François Fillon se défend d'instaurer la rigueur

La France semble vouloir soigner son image pour séduire ses partenaires européens et financiers... stratégiquement ça se tient en ces temps difficiles. Mais il ne faut pas oublier les principaux intéressés.
 
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François Fillon, vendredi. Crédits photo : AP 

Le Premier ministre dément toute politique d'austérité et prend le pari qu'il n'y en aura pas d'ici à 2012. 

Un anniversaire austère. Pour fêter les trois ans du quinquennat, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont décidé d'amplifier les efforts d'économies budgétaires. En trois jours, le premier ministre est allé crescendo. Mercredi, il annonçait un gel des dépenses publiques. Jeudi, il en donnait le mode d'emploi. Vendredi, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue portugais José Socrates, il a confirmé et défendu ce plan. Mais à un détail près. Pas question de le baptiser «plan de rigueur», comme le disent aussi bien les commentateurs que l'opposition.

François Fillon, favorable depuis longtemps à une plus grande orthodoxie budgétaire, a récusé cette querelle de sémantique. Pour lui, la France est «loin d'un plan de rigueur» qui «n'existe pas et qui n'existera pas», a-t-il averti. Le chef du gouvernement a donné sa propre définition d'une telle politique : «La rigueur, c'est quand on réduit les dépenses et qu'on augmente les impôts. Nous, nous avons choisi, le plan de relance mis à part, de réduire la pression fiscale lorsque c'était possible et de diminuer la dépense publique. Nous sommes donc dans une gestion qui n'est pas celle d'un plan de rigueur.» Rien à voir, selon lui, avec les précédents plans de 1995 (Chirac-Juppé), 1982 (Mitterrand-Mauroy) ou encore 1976 (Giscard-Barre). Si Fillon dément toute politique d'austérité et prend le pari qu'il n'y en aura pas d'ici à 2012, il prend la précaution d'ajouter «à condition que nous mettions en œuvre la politique économique qui est la nôtre».

Prendre date

Un peu plus tôt, le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, était monté en première ligne : «Pourquoi nous ne voulons pas de la rigueur, parce que la rigueur c'est l'augmentation des impôts et ça pourrait briser le début de reprise que nous connaissons», a-t-il justifié.

L'annonce du plan d'économies de 10 % des dépenses de l'État sur trois ans (dont 5 % en 2011) se fait évidemment dans le contexte des attaques spéculatives sur la dette grecque. Mais elles interviennent aussi pour rassurer Bruxelles, le jour où un sommet extraordinaire réunit les chefs d'État pour réfléchir aux mesures de coordination économique en vue de consolider la zone euro.

Nicolas Sarkozy, qui a laissé son premier ministre évoquer seul cette cure d'austérité, devait prendre le relais dans la soirée après le dîner avec ses homologues européens, dans la capitale belge. Pour le chef de l'État, ce tour de vis budgétaire est l'occasion de prendre date. Face aux critiques de ses adversaires - de Dominique de Villepin à François Bayrou -, qui lui reprochent son laxisme, il anticipe l'échéance de 2012. Le président sait que cette question de la dette sera au centre de la prochaine campagne présidentielle. Dans son propre camp, Jean-François Copé, qui nourrit des ambitions pour 2017, en a fait l'un des sujets prioritaires de son club politique Génération France. L'ancien ministre du Budget souhaite ainsi faire inscrire l'équilibre budgétaire dans la Constitution.
 

Source :
Le Figaro

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