Au procès France Télécom, les peines maximales requises contre l’entreprise et ses anciens dirigeants (Le Monde)

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Le parquet a notamment requis un an de prison contre l’ex-PDG Didier Lombard, jugé pour harcèlement moral dix ans après les suicides de plusieurs salariés.

L’ancien PDG de France Télécom Didier Lombard lors du procès de l’entreprise à Paris, le 4 juillet 2019.
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le parquet a requis, vendredi 5 juillet, les peines maximales contre France Télécom et ses ex-dirigeants, dont l’ancien PDG Didier Lombard, jugés pour « harcèlement moral », dix ans après plusieurs suicides de salariés. « Les peines prévues par la loi à l’époque des faits sont très faibles. On ne peut que demander le maximum, a déclaré la procureure Brigitte Pesquié. Je vous demande la publication de ce jugement en pensant à tous ceux en dehors de cette salle qui attendent cette décision dans leur entreprise. »

Le parquet a donc demandé 75.000 euros d’amende contre France Télécom, première entreprise du CAC 40 à être jugée pour « harcèlement moral », et un an d’emprisonnement et 15.000 euros d’amende contre l’ex-PDG M. Lombard, l’ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenès et l’ex-DRH Olivier Barberot. Contre les quatre responsables qui étaient jugés pour « complicité de harcèlement moral », le parquet a requis huit mois d’emprisonnement et 10.000 euros d’amende.

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« Le dossier le plus grave de harcèlement moral que j’ai eu à voir »

« Ce qui est hors norme [dans ce dossier], c’est un harcèlement [érigé en] stratégie dans une des plus grandes sociétés du pays », a déclaré la procureure. C’est « le dossier le plus grave de harcèlement moral que j’ai eu à voir », a ajouté la magistrate, à l’issue d’un réquisitoire à deux voix qui a duré cinq heures.

L’entreprise France Télécom, rebaptisée Orange en 2013, était devenue, à la fin des années 2000, le symbole de la souffrance au travail. Il y a dix ans, elle faisait la une des médias alors que plusieurs salariés se suicidaient en laissant des courriers accablants contre leur employeur. Le tribunal a analysé les cas de trente-neuf parties civiles. Parmi elles, dix-neuf se sont suicidées.

Au cœur du procès, qui s’intéresse à la période 2007-2010, on trouve les plans « Next » et « Act », qui visaient à transformer France Télécom en trois ans, avec notamment cet objectif de 22.000 départs et 10.000 mobilités sur un total de 120.000 salariés.

Didier Lombard, Louis-Pierre Wenès et Olivier Barberot, « les chefs incontestés de la politique d’entreprise managériale (…), peuvent qualifier leur agissement ainsi : le harcèlement moral est mon métier », a déclaré vendredi la procureure Françoise Benezech. « L’obsession » du départ et de la mobilité des salariés « est devenue le cœur de métier des dirigeants de France Télécom », a-t-elle estimé.

Lire le récit : France Télécom, instants d’audience

Source : Le Monde.fr


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