« Allo Louis » : avec leurs mini-services, ces jeunes Parisiens changent la vie de seniors isolés (Le Parisien.fr)

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Jardinage, courses, conseils informatiques... La start-up «Allo Louis» a créé une véritable communauté de jeunes au service des seniors à Paris et dans les communes voisines.

Alexandre a créé une start-up qui met en relation des jeunes, comme Juliette, avec des seniors,
comme Guy, pour des mini-services. LP/Eric Le Mitouard

Par Eric Le Mitouard

« Nous ne faisons pas de concurrence aux aides à domicile, ni aux infirmières. En revanche, l'enjeu est énorme : par nos mini-services, nous permettons parfois à des seniors isolés de pouvoir se maintenir chez eux et de conserver leur autonomie », assure Alexandre, 30 ans, créateur de la start-up « Allo Louis ». Pourquoi Louis ? « C'est un prénom qui présente aussi bien la génération des plus anciens et celle des plus jeunes. »

Et depuis pile un an, plus de 600 heures de mini-services ont déjà pu être rendues dans Paris et dans les communes voisines. « Notre objectif est d'atteindre les 1000 heures en mars ou avril prochain. » Et le bouche-à-oreille devrait les aider.

Guy, 89 ans, dans son appartement du 12e arrondissement, se sent rassuré. « J'ai fait connaissance avec Alexandre et les Louis il y a un an, quand je suis allé chercher les chocolats à la mairie pour les fêtes. Et tout de suite, le contact est bien passé », affirme l'homme, ancien voyageur de commerce, dont les contacts humains sont essentiels. Bien que soutenu par sa famille, c'est sur les étudiants d'« Allo Louis » qu'il se replie pour son quotidien. « Je sors de l'hôpital. Je vais avoir besoin de vous de plus en plus », prévoit-il, en se tournant vers le père de cette start-up. Un coup de fil à la société d'Alexandre et un Louis ou une Louise vient aussitôt.

Pour dix euros de l'heure payés à l'étudiant

Guy a déjà eu la visite de Pierre. « Il m'a changé une ampoule électrique. Il m'a réparé un robinet bouché et il m'a descendu une couverture un peu lourde », décline l'homme aujourd'hui affaibli. Une heure de service : dix euros payés en liquide ou en chèque directement au jeune. « C'est un classique emploi particulier et employeur qui peut être pris en charge par le Cesu », décrit Alexandre. Sa société, elle, demande une contrepartie financière en trois formules possibles : 12 euros pour une intervention à l'unité ; 15 euros pour un petit abonnement au mois (pour deux interventions en moyenne) ou à 30 euros qui autorise des visites illimitées.

Ce matin-là, Guy a téléphoné à « Allo Louis ». Et à 10 heures, Juliette est arrivée. A midi, les courses étaient faites, le repas préparé. Et un temps de conversation et d'échange a fait le reste. « A dix euros de l'heure, pour quelques interventions ponctuellement, ce n'est pas ce job qui va me permettre de payer des études », reconnaît Juliette. « Mais je suis dans le quartier. Je peux donc me déplacer facilement. C'est ma façon d'aider un peu une personne âgée. Ce que je ne peux pas faire avec mes grands-parents, plus éloignés », raconte la jeune fille d'une vingtaine d'années, ancienne scoute et étudiante à Sciences-po à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

« Je gagne un peu d'argent et je peux faire des rencontres sympathiques », se réjouit Juliette, qui a déjà pu feuilleter l'album de photos de Guy. Celui-ci, en revanche, n'a pas encore eu la force de lui jouer un morceau de trompette. Un instrument qu'il a repris à la retraite.

Depuis qu'elle s'est inscrite dans le réseau de la start-up, elle a déjà aidé Jacqueline à faire son jardin à Meudon (Hauts-de-Seine), Claude à ranger sa cave dans le 19e et donné des conseils informatiques à Marie-Françoise dans le XIe.

Une communauté de 700 Louis

Près de 700 jeunes, sur toute la France, font déjà partie de la communauté des Louis. « Pour les recruter, nous avons d'abord un entretien téléphonique de 15 minutes. Puis à chaque intervention, les Louis seniors donnent leurs appréciations. » Bienveillance, écoute et confiance sont les trois qualités principales recherchées. Et l'entraide devient un véritable facteur de relations humaines intergénérationnelles.

Alexandre Durand et son ami de lycée Adrien Laprevote n'en sont pas à leur premier coup d'essai d'action civique et solidaire. Après ses études de biologie, au lieu de se lancer dans la recherche, Alexandre a monté une première start-up, Graapz, qui a permis d'aider les petits commerçants à écouler leurs produits invendus à cinq euros le panier de 3 kg. « Nous avons ainsi réussi à sauver 60.000 kilos de fruits et légumes », se réjouissent les deux entrepreneurs. Graapz a été revendu. Et c'est maintenant dans l'entraide personnalisée qu'ils se sont lancés.

Une opération de crowdfunding vient juste de leur permettre de récolter 5000 euros. Un partenariat avec Malakoff Humanis leur a permis de doubler la mise. Le soutien de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) et d'AG2R - La Mondiale leur permet de faire grandir leur initiative. Les Louis auront la vie longue !

Pour prendre rendez-vous avec un Louis, il faut passer par le 01.88.24.80.00 ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.. Pour se faire recruter, il faut s'inscrire sur la plate-forme Allolouis.com

 

Source(s) : Le Parisien.fr via Contributeur anonyme


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