Dix millions de Français frappés par la crise du logement

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PARIS (Reuters) - Dix millions de personnes sont affectées par la crise du logement en France, selon le 18e rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur l'état du mal-logement publié vendredi.

Il s'agit du premier rapport publié depuis la prise de fonction de François Hollande qui a signé en février 2012 le "contrat social" de la Fondation qui prévoit la production de 500.000 logements par an, dont 150.000 sociaux.

Reçue à l'Elysée jeudi matin, une délégation de la Fondation Abbé Pierre a décrit un "chef de l'Etat très au fait du problème et de la situation".

"Il a déclaré qu'il ne renierait aucun des engagements pris l'année dernière en dépit de la situation budgétaire et économique actuelle", a dit à Reuters le délégué général de la Fondation, Patrick Doutreligne.

François Hollande devrait effectuer très prochainement un déplacement sur le thème du logement au cours duquel il pourrait annoncer une série de mesures.

Six ans après la mort de l'Abbé Pierre, la fondation éponyme recense 685.142 personnes privées de domicile personnel, dont 133.000 sans domicile, 18.142 en résidence sociale, 38.000 en chambre d'hôtel, 85.000 dans des "habitations de fortune" et 411.000 contraintes de vivre chez des tiers.

Quelque 2,7 millions de personnes vivent par ailleurs dans des conditions de logement jugées "très difficiles", sans confort ou très surpeuplé. Le rapport fait également état de 172.847 personnes vivant dans des logements meublés et 71.188 gens du voyage ne pouvant accéder à une aide d'accueil.

Au total, ce sont plus de 3,6 millions de personnes qui sont mal logées. S'ajoutent 5 millions de personnes fragilisées par rapport au logement, c'est-à-dire occupant une copropriété en difficulté, un logement surpeuplé, ou devant faire face à des impayés.

ENGAGEMENTS

Le rapport fait également état de 1,179 millions de ménages en attente d'un logement social, de 3,8 millions de ménages en situation de précarité énergétique, de 1,3 million de locataires en difficulté de paiement tout comme 565.000 propriétaires, et de 91.000 ménages menacés d'expulsion.

La publication de ce rapport survient alors que plusieurs affaires de mal-logement ont été récemment médiatisées. Une mère célibataire d'une trentaine d'années a ainsi été expulsée mi janvier, en pleine trêve hivernale, de son logement de 4m2 à Paris après trois mois d'impayés.

En signant le "contrat social pour une nouvelle politique du logement" en 2012, François Hollande s'était engagé à atteindre l'objectif de 500.000 logements par an, généraliser la taxe sur les logements vacants dans les zones de marché tendu, encadrer les loyers privés et éradiquer 600.000 logements indignes.

Lors de sa rencontre jeudi avec la Fondation Abbé Pierre, le chef de l'Etat a "souligné que les efforts devaient être poursuivis pour favoriser la production de logements", selon un communiqué de l'Elysée.

"Un an après le changement de majorité politique, un certain nombre de dispositions ont été adoptées, des perspectives ont été tracées", estime la Fondation Abbé Pierre dans son rapport. "Certes on ne peut pas attendre des résultats significatifs après six mois d'action gouvernementale mais on peut toutefois apprécier si elle s'engage dans la bonne direction."

La Fondation relève entre autres les mesures de soutien au développement de la construction locative sociale, la mise en place d'un nouveau dispositif pour encourager l'investissement locatif ainsi que les dispositions concernant la taxation des logements vides ou les réquisitions.

L'organisation pointe en revanche une démarche "chaotique" du gouvernement en matière d'accueil d'urgence.

"Après une rallonge budgétaire habituelle et l'annonce de la création de nouvelles places, la démarche engagée semble toutefois aller dans le bon sens", juge-t-elle.

Quant à la gestion des expulsions, le gouvernement a "mêlé réponses en urgence et annonce de démarches plus lointaines", déplore la Fondation Abbé Pierre.

"La circulaire du 26 octobre sur la gestion des expulsions locatives a été beaucoup trop tardive pour être efficace et n'a pas su limiter les effets sociaux les plus dévastateurs des expulsions qui se sont poursuivies jusqu'au 31 octobre."

Marine Pennetier

 

Source : Reuters

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