Benoît Hamon veut la reconnaissance du burn-out : pourquoi ça ne passe pas ?

En attendant, ces sociétés engrangent des résultats astronomiques, en donnant des objectifs qu’ils SAVENT inatteignables. Et la pression qui en découle est telle, qu’elle  pousse les gens au suicide, comme chez France Télécom, où je vous rappelle qu'il y a eu, en 2015, pas moins de 32 plantages de cerveaux ! Mais le plus fort là dedans, c’est que rien n’est dit franchement, ce ne sont que des sous-entendus, si tu n’y arrives pas, c’est que tu es mauvais, hein !, forcément. D’ailleurs les grands groupes utilisent même des conseils de psychologues pour détruire les gens, afin de  les « reconstruire », ça ne vous rappelle rien ? Et quand les gens explosent en vol, ce sont les états qui récupèrent les pots cassés… Alors que ceci  n'est PAS une fatalité, c'est la dictature des actionnaires ! Il faut juste savoir dire NON. Et se battre au lieu de se suicider. Malheureusement pour certains il est trop tard, et ils n'ont tout simplement plus la force.

Burn Out / Le travail tue (Phanie/AFP)

Benoît Hamon (PS) lance une pétition et dépose avec 80 députés une proposition de loi visant à faire reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle. Si c'était si simple, ce serait déjà fait...

1 - Les organisations patronales font le gros dos

Les pathologies issues d'un burn-out au travail sont aujourd'hui gérées par la caisse générale de l'assurance-maladie. Si le burn-out était "reconnu", il serait pris en charge par la branche "accidents du travail-maladie professionnelle", financée à 97% par les cotisations des employeurs. Ce qui leur coûterait (cher). D'autant que le montant de ces cotisations dépend directement des résultats de chaque entreprise en matière de santé et bien-être au travail. Voilà ce qui les inviterait à une vigilance accrue.

2 - Les médecins lèvent les yeux au ciel

Seuls, les médecins du travail se sont mobilisés pour réclamer la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle. Les généralistes et les psychiatres sont souvent exaspérés de voir déferler des nuées de patients qui se disent en burn-out dès qu'ils en ont ras-le-bol de leur chef ou de leur boulot. Le succès de l'expression masque les vrais syndromes d'épuisement professionnel (autre nom du burn-out), à savoir un effondrement terrible qui met hors circuit, après les avoir rongés en douce, des gens généralement dévoués, bosseurs, hyper impliqués. Comment soigner un mal dont les vraies causes vous échappent puisqu'elles sont professionnelles ?

3 - Le burn-out n'est même pas reconnu comme une maladie (tout court)

Pour l'heure, d'ailleurs, aucune pathologie psychique ne figure dans le tableau français des maladies professionnelles. A fortiori, le burn-out. Identifié dans les années 70, il n'est qu'un ensemble de symptômes, dépourvu d'outils de diagnostic validés. Il ne figure pas encore dans les classifications internationales de pathologies et n'est pas reconnu par la communauté médicale. Il est couramment classé dans les risques psychosociaux. Pourtant, dans sa forme aiguë – l'effondrement – il s'apparente bien à un accident du travail.

4 - En attendant, c'est le système D

Quand un mal n'est pas inscrit au tableau des maladies professionnelles, on peut passer par une autre procédure : des comités régionaux sont chargés d'instruire au cas par cas les dossiers hors tableau. Mais il faut, outre prouver un lien direct avec le travail, justifier une incapacité permanente partielle (IPP) d'au moins 25%, ce qui élimine en réalité la plupart des cas de burn-out. La proposition de loi déposée par Benoit Hamon et la pétition qui l'accompagne visent à faciliter quand il y a lieu la reconnaissance des "pathologies psychiques" - pas seulement le burn-out - comme maladies professionnelles. Un principe voté par l'Assemblée nationale en juin 2015, puis annulé par le Sénat (ndlr. c'est sûr, eux ils risquent pas le burn-out...). Les 80 députés mobilisés derrière Hamon réclament que le seuil de 25% soit supprimé, comme en Suède, et que tous les dossiers puissent être au moins examinés par les comités régionaux.

5 - Les institutions renâclent

Le ministère du Travail a attendu mai 2015, pour publier sur son site un guide d'aide à la prévention minimaliste. La prudence du ministère de la Santé confine à l'autisme. L'Académie nationale de médecine vient d'ailleurs de l'appeler à se réveiller. Le 16 février, elle a réclamé la mise en place d'une structure interministérielle et le développement de programmes spécifiques de recherche. L'Académie demande en outre une meilleure collaboration entre la direction des entreprises et les médecins du travail. Les victimes de burn-out, elles, attendent surtout une meilleure collaboration entre les médecins du travail et les salariés.

6 - Et ça coincera longtemps, car le burn-out coûte cher

Selon l'Institut national de veille sanitaire (INVS), 480.000 personnes seraient touchées par la souffrance au travail, dont 30.000 par un burn-out. D'autres experts parlent de 3,2 millions d'actifs exposés en France à un risque de burn out. Difficile de trier les chiffres, tant la confusion règne faute de reconnaissance. Une chose est sûre : le phénomène est alourdi par le climat de crise de l'emploi et de panique économique. Les cas de burn out se multiplient dans tous les domaines professionnels. Or, ils se traduisent par des pathologies invalidantes, et des congés-maladie qui peuvent durer quelques mois ou quelques années. En facilitant la reconnaissance du burn out, on risque d'encourager ses victimes à sortir du silence. Tout le monde n'y a pas intérêt.

Emmanuelle Anizon et Jacqueline Rémy 

Emmanuelle Anizon et Jacqueline Remy sont auteurs de "Mon travail me tue. Burn out, pourquoi nous craquons tous", chez Flammarion

 

Source : Tempsreel.nouvelobs.com

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Le salaire de la peur
 
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