Comment l’Union Européenne a profité de l’accident nucléaire de Fukushima pour nous empoisonner (un peu plus)

Je vous en avais parlé, mais impossible de retrouver le document. On résumera par : « 400 becquerels dans les dents... » Heureusement c'est indolore ! C'est marrant, quoi qu'on en dise... C'est quand même bien en phase avec ce qu'avait calculé Zardoz ! Désolé pour le blanc sous l'image, c'est son format de sortie ; )) Enfin rassurez-vous, vous ne risquez « presque » rien... Si, si, on vous le dit ! (enfin en dehors des mutations...)

Update 26.02.2016 : Fukushima : 5 ans après, Tepco avoue avoir menti sur la gravité de l'état des réacteurs...

I_131_Europe_Anim_08052011_h_2424.gif

On a coutume de lire qu’à la suite du séisme cataclysmique qui le 11 mars dernier a frappé le Japon, le monde se trouve confronté au plus grave accident nucléaire depuis Tchernobyl. Plus d’un mois a passé, et les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima ne sont toujours pas sous contrôle. Le combustible est entré en fusion il y a déjà des semaines, et le personnel sur place lutte par tous les moyens pour le refroidir. Très vite, la contamination au Césium 134 d’aliments destinés à la consommation humaine a été constatée sur l’archipel.

Le césium a été véhiculé par les panaches de vapeur perpétuels qui s’élèvent des différents réacteurs et piscines de stockage du vieux combustible, refroidis à l’eau de mer depuis des semaines. Ce sont d’ailleurs ces mêmes isotopes de Césium 134 qui ont été relevés, à doses infimes, dans l’atmosphère et les précipitations un peu partout sur le globe depuis.

Le 25 mars 2011, moins d’une semaine après que la contamination alimentaire japonaise ait été révélée, l’Union Européenne, avec une réactivité appréciable, émettait la directive 297/2011 « imposant des conditions particulières à l'importation de denrées alimentaires et d'aliments pour animaux originaires ou en provenance du Japon à la suite de l'accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima ».

C’est dans le titre. C’est franc, c’est direct : l’UE, pour une fois, en impose. Il est hors de question de plaisanter avec Fukushima et la radioactivité.

Que précisait donc cette directive 297/2011, signée par M. José Manuel Barroso lui-même ?

Il suffit d’aller le lire sur place, à l’adresse suivante :

http://eur-lex.europa.eu/Notice.do?val=562492:cs&lang=fr&list=562492:cs,&pos=1&page=1&nbl=1&pgs=10&hwords=&checktexte=checkbox&visu=#texte ( au format PDF, plus lisible : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2011:080:0005:0008:FR:PDF)

L’article 2 nous présente la situation de manière très précise : la contamination radioactive d’aliments destinés à la consommation humaine relevée au Japon constitue un cas d’urgence sanitaire qui exige le recours à des mesures d’exception, pour notre plus grande sécurité.

On lit :

« Article 2 :

À la suite de l'accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011, la Commission a été informée de ce que les taux de radionucléides décelés dans certains produits alimentaires originaires du Japon, tels que le lait et les épinards, dépassaient les seuils de contamination en vigueur au Japon pour les denrées alimentaires. Cette contamination pouvant présenter un risque pour la santé publique et animale dans l'Union, il y a lieu, à titre de mesure de précaution, de prendre de façon urgente, des mesures au niveau de l'Union de façon à garantir la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux ainsi que des poissons et des produits de la pêche originaires ou en provenance du Japon. Cet accident n'étant pas encore maîtrisé, il convient à ce stade que les contrôles obligatoires préalables à l'exportation s'appliquent aux denrées alimentaires et aux aliments pour animaux originaires des préfectures touchées et de la zone tampon, et que des tests aléatoires sur les denrées alimentaires et les aliments pour animaux originaires de l'ensemble du territoire japonais soient réalisés lors de l'importation.»

L’objectif, on le voit, consiste à garantir le niveau de sécurité alimentaire. Et la commission expliquer ensuite qu’elle n’est pas prise au dépourvu, puisque tout un bouclier de réglementations existait déjà depuis l’incident de Tchernobyl, comme l’indique la suite du texte.

