En ces temps de grandes écoutes, l’affaire des enregistrements Bettencourt que l’on pensait terminée réapparaît. D’après nos informations, le majordome qui avait enregistré pendant un an les conversations de Liliane Bettencourt avec ses visiteurs a été mis en examen pour atteinte à l’intimité de la vie privée, le 21 février. «C’est une mise en examen technique liée à des péripéties judiciaires, commente Me Gillot, l’avocat de Pascal Bonnefoy. Mon client a répété ce qu’il avait dit depuis le début.» Soit qu’il n’avait été ni payé ni manipulé pour utiliser son dictaphone, mais qu’il ne supportait plus de voir l’entourage de la milliardaire profiter de sa faiblesse et de sa fortune.

Accord. En avril 2012, suite à une plainte de son ancienne patronne, le majordome avait déjà été poursuivi pour les mêmes faits. Cette fois, Patrice de Maistre - ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt - et François-Marie Banier sont derrière ces nouvelles poursuites. Pourquoi si tard ? Les deux hommes avaient accepté de ne pas porter plainte, dans le cadre de l’accord conclu entre la mère et la fille pour ne plus se déchirer devant la justice. Mais celui-ci s’est révélé caduc. Le gestionnaire et l’écrivain ont donc décidé de poursuivre leur action. «Dans un premier temps, le juge Gentil, qui instruisait le dossier Bettencourt à Bordeaux, a considéré qu’ils n’étaient pas recevables, retrace une source judiciaire. Il a donc fallu que de Maistre et Banier fassent appel pour obtenir gain de cause.» Les méandres judiciaires ne se sont pas terminés là : le juge Gentil a ensuite refusé d’enquêter, au motif qu’il ne pouvait entendre les deux hommes à la fois, comme victimes dans la procédure vie privée et mis en examen dans le volet abus de faiblesse.

«Dossier». Un nouveau juge d’instruction a donc été nommé, et a débuté son enquête en septembre. «Difficile de dire si les procédures sont jointes, et si le majordome sera jugé avant ou après le principal dossier Bettencourt, décrypte une source judiciaire. Il s’en sortira peut-être mieux, car il aura permis de faire condamner des gens pour des faits plus graves.» A l’inverse de Pascal Bonnefoy, Patrick Buisson, qui a enregistré le chef de l’Etat et ses proches, ne risque pas d’être renvoyé devant un tribunal, car les époux Sarkozy n’ont pas porté plainte au pénal, se contentant de demander l’interdiction de la diffusion des écoutes.

 

Source : Liberation.fr