Ces banques qu'il faut toujours sauver...

Rappelez-vous l'addition 2 millards par million d'habitant c'est salé...

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REUTERS/Johannes Eisele
Mesure inédite pour la BCE (ici son président Jean-Claude Trichet) : celle-ci s'est dite prête lundi à acheter des obligations publiques d'Etat en
difficultés, pour soustraire les Etats à la pression des marchés sur lesquels ils se financent.

C'est le secteur qui a le plus profité du plan d'aide européen en Bourse, avec des progressions de l'ordre de 20 %. Une fois encore les banques ont été tirées d'affaire, alors même qu'elles ne sont pas complètement étrangères à la crise grecque. Explications. 

Elles peuvent pousser un ouf de soulagement. Les banques, pointées du doigt pendant la crise financière, viennent une nouvelle fois d'être tirées d'affaire par les pouvoirs publics, l'Union européenne, la BCE et le FMI réunis. Ce dimanche, les grandes puissances européennes ont décidé d'un plan de sauvetage historique, destiné à garantir le remboursement des dettes publiques européennes. Si l'euro en a bénéficié, avec un rebond à 1,29 dollar, ce sont surtout les Bourses et particulièrement les valeurs bancaires qui se sont envolées ce lundi sur l'ensemble des marchés mondiaux. + 23,89 % pour la Société Générale, + 20,9 % pour la BNP, +12,73 % pour la DeutscheBank en clôture... des progressions plus que réjouissantes pour un secteur encore en chute libre la semaine dernière.

Banques variation
Société Générale +23,89%
Crédit Agricole +18.65%
BNP Paribas +20.90%
Deutsche Bank +12.73%
Commerzbank +8.97%
Santander +23.22%
BBVA +22.03%
Intesa Sanpaolo +19.87%
Mediobanca +12.09%
Bank of Ireland +30.77%
HSBC +6.38%
National Bank of Greece +9.26%

Il faut dire que les nouvelles en provenance de Bruxelles sont excellentes. 750 milliards d'euros sous forme de garanties et de prêts pour rembourser les dettes publiques des pays européens en cas de défaillance : voilà qui a de quoi rassurer les investisseurs, qui craignaient jusqu'à présent un risque de défaut de la Grèce et une contagion au reste de l'Europe. Or les banques, très exposées, avec dans leur portefeuille de la dette souveraine des pays à risque, étaient particulièrement visées par la chute des achats. "En garantissant un risque de défaut de la Grèce, on garantit les banques par la même occasion, explique Nicolas Doisy économiste à Cheuvreux. D'où leur remontée spectaculaire en Bourse".

La BCE contrevient à son mandat pour sauver les banques

Les Etats ne sont pas les seuls à s'être portés au secours de l'industrie financière européenne. La BCE elle aussi a sorti le grand arsenal de mesures. Elle a en effet annoncé la mise en place de deux dispositifs censés réinjecter de la liquidité dans les circuits bancaires. Le premier, la réouverture des opérations de refinancement à 6 mois (contre quelques semaines en principe), va permettre aux banques de laisser en disposition à la BCE une partie de leurs titres à risque, en échange de liquidités. Résultat, les banques vont pouvoir récupérer plus facilement de la liquidité pour la réinjecter sur les marchés.

Autre mesure inédite pour la Banque Centrale Européenne : celle-ci s'est dite prête lundi à acheter des obligations publiques d'Etat en difficultés, pour soustraire les Etats à la pression des marchés sur lesquels ils se financent. Concrètement, il s'agit pour la Banque centrale d'acheter directement aux entreprises, et notamment aux banques ou encore aux fonds d'investissements, des titres de dettes des pays à un taux quasi identique. Chose qu'elle s'était jusqu'à présent interdite à faire dans le but de sauvegarder son indépendance. "Il faut néanmoins être méfiant à l'égard de cette annonce, nuance Nicolas Doisy. C'est une possibilité qu'elle se donne. La BCE, très respectueuse de son mandat, n'achètera probablement des obligations d'Etats que dans un second temps, si le plan européen ne fonctionne pas."

Qu'elle que soit la décision de la BCE, la confiance semble être revenue sur les marchés, au grand avantage des banques, qui peuvent se féliciter de ce plan auquel elles ne sont pas complètement étrangères. Elles ont longuement insisté pour que les Etats et la BCE viennent à leur secours. Et leur réticence à se prêter de l'argent en fin de semaine dernière a probablement précipité les choses, en conduisant à un gel progressif du crédit interbancaire. "La crise grecque a provoqué un effet de contagion sur d'autres compartiments des marchés financiers avec un risque particulier sur la capacité de refinancement des banques. La vulnérabilité du système financier dans son ensemble aux risques souverains a sans doute accéléré la décision des Etats", estime ainsi Benoit de Broissia, analyste du secteur bancaire chez KBL Richelieu Finances. Pas plus tard que la semaine dernière Jean-Claude Trichet disait n'avoir jamais "évoqué" l'achat d'obligations publiques par la BCE...

Les banques sous haute surveillance

Faut-il donc voir les banques comme les grandes gagnantes de ce plan ? "Ce n'est pas en ces termes qu'il faut se poser la question. Le plan d'aide devenait indispensable au risque de voir la crise grecque se propager à l'ensemble des économies européennes", explique Nicolas Doisy.

Et puis, les Etats n'ont pas dit leur dernier mot. Elément plutôt passé inaperçu, à côté du chiffre de 750 milliards, les gouvernements ont réitéré leur volonté de faire payer aux banques le risque assurentiel dont elles bénéficient à chaque crise financière. Dans le communiqué officiel, ils n'écartent pas la création d'une taxe sur les transactions financières. Taxe qui avait été clairement écartée par le FMI et l'ensemble des institutions européennes, au bénéfice plutôt d'une taxe sur les banques. "C'est une contrepartie de ce nouveau plan, les Etats s'engagent à améliorer la surveillance des marchés et envisagent de nouveau la création d'une taxe pour faire supporter au secteur financier la prise en charge du coût des crises", explique Benoit de Broissia. Si les acteurs de la finance ne peuvent pas porter l'intégralité de la responsabilité de la crise grecque, ils y ont largement participé, notamment à grand coup de spéculation.

Enfin, ironie du sort. Ce sont sans doute les banques qui ont le plus parié sur l'éclatement de la zone euro, avec l'achats de CDS sur les titres grecs (produits qui rapportent en cas de défaut sur un titre), qui risquent d'y perdre le plus. "Il n'est pas impossible que les Etats européens aient aussi voulu sanctionner cette attitude spéculative sur les marchés en mettant en place si rapidement un plan de sauvetage ", conclut Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC.


Source : L'Expansion


Informations complémentaires :


Crashdebug : La BCE va acheter de la dette publique dans la zone euro


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