chirac, sera jugé à partir de lundi devant la Cour de justice de la République. Ce pilier de la famille gaulliste, accompagné d'une réputation sulfureuse, a marqué la vie politique française durant des décennies.

L'ancien ministre de l'Intérieur, qui fêtera ses 83 ans la veille du procès, recèle une part d'ombre liée à ses activités au sein de services d'ordre parallèles, ses réseaux africains et ses démêlés judiciaires.

Le maintien de l'ordre

Cité dans près d'une dizaine d'affaires (financement politique, vente d'armes en Angola), il a pour l'instant bénéficié de deux non-lieux et enregistré en avril sa première condamnation définitive, à 18 mois avec sursis, pour le financement illégal de sa campagne européenne de 1999.

Du Service d'action civique (SAC), sorte de police secrète créée à la fin des années 50, au ministère de la Place Beauvau où il a officié deux fois, de 1986 à 1988 puis entre 1993 et 1995, son parcours est placé sous le signe du maintien de l'ordre.

Il a laissé son nom à une législation restreignant le droit d'asile en juin 1993, a présidé à l'arrestation des membres d'Action directe en 1987, du terroriste Carlos en août 1994, ainsi qu'à la "neutralisation" en décembre 1994 sur l'aéroport de Marseille d'un commando qui avait détourné un Airbus parti d'Alger.

Des formules chocs

Charles Pasqua s'est également illustré, avec l'aide de son ami Jean-Charles Marchiani, dans la libération des otages français du Liban en 1988, ainsi que dans celle, en 1995, des pilotes français capturés en Bosnie, sans qu'en aient été clairement élucidées les modalités et conditions.

En 1986, alors qu'il est ministre de l'Intérieur, un jeune homme d'origine marocaine, Malik Oussekine, meurt sous les coups de la police pendant une manifestation étudiante à Paris, suscitant une vive émotion dans le pays.

Il marquera ses deux passages Place Beauvau de son empreinte, usant de formules chocs comme : "il faut terroriser les terroristes" ou "la démocratie s'arrête là où commence l'intérêt de l'Etat".

En politique, il a passé une bonne partie de sa vie à agir dans l'ombre d'un chef. Entré à 16 ans dans la Résistance, il suit Charles de Gaulle. Elu député pour la première fois en 1968, il fonde avec Jacques Chirac le RPR en 1976.

Une accumulation de mises en cause judiciaires

Charles Pasqua a présidé aussi pendant 19 ans le conseil général des Hauts-de-Seine, département le plus riche de France, avant de céder sa place en 2004 à son dauphin Nicolas Sarkozy. C'est la question européenne qui le sépare de Jacques Chirac. Il a milité pour le non au traité de Maastricht en 1992, quitté le RPR et fondé son propre mouvement "souverainiste", le Rassemblement pour la France (RPF), dans la foulée de son succès électoral aux européennes de 1999: 13,05% avec son colistier Philippe de Villiers.

Elu sénateur à l'automne 2004 après avoir échoué à se faire réélire au parlement européen en juin, Charles Pasqua a fait campagne pour le non à la Constitution européenne lors du référendum du 29 mai 2005.

Longtemps homme fort du mouvement gaulliste et éminence grise, l'influence et l'image de Charles Pasqua se sont dégradées avec l'accumulation de ses mises en cause judiciaires. Une cabale politique a été menée, selon lui, visant à l'empêcher de se présenter à la présidentielle de 2002 et à faire de l'ombre à Jacques Chirac.


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nouvel Obs


Informations complémentaires :

Europe1 : Pasqua jugé dans trois affaires
Paris-Normandie : Pasqua devant la Cour de justice
AFP : Pasqua dit avoir le sentiment que son procès devant la CJR est "réglé d'avance"

 

 


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