« Des niveaux maximaux ont été fixés par le règlement (Euratom) n° 3954/87 du Conseil du 22 décembre 1987 fixant les niveaux maximaux admissibles de conta­mination radioactive pour les denrées alimentaires et les aliments pour bétail après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d'urgence radiologique (2), le règlement (Euratom) n° 944/89 de la Commission du 12 avril 1989 fixant les niveaux maximaux admissibles de conta­mination radioactive pour les denrées alimentaires de moindre importance après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d'urgence radiologique (3) et le règlement (Euratom) n° 770/90 de la Commission,
du 29 mars 1990, fixant les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les aliments pour bétail après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d'urgence radiologique (4). »

Retenez bien ces numéros de directives en gras, c’est précieux.

L'article 4 nous explique qu’étant donné la situation d’urgence sanitaire constatée, et vérifiée, la commission a le pouvoir de rendre applicable les seuils maximaux prévus par ces règlements de 1987, 1989, et 1990. Car rappelons-le, cette directive dit en préambule qu’il convient de garantir la sécurité alimentaire.

« Ces niveaux maximaux peuvent être rendus applicables dès que la Commission a reçu des informations sur la survenue d'un accident nucléaire, lesquelles indiquent que les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux sont susceptibles d'être atteints ou ont été atteints, conformément à la décision 87/600/Euratom [etc. »

Question de valeurs

Quels sont-ils, ces niveaux maximaux rendus applicables, demandera-t-on, soulagés par tant de réactivité ?

La directive 3954/87 du 22 décembre 1987, rédigée pour faire face à l’après Tchernobyl, par exemple, les définit pour l’alimentation humaine et pour celle du bétail.

Tous ces seuils de radioactivité maximale sont consignés dans un tableau en annexe, à la page 6 (Il est consultable ici http://eur-lex.europa.eu/Notice.do?checktexts=checkbox&checktexte=checkbox&val=161635%3Acs&pos=1&page=1&lang=fr&pgs=10&nbl=1&list=161635%3Acs%2C&hwords=&action=GO&visu=%23texte, mais il est préférable de lire directement en PDF, puisque pour des raisons de mise en page, ledit tableau n’est parfaitement lisible que dans ce format de fichier : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CONSLEG:1987R3954:19890725:FR:PDF)

Ce tableau, intitulé : « NIVEAUX MAXIMAUX ADMISSIBLES POUR LES DENRÉES ALIMENTAIRES ET LES ALIMENTS POUR BÉTAIL » définit les valeurs maximales suivantes pour la contamination par Césium 134, en prévoyant quatre catégories :

- Aliments pour nourrissons : 400 becquerels par kg.

- Produits laitiers : 1000 becquerels par kg

- Autres denrées alimentaires (à l’exception de celles de moindre importance) : 1250 becquerels par kg

- Liquides destinés à la consommation : 1000 becquerels par kg

La valeur maximale autorisée pour les « Autres denrées alimentaires (à l’exception de celles de moindre importance) » est d’ailleurs utile pour la suite, puisqu’il est repris dans la directive 944/89 du 12 avril 1989 (http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=CELEX:31989R0944:FR:HTML; pas de PDF disponible en français)

Cette dernière, justement nommée « Règlement (Euratom) n° 944/89 de la Commission du 12 avril 1989 fixant les niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires de moindre importance après un accident nucléaire ou dans toute autre situation d'urgence radiologique », vient compléter celle de 1987 au moyen d’une cinquième catégorie de denrées alimentaires fourre-tout. Pour sa radioactivité maximale, elle précise à l’article 2 :

« Les niveaux maximaux admissibles applicables aux denrées alimentaires de moindre importance énumérées en annexe sont dix fois supérieurs à ceux fixés dans l'annexe du règlement (Euratom) n° 3954/87 pour la rubrique « Autres denrées alimentaires à l'exception de celles de moindre importance» ou conformément à des règlements adoptés en application de l'article 3 dudit règlement.»

Parmi les « denrées de moindre importance » énumérées en annexe, on découvre les câpres, les truffes, le poivre, le cacao dans ses diverses formes, les noix de muscade, etc.

Pour elles, la contamination maximale admissible est donc dix fois supérieure à celle admise pour les autres denrées : 1250 fois 10, on voyage donc à des valeurs de 12500 becquerels par kg.

Penchons-nous enfin sur la troisième directive normative invoquée par celle du 25 mars 2011. Il s’agit de la 770/90 du 29 mars 1990 (consultable ici : http://eur-lex.europa.eu/Notice.do?checktexts=checkbox&checktexte=checkbox&val=161635%3Acs&pos=1&page=1&lang=fr&pgs=10&nbl=1&list=161635%3Acs%2C&hwords=&action=GO&visu=%23texte)

Elle concerne l’élevage, et indique les valeurs de radioactivité maximale admises dans un tableau en annexe, à la fin du document. On lit, en becquerels par kg : « Niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive (césium 134 et césium 137) d'aliments pour bétail : Porcs : 1 250 ; Volaille, agneaux, veaux : 2 500 ; autres : 5 000 »

Fort bien. Mais il est où, le problème ?

