Des scientifiques créent une enzyme artificielle qui digère les bouteilles en plastique

Ça vous intéresse, une bonne nouvelle pour terminer ce mercredi ???? A contrario, je croyais qu'il n'y avait qu'un seul continent de plastique, mais en fait il y en a cinq... (Illustration ci-dessous)

Bonne fin de journée,

Amicalement,

f.

Cette découverte inattendue pourrait atténuer la pollution des océans.

Un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque minute dans le monde. Elles sont quasiment toutes fabriquées en PET (polyéthylène téréphtalate), un polymère breveté dans les années 1940, largement utilisé depuis les années 1970, qui présente comme inconvénient majeur de ne pas se dégrader rapidement dans l'environnement. Mais des scientifiques américains et britanniques ont réussi à élaborer, par hasard, une enzyme artificielle qui parvient à digérer ce plastique. Ce résultat a été publié dans les comptes rendus de l'Académie américaine des sciences, le 16 avril (PNAS Proceedings of the National Academy of Sciences).

Leurs travaux sont très prometteurs. Car la durée de vie de ce type de plastique est de plusieurs siècles dans l'environnement. Et le PET est produit au rythme de 56 millions de tonnes par an, ce qui représente près de 20% de la production mondiale de plastiques en 2014, selon une étude présentée au World Economic Forum en 2016. Or seulement 5% de l'ensemble des plastiques sont recyclés, ce qui conduit à un énorme gâchis et contribue à grossir le sixième continent… de déchets plastiques, formé dans les océans.

« En 2050, le poids total de plastique dans les océans devrait être équivalent à celui des poissons »

Communiqué du NREL, le Laboratoire national des énergies renouvelables aux États-Unis

Ces rejets sont si importants qu'en «2050, le poids total de plastique dans les océans devrait être équivalent à celui des poissons», précise un communiqué du NREL, le Laboratoire national des énergies renouvelables aux États-Unis.

Face à ce problème, des chercheurs japonais de l'université de Kyoto et de Yokohama avaient identifié, en 2015, une bactérie naturelle qui «cassait» le PET, pour trouver son énergie. Baptisée Ideonella sakaiensis 201-F6, cette bactérie avait été dénichée dans une décharge, à côté d'une usine de recyclage de bouteilles en PET, à Sakai, près d'Osaka. Ces premiers travaux avaient été publiés dans Science en mars 2016.

En étudiant la structure cristalline de l'enzyme extraite de cette bactérie au moyen du synchrotron Diamond (une source de rayons X), les chercheurs américains et britanniques ont identifié les parties de la protéine où la réaction chimique se produisait. Puis, ils l'ont rendue encore plus efficace en l'enrichissant avec de nouvelles fonctions chimiques.

L'une des enzymes artificielles créées parvient à digérer le plastique environ 20% plus vite que la bactérie naturelle

C'est ainsi que «nous avons déjà créé une version améliorée de l'enzyme naturelle», a indiqué à l'agence Reuters, John McGeeham, professeur à l'université de Portsmouth (Grande-Bretagne) qui a dirigé les travaux avec son homologue Gregg Beckham du NREL.

L'amélioration est toutefois minime. L'une des enzymes artificielles créées parvient à digérer le plastique environ 20% plus vite que la bactérie naturelle. «Bien que la performance soit modeste, cette découverte inattendue suggère qu'il y a la possibilité d'apporter d'autres améliorations aux enzymes, ce qui nous rapprochera d'une solution pour le recyclage des montagnes de plastiques usagés», espère John McGeeham.

Déjà, l'enzyme artificielle semble efficace pour casser les longues chaînes d'une autre formulation de plastique (PEF). De plus, les chercheurs espèrent trouver une méthode pour que l'enzyme artificielle, qui pourrait être ajoutée à une bactérie, fonctionne au-dessus de 70°C, au lieu d'être efficace à une température comprise entre 20°C et 45°C, comme pour la bactérie naturelle «mangeuse» de PET. Ce serait un moyen plus efficace pour «casser» le plastique liquéfié et récupérer ses constituants. Pour l'instant, la destruction du PET est observée en trois jours et s'effectue au rythme de quelques milligrammes de plastique par litre de déchets plastiques et par jour. Pour envisager un processus industriel, il faudrait multiplier par mille les rendements de la destruction du plastique.

 

Source : Le Figaro.fr

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