Aubry, la femme qui tombe à piques

C'est vrai qu'elle tombe à piques, pour essayer de ramener le PS vers son électorat, mais c'est, hélas, encore insuffisant... Et puis, je crois qu'il faut rester réaliste.

Rappelez-vous que Martine Aubry est la fille de Jacques Delors, un des pères fondateurs de l'Europe.

De plus, comme Manuel Valls ou François Hollande, elle est membre du Siècle (Arnaud Montebourg et Ségolène Royal ne le sont pas).

Cependant, je suis content que l'on conteste de plus en plus ouvertement la politique du gouvernement, et plus loin que cela, celle de l'Europe.

On a encore vu ce week end les conséquences dramatiques de leurs politiques, alors est-ce ce que vous voulez pour notre pays ?

Leur seul argument, c'est : « Il n’y a pas d’alternatives. » Eh bien SI ! Il y en a, mais elles vous ont été sciemment cachées et volées au droit démocratique.

« l’économie doit être au service de l’homme et non l’homme au service de l’économie... » (M. Allais)

Les absents ont toujours tort, parlez entre vous, informez-vous aussi sur le Traité transatlantique et son opacité, et tout le reste...

La période que nous vivons s'écarte de plus en plus de la démocratie, si tant soit peu qu'elle l'ait jamais été...

Aussi, il faut nous battre concrètement, tous ensemble, sinon nous continuerons à être soumis à l'usure, ruinés, exploités, déchus de tout nos acquis, et qui plus est, intoxiqués à large échelle, et ce en totale légalité...

Bien à vous,

L'Amourfou,

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Martine Aubry à Paris, devant le siège du groupe Kering, le 12 novembre 2013. (Laurent Troude)

RÉCIT : La maire de Lille est sortie de sa réserve pour dénoncer l’impasse de la politique économique du gouvernement. Et décliner ses propositions.

Une autre voix. Celle que réclamaient beaucoup de socialistes. En donnant ce week-end une longue interview au Journal du dimanche et en publiant sa contribution aux états généraux du PS sur un nouveau site internet (1), Martine Aubry a soigné la mise en scène de son retour dans le débat. En réalité, la maire de Lille, qui s’était vite réfugiée dans le silence une fois François Hollande élu, n’a fait que rassembler et donner corps à des critiques déjà exprimées cet été. L’ex-première secrétaire du PS avait au préalable attendu que sa mise en examen dans l’une des enquêtes dans l’affaire de l’amiante soit annulée le 27 juin par la cour d’appel de Paris pour s’exprimer pleinement. Et avait, depuis, lancé plusieurs pierres dans les jardins de Hollande et de Valls. Contre la réforme territoriale fin juillet, pour le droit d’appliquer l’encadrement des loyers chez elle en août ou, début octobre, contre la baisse des dotations aux collectivités locales, prévue pour 2015, qui mèneraient, selon elle, à la «catastrophe sociale».

Ciblage. Dimanche, en se livrant à une critique en bloc de la politique économique menée par Hollande, la finaliste de la primaire a franchi un palier. Et en raillant les tentations libérales plus ou moins avouées de Valls et du ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, (lire page 4), Aubry se pose de fait en alternative à gauche (lire ci-dessus). Sur le fond, elle répète ce que les frondeurs disent depuis des mois. Elle réclame un meilleur ciblage des aides aux entreprises et une réaffectation vers les ménages de la moitié des 41 milliards de la baisse des charges des entreprises. «Il n’y a pas une seule ligne politique, il en existe d’autres. Et voilà une autre option», complète le député du Finistère Gwenegan Bui. Pour ses proches, qu’Aubry porte enfin publiquement un tel discours «rééquilibre» le rapport de force qui les oppose à Valls et d’autres socialistes. «Elle est tout sauf une irresponsable, donc nous ne sommes plus disqualifiés dans la discussion préalable. Mais nous sommes portés par quelqu’un dont la voix tonne», veut croire un de ses proches. «Le gouvernement a prouvé cette semaine qu’il pouvait dialoguer», observe déjà François Lamy, ex-ministre et fidèle aubryste. Il en veut pour preuve les concessions apportées aux radicaux de gauche en échange de leur maintien au gouvernement. L’ex-ministre de la Ville y voit la possibilité d’une inflexion de la ligne gouvernementale.

Bui prend exemple sur les allocations familiales : «Pour faire des économies, le gouvernement a choisi d’écouter sa majorité et, au final, on a une vraie réforme de structure.»

Avec la suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu ou en acceptent de moduler les allocations familiales, l’exécutif semblait avoir désamorcé la contestation interne. Mais, en intervenant en plein débats budgétaires, Martine Aubry donne du crédit aux propositions et critiques formulées par les parlementaires «frondeurs». Lesquels ont été très enthousiastes sur les réseaux sociaux à ce soutien de poids. Quant au Premier ministre, dont les partisans voient depuis des mois l’ombre d’Aubry derrière la «posture» de ces députés critiques, il voit se poser face à lui une figure socialiste. Et non des moindre puisqu’il s’agit de l’ex-patronne du PS, ministre des années Jospin…

«Nerfs solides». Dimanche, devant ses alliés du Parti radical de gauche, Valls a ironisé pour mieux renvoyer Aubry à un rôle de simple contributrice : «A gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse. Nous la faisons vivre chaque jour, même chaque dimanche. Parfois un peu trop, mais il faut avoir les nerfs solides. Comptez sur moi pour avoir les nerfs solides.»

En hollandais toujours méfiant au moindre mouvement d’Aubry, Bruno Le Roux a répliqué plus sèchement et dépeint une maire de Lille davantage tournée vers le passé. «Les états généraux [du PS], c’est pas simplement la machine à revenir sur tout ce qui est tranché», a lancé le patron du groupe socialiste à l’Assemblée. Ironie du sort : le tout frais président UMP du Sénat, Gérard Larcher, a émis les mêmes critiques en dénonçant des propositions d’Aubry qui sentent «la naphtaline» et fustigeant«les rengaines du passé».

Mais si, comme souvent, son avenir personnel paraît très difficile à déchiffrer, Aubry est entrée pleinement dans le quinquennat Hollande. Un fond théorique déjà défendu lors de la primaire socialiste de 2011 jalonne sa contribution aux états généraux du PS. L’ex-première secrétaire y retrace à grands traits les contours d’une «nouvelle social-démocratie». A savoir un modèle qui «reconnaît le marché, mais […] veut un Etat stratège pour l’orienter et le réguler» et qui a «l’égalité comme boussole et l’individu comme référence». Reprenant son principe du «care», Aubry défend l’idée d’une société bienveillante, fondée sur un «lien social renouvelé»,«le partage et le goût du commun comme alternative aux simplismes du marché, l’audace et l’imagination pour oser produire du progrès face au déclin». Ça, c’est pour les principes théoriques. Quant à la mise en pratique, Aubry propose sur son site de soutenir sa contribution et de «la nourrir», expliquent ses proches. «Les signatures arrivent par centaines, assure son porte-parole, Olivier Dussopt. Les copains qui s’en occupent sont un peu dépassés.» Après deux ans de silence, il fallait bien réveiller des réseaux en sommeil. Empêcher aussi des militants de s’en aller.

(1) Ensemble-reussir.fr

Lilian ALEMAGNA et Rémy DODET

 

Source : Liberation.fr

Informations complémentaires :

 

 

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