Alcool : pourquoi les médecins et addictologues veulent-ils instaurer un prix plancher ?

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Si je vous passe cet article, ce n’est pas pour vous rabrouer, mais parce que j’ai moi-même été victime durant des années de consommation excessive de cet euphorisant étatique. Aussi, je peux vous dire qu’il n’y a pas plus vicieux que ce produit, et je suis très inquiet, notamment pour les jeunes. Vous pourrez lire dans cet article la position très ambiguë de l’État, qui compte bien sur votre consommation quotidienne d’alcool et de… cigarettes…, pour ne pas vous verser la retraite à laquelle vous aurez cotisé toute votre vie… Il n’y a pas de petites économies… Pour ceux qui voudraient s’en sortir, un message d’espoir qui réside en un mot : Espéral

Franticstudio

Des médecins alertent sur les dangers de l'alcool et réclament la mise en place d'un prix plancher pour lutter contre la consommation excessive.

"Nous témoignons des risques de l'alcool, responsable annuellement en France de 49.000 morts dont 15.000 cancers", écrivent plusieurs médecins et addictologues, parmi lesquels des spécialistes de santé publique, dans une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron. Après avoir interpellé le président de la République début mars, le collectif publie cette fois une série de 10 mesures parmi lesquelles, la mise en place d'un prix plancher sur l'alcool. 

Selon eux, le gouvernement devrait "taxer l'alcool proportionnellement au contenu en grammes d'alcool et définir un prix minimum de vente par unité d'alcool", pour réduire la consommation excessive. Les médecins réclament également que soient indiqués "les contenants la quantité en grammes d'alcool et de sucre, le nombre de calories de manière claire, lisible et contrastée" sur chaque produit commercialisé. De même, ils suggèrent d'"interdire sur tout support toutes les mentions supplémentaires non légales du type 'A consommer avec modération'" et "inscrire sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée la mention 'L'alcool est dangereux pour la santé' de manière claire, lisible et contrastée".

 

La position du gouvernement en faveur du lobby viticole

Mais en mars dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s'était dite "hostile" à l'appel de ces médecins sur RTL, estimant que durcir le message sanitaire à propos des boissons alcoolisées "peut laisser penser qu'on est pour une action de prohibition, c'est-à-dire qu'on ne veut pas d'alcool du tout, or ce n'est pas le cas aujourd'hui". Et de préciser : "Je pense qu'il faut informer les Français sur le fait que l'alcool nuit à la santé de manière proportionnelle à la dose et que chacun doit être en capacité de choisir" sa consommation d'alcool.

De son côté, Emmanuel Macron s'était engagé à ne pas durcir la réglementation liée à l'alcool durant son mandat. A ce titre, les médecins dénoncent "la désinformation soigneusement organisée par la filière alcool" et "la puissance de lobbying d'une industrie qui infiltre tous les niveaux de la société (...) jusqu'au plus haut niveau de l'État". Interrogée sur le paradoxe entre sa lutte contre les addictions et cette tolérance en matière d'alcool, Agnès Buzyn s'était défendue de céder face au lobby viticole.

Pourquoi les médecins réclament-ils un prix plancher ?

Une étude réalisée récemment et publiée le 14 avril dans la revue The Lancet suggérait qu'il fallait revoir les recommandations en termes de consommation d'alcool. Cette recherche a suivi près de 600.000 personnes originaires de différents pays développés, et s’est intéressée à leur consommation d’alcool et aux seuils à partir desquels celle-ci devient particulièrement dangereuse. Dans cette population, la consommation d’alcool est associée à de plus grands risques d’infarctus du myocarde, de maladie coronarienne, d’AVC, d’hypertension mortelle, etc.

D’après leurs résultats, les personnes qui consomment entre 100 et 200g d’alcool par semaine, ont une espérance de vie réduite de six mois lorsqu’ils atteignent 40 ans ; pour ceux qui consomment entre 200 et 350g d’alcool par semaine, l’espérance de vie est réduite de un à deux ans. Enfin pour ceux qui dépassent les 350g par semaine, l’espérance de vie est réduite de 4 à 5 ans.

L'étude recommande donc de ne pas dépasser 100 grammes d’alcool par semaine. Sachant que dix grammes d’alcool correspondent à une dose standard de différentes boissons alcoolisées : un verre de 25cl de bière, de 10cl de vin ou de 3cl d’alcool fort. La France, qui est un des 3 pays les plus gros consommateurs avec 18,2 verres d'alcool par semaine et par Français, en est encore loin.

Des recommandations dans les clous en France

Chaque pays émet des recommandations qui lui sont propres. Aux Etats-Unis par exemple, le seuil est de 196g par semaine pour les hommes et 98g pour les femmes. En Belgique, elle est de 210g pour les hommes par semaine, et de 140g pour les femmes. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que la consommation devient particulièrement dommageable lorsqu’elle est de 40g d’alcool par jour pour les femmes et de 60g pour les hommes. En France, des experts de Santé Publique France et de l’Institut National contre le cancer, ont publié en mai dernier des recommandations quant à la consommation d’alcool : il ne faudrait pas dépasser 100g par semaine et s'abstenir deux jours par semaine, selon eux. 

 

Source : Pourquoidocteur.fr

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