Le problème, messieurs dames, chers consommateurs et électeurs, il apparaît quand on regarde les niveaux de contamination radioactive maximale admis AVANT la directive du 25 mars 2011.

Ces niveaux, ils étaient définis dans la directive 2008/733 du 15 juillet 2008. En substance, cette directive indiquait que puisque la radioactivité de Tchernobyl avait baissé, on pouvait revenir à des valeurs de limite moins hautes (http://eur-lex.europa.eu/Notice.do?val=475567:cs&lang=fr&list=479275:cs,475567:cs,&pos=2&page=1&nbl=2&pgs=10&hwords=&checktexte=checkbox&visu=#texte; et en pdf : http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=OJ:L:2008:201:0001:0007:FR:PDF)

Elle stipule, par exemple, à l'article 2 :

« 2.  La radioactivité maximale cumulée de césium 134 et 137 ne doit pas dépasser :

a) 370 becquerels par kilogramme pour le lait et les produits laitiers énumérés à l’annexe II et pour les denrées alimentaires qui sont destinées à l’alimentation particulière des nourrissons pendant les quatre à six premiers mois de leur vie et qui répondent à elles seules aux besoins nutritionnels de cette catégorie de personnes, qui sont conditionnées au détail en emballages clairement identifiés et étiquetés en tant que «préparations pour nourrissons»;

b) 600 becquerels par kilogramme pour tous les autres produits concernés.»

Sapristi, ces valeurs sont largement inférieures à celles remises en vigueur par la directive du 25 mars 2011 ?!

Faisons le calcul :

Les produits laitiers, dont le seuil de radioactivité maximale était à 370 becquerels (directive 2008), passent à 1000 ( directive1987)

Pour les produits pour nourrissons, de la valeur de 370 becquerels par kg (directive 2008), la commission repasse à 400 (directive 1987)

Pour les « denrées de moindre importance », dont la radioactivité était plafonnée depuis 2008 à 600 becquerels/kg, la nouvelle valeur maximale devient 1250 (directive 1987) x 10 (bonus "moindre importance" institué par la directive 1989) = 12500 becquerels. Un facteur x20 et plus, donc.

Et bien sûr, la directive 297/2011 d’empoisonner les animaux à coups de 1250 becquerels par kg (porc), 2500 (agneaux, veaux, volaille), 5000 becquerels (autres : donc BOEUF, bétail adulte, de grosse taille, poissons, etc.), rendus encore plus dangereux par la bio-accumulation inhérante aux rythmes du gavage industriel.

Voilà comment Bruxelles gère une urgence nucléaire : en autorisant la vente de produits plus contaminés que d’ordinaire. Voilà ce que la Commission Européenne entend par GARANTIR LA SECURITE ALIMENTAIRE. Dans un document dégoulinant de bonnes intentions mais qui prend bien soin de rester VIDE DE CHIFFRES, la Commission raconte qu’elle va adopter des MESURES D'URGENCE en raison de l'inquiétude nucléaire, et de l’autre, jouant sur les multiples renvois entre plusieurs règlements, sur les annexes et les notes de bas de page, en profite pour augmenter les limites de radiations autorisées dans les aliments.

Pour ne pas faire de peine aux producteurs asiatiques (le Japon a des voisins exportateurs très susceptibles) et aux importateurs bien de chez nous, elle les autorise à nous empoisonner plus vite. Des denrées qui le 24 mars étaient de dangereuse pour la santé, placées hors la loi, séquestrées et détruites, et qui auraient coûté très cher à leurs importateurs sont depuis le 25 considérées comme saines grâce à Monsieur José Manuel Barroso et ses complices.

On voit quelles sont les priorités de l’Union Européenne.

Félicitations.

 

P.S. : tous les liens fournis redirigent vers le site officiel EUR-Lex de la commission européenne, qui permet la libre consultation de l’intégralité du droit européen. Chacun peut aller chercher les directives en question et vérifier par lui-même, avec le moteur de recherche http://eur-lex.europa.eu/RECH_naturel.do?ihmlang=fr


Source : Le Post


Inscription à la Crashletter quotidienne

Inscrivez vous à la Crashletter pour recevoir à 17h00 tout les nouveaux articles du site.

Archives / Recherche

Sites ami(e)s