Délinquance : les pots catalytiques, nouvelle cible des voleurs

Revendues entre 15 et 50 € l'unité selon le modèle, ces pièces détachées contiennent des métaux rares. Les gangs d'Europe de l'Est font des razzias.

pot_catalytique_02_03_2014.jpg
Les voleurs expérimentés ont besoin de moins de cinq minutes pour démonter un pot catalytique. Certains
gangs peuvent ainsi mettre la main sur plusieurs dizaines de ces pièces en une seule attaque.
(PhotoPQR/?«l’Alsace»/Jean-François Frey.)

Le phénomène inquiète les autorités, d'autant qu'il ne semble pas devoir connaître de répit... Les vols de pots d'échappement catalytiques, -- très convoités par certaines équipes de malfaiteurs car ils contiennent une faible quantité de métaux précieux --, ont littéralement explosé au de l'année 2013 un peu partout en .

En 2012, quelque 80 vols avaient été recensés. Selon nos informations, l'an passé, près de
1 300 larcins ont été relevés, soit une augmentation de 1 500 % !

« Le phénomène est apparu au cours de l'année 2010, confie un haut fonctionnaire. Quelques dizaines de pots avaient été volés dans des casses, chez des garagistes, des concessionnaires ou sur des parkings d'entreprise. Désormais, les membres de ces équipes s'en prennent à des voitures de particuliers. Ils se livrent à des razzias en dérobant plusieurs dizaines de pots en une seule attaque. »

Des raids nocturnes

Plusieurs services de police judiciaire et les gendarmes de l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), en charge des enquêtes sur ces voleurs d'un nouveau genre, ont établi qu'ils agissaient essentiellement la nuit. « Ces malfrats se livrent à des raids, confie un enquêteur spécialisé dans la lutte contre ce type de trafic. Ils n'hésitent pas à parcourir plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres avant de repérer les lieux de leurs vols. Ils passent ensuite rapidement à l'action. »

Ces pièces, qui contiennent une infime quantité d'or, de platine, de palladium et de rhodium, sont devenues une source de revenus à part entière pour ces voleurs, depuis l'augmentation ces dernières années des prix de ces métaux précieux. Une fois dérobés, ces pots sont stockés chez des complices, puis rapidement expédiés vers l'étranger.

Plusieurs filières de recel

Au fil de leurs investigations, policiers et gendarmes ont réussi à identifier plusieurs filières de recel. Une d'entre elle mène outre-Rhin. Selon nos informations, des convois constitués de véhicules utilitaires, « sécurisés » par une voiture ouvreuse, ont été observés quittant la France vers l'Allemagne. Ces convois transportaient plusieurs centaines de pots, puis des recycleurs allemands écoulaient cette marchandise volée. Une autre filière de recel a conduit en Pologne. Là encore, des professionnels du recyclage sont soupçonnés de récupérer les pots d'échappement en provenance de tout l'Hexagone. Car aucune région n'est épargnée : plusieurs centaines de vols ont ainsi été recensés en Ile-de-France, dans le Centre, l'Est, le Sud-Ouest, en Rhône-Alpes et en Paca.

Des gangs d'Europe de l'Est

« Les équipes qui sévissent sur ce créneau spécifique sont difficiles à appréhender, car elles sont très mobiles, note un haut fonctionnaire. Les voleurs interpellés jusqu'à présent étaient principalement originaires de pays d'Europe orientale comme la Pologne, la Roumanie, la Moldavie et la Lituanie. » En mai 2010, les gendarmes de Saône-et-Loire avaient intercepté deux Lituaniens qui tentaient de quitter le territoire avec près de 2 500 pots catalytiques. En novembre 2011, les enquêteurs de l'antenne de police judiciaire de Meaux avaient, eux, interpellé cinq Roumains, auteurs présumés du de 3 000 pièces pour un préjudice estimé à près d'1 M€. Certains gangs agissent à la commande et appartiendraient à des réseaux mafieux.

Une facilité d'action pour un gain maximal

Selon un policier, ces pots sont « aussi faciles à voler qu'à écouler ». « Les voleurs expérimentés mettent moins de cinq minutes pour démonter un pot, assure un professionnel de l'automobile. Ils sont équipés d'un appareil du genre mini-disqueuse qui permet de détacher rapidement le pot catalytique de son support. » Certains modèles -- comme ceux des Peugeot --, sont plus prisés que d'autres, car ils renferment une quantité plus importante de métaux précieux. Sollicité sur ce point, le constructeur n'a pas souhaité s'exprimer.

Ces vols s'avèrent très lucratifs. « Pour les modèles les plus recherchés, ils se revendent près de 50 €, confie un enquêteur. Les autres se négocient autour de 15 € pièce. »

 

Source : Leparisien.fr

Informations complémentaires :

 

Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s