La BCE bricole, ce sont les salaires qu’il faut augmenter !

Depuis le temps qu'on le dit, alors j'ai sauté sur l'article. Vous savez je ne suis pas économiste, mais je reste convaincu qu'en économie aussi, il y a une sorte d'équilibre naturel, et si vous n'avez pas assez de redistribution (si les actionnaires captent tous les bénéfices), le cycle se casse et l'économie s'écroule.

Mais ces capitalistes sont assez tordus pour essayer de briser ces limites et toujours maximiser leurs parts de rendement...

De plus, si vous croyez qu'en vous augmentant ils vous feront un cadeau, rien n'est plus faux, cela serait simplement un retour normal des choses.

Après on s'étonne que les gens ne puissent plus consommer...

En ce qui concerne le taux de la BCE, cela n'a à mon sens aucun intérêt, à part pour les banques qui pourront emprunter à 0,15 % et nous racheter notre dette, et être rénuméré à 2 ou 3% par l'Etat français. Et pour ce qui est d'irriguer l'économie réelle, je pense qu'on a déjà bien vu où allait la préférence des banquiers...

Voilou, je dis ça, je dis rien ; ) Comme on l'a déjà dit, la solution se trouve certainement ... ailleurs ; )

Amitiés,

F.

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Mario Draghi, président de la BCE - BERNARD BISSON/JDD/SIPA

Il y a de cela peu de temps, les communiqués de la Banque centrale européenne cherchaient à affoler la presse économique : l’inflation guettait à chaque coin de rue. Les présidents successifs, Wim Duisenberg, Jean-Claude Trichet, grimpaient aux rideaux dès que la hausse des prix dépassait la sacro-sainte barre des 2% par an. Horreur ! L’épargne allait s’enfuir, les investisseurs déserter, les profits dégringoler ! Depuis un an, changement de cap : Mario Draghi tente l’exercice exactement contraire : faire remonter les prix qui menacent de devenir négatif !

Pour conjurer la déflation, un risque de spirale qui lie la baisse des prix et des salaires dans une relation mortifère, il tripote les taux d’intérêts, la seule arme à sa disposition, dans le but d’inonder l’économie européenne d’argent pas cher (0,15% par an au lieu de 0,25%). Avec l’espoir que cela générera un courant de hausse des prix. Il cherche aussi, en pratiquant un taux de dépôt légèrement négatif (-0,10%, une première en Europe depuis 1945), à dégoûter les banques de déposer de l’argent au guichet de la BCE plutôt que de le prêter aux entreprises et aux ménages. C’est certes historique, mais c’est dérisoire.

Le problème européen, ce n’est pas le manque d’argent, la zone euro en regorge. Ce ne sont pas non plus des taux d’intérêts trop hauts qui dissuaderaient les entreprises et les ménages d’emprunter. Franchement, quel patron hésiterait à se financer à quelques pour-cents s’il avait des perspectives pour son entreprises ? Non, si la déflation guette, c’est à cause de la politique économique de restriction des salaires et des budgets que mènent en commun tous les gouvernements de la zone euro. Le règne sans partage de l’idéologie de la « compétitivité par les coûts salariaux » a à ce point aveuglé nos décideurs (au niveau national, européen, voire quelquefois syndical) qu’ils ne voient même plus vers quels abîmes ils nous conduisent. Commentant récemment les « recommandations aux pays », José Manuel Barroso a encore ânonné le bréviaire : « Il n'y a aucune contradiction entre austérité et croissance. La consolidation budgétaire est la condition du retour de la confiance et donc de la croissance », a martelé le président de la Commission européenne.

Toute la zone euro est contrainte à réduire ses dépenses publiques et les rémunérations de ses salariés pour gagner des parts de marché sur ses voisins. Réduction de la demande publique, restriction de la demande privée, lutte de tous contre tous : voici les vrais moteurs de la déflation et certainement pas la « dérive des coûts salariaux » comme une énorme littérature tend à en persuader l’opinion publique. Contrairement à ce qui est claironné, les coût salariaux unitaires réels (hors inflation) ont baissé dans la zone euro depuis l’introduction de la monnaie unique (1). Un peu dans les pays du Sud, beaucoup (trop) en Allemagne. Et partout la part des salaires dans le PIB a reculé. Mario Draghi rame donc dans un sens pour créer artificiellement de l’inflation, alors que dans la même barque, dix-huit gouvernements accompagnés par la Commission de Bruxelles rament dans la direction opposée, bien plus vite et bien plus fort que lui.

Pour retrouver un peu d’inflation, la solution la plus simple, la plus rapide et la plus efficace ce n’est donc pas de prêter de l’argent moins cher (les agents privés sont encore plus surendettés que les Etats…) mais de rendre du pouvoir d’achat, pour que la consommation redonne du tonus à l’activité et soutienne les prix. C’est ce que fait Matteo Renzi en Italie avec un plan ambitieux de relance de 90 milliards d’euros dont 10 milliards d’allégement fiscaux pour les bas revenus. C’est une première piste. Elle est soutenue par Xavier Timbaud de l’OFCE. « En repoussant de quelques années la retour à l’équilibre des finances publiques pour financer des investissements publics permettant la transition écologique, les gouvernements se donneraient les moyens de combattre la déflation », explique l’économiste néokeynésien.

Mais en fait le plus simple serait tout simplement d’augmenter les salaires. « Quelle horreur », s’écrient les économistes orthodoxes, les entreprises n’y survivraient pas ! Ah bon ? Même pas les Allemandes qui affichent des taux de rentabilité à 40% en moyenne ? En fait un peu de coopération et de bon sens dans la zone euro, plutôt que des diktats idéologiques, permettrait de parvenir à une politique des rémunérations. « Les instruments de pilotage existent, explique Toujours Xavier Timbaud, en instaurant un Smic dans chaque pays membres (nous y sommes presque avec l’Allemagne dès 2015, ndlr), les pays en excédent, comme l’Allemagne, pourraient augmenter leurs salaires minima. Ils pourraient aussi pousser les traitements des fonctionnaires. »

On peut ajouter que pour lutter contre une monnaie trop élevée, la hausse des salaires est un médicament souverain : en réduisant l’excédent global de la zone euro, elle pèserait réellement sur le cours de la monnaie unique contre le dollar… Ce qui ramènerait à la fois un regain de croissance (en France entre 0,4% selon l’OFCE et 0,6% selon Bercy), d’emplois et une hausse des prix par l’augmentation des produits importés (pétrole…). Ce retour de l’inflation permettrait en outre aux Etats et aux ménages de se désendetter plus vite…

Des salaires et des prix qui augmentent, des déficits qui se réduisent, des entreprises qui retrouvent des débouchés pour leurs produits, des emplois qui se créent… Cela ressemble au progrès. Il est temps d’en retrouver le sens.


(1) Les salaires au cœur de la crise de la zone euro ? Odile Chagny, Michel Husson et Frédéric Lerais, Revue de l’IRES n°173, 2013.

 

Source : Marianne.net

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