Chypre : le Parlement rejette le plan de sauvetage

Si vous ne l'aviez pas appris depuis hier, roulement de tambour...

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Des manifestants chypriotes à Nicosie, le 18 mars. | AP/Petros Karadjias

Le Parlement chypriote a rejeté mardi soir à une large majorité le projet de loi sur la taxation des comptes bancaires, condition du déblocage d'une aide financière internationale de 10 milliards de dollars.

Le vote a été accueilli par une explosion de joie des milliers de manifestants réunis devant l'Assemblée. Le gouvernement grec de coalition a été le premier à réagir en demandant que la zone euro "corrige" le plan de soutien à Chypre.

Face à la colère des épargnants, le gouvernement avait modifié son projet de taxe, exonérant les dépôts bancaires inférieurs à 20 000 euros et prévoyant de taxer à 6,75 % les sommes situées entre 20 000 et 100 000 euros et à 9,9 % les comptes de plus de 100 000 euros. Mais le Parlement, où aucun parti ne dispose de la majorité absolue des 56 sièges, s'est prononcé contre le projet de loi par 36 voix contre et 19 abstentions.

Le projet de taxe exceptionnelle sur les comptes bancaires chypriotes, une première dans les plans d'assistance financière aux pays de la zone euro en difficulté, avait été convenu lors des négociations des ministres des finances de l'Eurogroupe sur une aide à Chypre dans la nuit de vendredi à samedi à Bruxelles. Lundi soir, l'Eurogroupe avait recommandé à Chypre de ne pas taxer les comptes dont le solde est inférieur à 100 000 euros.

LES BOURSES À LA BAISSE

Avant même que les parlementaires de l'île ne se prononcent, le parti majoritaire au pouvoir avait fait savoir qu'il s'abstiendrait. Les médias chypriotes avaient annoncé que les autres partis politiques pourraient faire de même et refuser de voter. Selon un membre du parti majoritaire, Disy, cette démarche "renforcera la position de la République de Chypre pendant les négociations".

Avant la tenue du vote, cette annonce avait fait trembler les marchés : Paris a cédé 1,3 % à la clôture, Londres 0,26 %. Quant aux taux obligataires des pays les plus fragiles, ils accusent le coup également : la prime de risque espagnole sur dix ans est repassée au-dessus des 5 %, celle de l'Italie grimpe à 4,7 %.

L'Eurogroupe avait pourtant mis beaucoup d'eau dans son vin, en assouplissant sa position sur les conditions d'octroi du plan, prévu à l'origine pour taxer tous les dépôts, même les plus faibles, à 6,7 % sous 100 000 euros et 9,9 % au-dessus. Le gouverneur de la Banque centrale chypriote avait néanmoins prévenu mardi que la version révisée du projet ne permettrait pas de lever les 5,8 milliards d'euros exigés par le plan d'aide.

RENVOI DE BALLE

Alors que la paternité du plan annoncé samedi fait toujours débat, les responsables européens se renvoyant la balle quant à savoir qui a eu l'idée de taxer tous les épargnants, M. Schäuble a précisé que, "bien sûr", il avait insisté pour que les clients des banques chypriotes soient mis à contribution.

A Paris, le ministre des finances, Pierre Moscovici, a réaffirmé mardi à la presse avoir "plaidé l'exemption des dépôts sous 100 000 euros depuis le départ", au lendemain d'une nouvelle réunion, téléphonique, avec ses homologues de la zone euro, pour rectifier le tir.

"Ce que propose l'Eurogroupe, c'est une répartition différente des taux", avec un rendement inchangé de 5,8 milliards, a expliqué Pierre Moscovici. Selon lui, "le principe selon lequel les dépôts sont intouchables en-dessous de 100 000 euros est un principe très ancré en Europe" et "la taxe a été comprise comme une remise en cause de ce principe".

SOLIDARITÉ GRECQUE

Le ministre des finances grec, Yannis Stournaras, a affirmé que les principales banques grecques se tenaient prêtes à aider leurs voisines en rachetant les filiales grecques des trois banques chypriotes, qui sont fermées jusqu'à jeudi. La Grèce "est prête à acquérir l'actif et le passif des filiales [des banques] chypriotes en Grèce", a indiqué le ministre à la suite d'un entretien avec le premier ministre grec, Antonis Samaras, sur les résultats de la téléconférence des ministres des finances de la zone euro lundi consacrée à Chypre.

Il a également indiqué que les agences des trois banques chypriotes présentes en Grèce - Bank of Cyprus, Cyprus Popular Bank et Hellenic Bank - , resteront fermées en Grèce jusqu'à jeudi, comme les banques de Chypre. Les trois principales banques grecques, la Banque nationale de Grèce, première du secteur en cours de fusion avec Eurobank, Alpha Bank, la Banque du Pirée et Hellenic Postbank, toutes en voie de recapitalisation par les fonds de la zone euro et du FMI, auraient émis leur intérêt pour absorber les filiales chypriotes.

 

Source : Le Monde

 

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