Les communes françaises ont-elles encore les moyens financiers d’entretenir leurs églises ? La démolition récente de cinq édifices commence à inquiéter.

Société Les 45.000 églises de France sont-elles un patrimoine en danger ?
Les clochers de nos campagnes vont-ils disparaître du paysage ? L’image d’Épinal des villages français est-elle en péril ? Une série de démolitions d’églises constatée ces derniers mois inquiète. Depuis le début de l’année, cinq lieux de culte ont disparu sous l’effet des pelleteuses. Le diocèse d’Angers (Maine-et-Loire) a été le plus touché par ce phénomène avec deux églises rayées de la carte. Leurs noms fleuraient bon le terroir, Saint-Aubin-du-Pavail et Saint-Pierre-aux-Liens de Gesté. Que s’est-il passé ? Construites avant la loi de séparation de l’Eglise et de l’État de 1905, leurs entretiens étaient à la charge de leurs communes. Des maires commenceraient en effet à rechigner à financer les travaux de maintenance ou de réparation de leurs églises.
Aides de l’État plus ciblées ?
Restrictions budgétaires obligent, des élus locaux ne se feraient pas prier pour « démolir leurs problèmes ». Avec seulement 4,5 % des Français se rendant à l’église le dimanche et une pratique religieuse en forte baisse depuis les années 1970, les maires ne craindraient plus les foudres du ciel. « Il faut relativiser ces récentes démolitions. Les bâtiments en question n’étaient pas d’une qualité architecturale intéressante. Les élus dans une grande majorité ont conscience de l’importance d’entretenir leurs patrimoines », relativise Vanik Berberian, président de l’association des maires ruraux de France. Maire d’une petite commune de 350 habitants dans le Berry, il connaît bien le problème : « Sur ma commune se trouvent deux églises du XIIe siècle. L’une est inscrite et l’autre est classée à l’inventaire du patrimoine. Conséquence, je dois faire appel à des entreprises agréées pour toutes les interventions. Pour certains travaux, il faudrait une réglementation plus souple pour pouvoir faire appel à des artisans locaux. Cela coûterait moins cher ». Pour pouvoir mieux accompagner les communes dans leurs démarches de préservation du patrimoine, l’association des maires ruraux de France a donc fait des propositions au ministère de la Culture. « L’État devrait davantage aider les maires dont les églises ont un intérêt culturel qui dépasse la commune. Et pourquoi ne pas distribuer les subventions en fonction des capacités financières des municipalités ? », avance Vanik Berberian.
En France, si les collectivités publiques sont propriétaires de 40.000 églises, 5000 construites après 1905 sont possédées par l’Église, elle-même.
Mais la difficulté pour cette dernière est la même que pour les collectivités. Ainsi, cette année, un édifice « géré » par le diocèse de Béziers a été sacrifié sur l’autel de la dure réalité économique. L’église Saint-Pie X, construite en 1965 et fermée en 2008, a été démolie. Elle a été vendue à un promoteur qui construira à sa place un immeuble d’une douzaine de mètres de haut. Une autre façon de se rapprocher du ciel…
Patrice BARRÈRE
Source : Vosgesmatin.fr
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