Des traces de plutonium dans la Seine...

Selon l'Autorité de sûreté nucléaire, qui écarte tout risque sanitaire, l'analyse de sédiments révèle des concentrations anormales de plutonium dont l'origine remonte aux années 60.

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Illustration. Des traces de plutonium ont été relevées dans des sédiments au fond de la Seine en
Haute-Normandie (en photo : Rouen), dans le cadre de recherches. | AFP / Charly Triballeau

Des traces de plutonium, un métal lourd radioactif et toxique produit notamment dans les réacteurs nucléaires, ont été relevées dans la Seine aux alentours de Rouen. C'est du moins ce que révèle une note d'information de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) publiée mardi sur son site internet. Le «gendarme du nucléaire» s'appuie sur les résultats d'un programme de recherche engagé en 2008 par l'Institut de radioprotection et sûreté nucléaire (IRSN) et piloté par le laboratoire de radioécologie de Cherboug-Octoville. Sous le sigle RHAPSODIS*, l'IRSN, expert public en matière de risques nucléaires et radiologiques, a réalisé différents prélèvements en amont et en aval de Rouen. Objectif: identifier et reconstituer l'historique des pollutions métalliques dans la Seine.

Mais en 2010, l'IRSN fait une découverte potentiellement inquiétante. Dans les carottes des sédiments prélevés se trouvent des concentrations anormales de plutonium. L'ASN, rapidement informée, demande alors à l'IRSN de mener des investigations afin d'identifier l'origine de ces traces et d'étudier rétrospectivement leur impact sanitaire éventuel. En effet, certains corps de professions comme les agriculteurs ou les égouttiers pourraient avoir été exposés à cette radioactivité en raison de leurs activités professionnelles.

Un risque sanitaire écarté par l'ASN

L'IRSN cherche tout d'abord à dater l'apparition de cette radioactivité dans le fleuve. Les premières conclusions permettent de déduire que ces anomalies correspondent à des dépôts datant de 1961 et 1975. Afin de déterminer les sources pouvant être à l'origine des anomalies détectées, l'IRSN interroge les exploitants nucléaires pouvant être concernés par la production de ces sources. L'origine du pic de radioactivité le plus ancien n'a pas été trouvée. Toutefois, s'agissant des sédiments datant de 1975, le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Fontenay-aux-Roses a reconnu en être à l'origine. En effet, à l'époque, le CEA était autorisé à rejeter des effluents liquides dans les réseaux d'eaux usées, dans le cadre d'opérations de retraitement et de séparation d'éléments radioactifs. «Les effluents ont pu être rejetés directement en Seine ou être traités par la station d'épuration d'Achères avant leur rejet en Seine. Les boues de la station d'épuration issues du traitement ont pu par ailleurs être épandues dans les champs voisins», précise l'ASN.

Face à cette exposition potentiellement dangereuse, l'ASN se veut rassurante. Ces traces de plutonium pour des agriculteurs ayant épandu des boues traitées par la station d'épuration d'Achères (Yvelines) ou par des égoutiers représentent un impact évalué à 0,12 mSv (millisievert). A titre de comparaison, la radioactivité naturelle reçue par toute personne en France est de 2,4 mSv et celle des examens médicaux de 1,3 mSv. Le risque sanitaire serait donc écarté. La mise en place d'une quelconque mesure est jugée injustifiée par l'IRSN.

«C'est inquiétant», affime Stéphane Lhomme, directeur de l'Observatoire du nucléaire. «À ma connaissance , c'est la première fois qu'on trouve du plutonium dans un fleuve» explique-t-il. «Ce n'est pas surprenant. Pendant les années 50, 60, 70, les CEA ont un peu fait ce qu'ils ont voulu. Ils ont fait n'importe quoi». Pour lui, le danger demeure: «En tant que métal lourd, le plutonium présente un risque important de développement de cancer du poumon. Et la contamination est sûrement plus importante que dans la région de Rouen, qui n'est que l'estuaire. Il ne serait pas étonnant que tout le cours du fleuve soit contaminé».

* Reconstitution historique des apports particulaires à la Seine par l'observation de leur intégration sédimentaire

 

Source : Lefigaro.fr

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