Prozac : les crevettes deviennent folles

A l'heure où nous sommes de plus en plus nombreux à avoir recours à des béquilles chimiques, ce qui a pour effet attendu de nous rendre plus 'contrôlable', des molécule aussi répandues que le Prozac, semblent avoir des effets insoupçonnés sur la faune... et se diffuse... A quand les mouettes folles sous Prozac® ;)

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Il est réputé lutter contre le vague à l'âme des hommes. Mais le Prozac® pourrait aussi pousser les crevettes au suicide ! Des crustacés sous antidépresseur, comment est-ce possible ? En fait la fluoxétine, molécule de l'antidépresseur le plus prescrit au monde, évacuée par les urines humaines se retrouve dans les cours d'eau de la planète, où elle chamboule le métabolisme des crevettes

Des chercheurs britanniques de l'université de Portsmouth ont exposé la crevette Echinogammarus marinus à des taux de fluoxétine proches de ceux détectés dans les eaux à la sortie des stations d'épuration. Résultat : le crustacé, habitué à fuir, à voguer dans l'obscurité ou à se mettre à l'abri dans n'importe quel recoin, devient incroyablement imprudent. La crevette est ainsi cinq fois plus susceptible de s'aventurer en milieux lumineux et d'y dériver à découvert sans complexe. Une folie qui peut la mener tout droit dans l'estomac de ses prédateurs, les poissons ou les oiseaux.

Dans la revue Aquatic Toxicology, les chercheurs expliquent que, comme chez l'homme, l'antidépresseur agit sur la sérotonine. Mais si, pour nous, cette hormone donne un coup de fouet au moral, elle favorise chez la crevette des comportements irresponsables, qui la rendent particulièrement vulnérable.

D'autres espèces concernées

Les chercheurs ont choisi la crevette comme modèle, car elle est un maillon important de la chaîne alimentaire. Mais ils sont convaincus que le médicament agit aussi sur le comportement d'autres espèces, incluant des poissons.

Dans les stations d'épuration standards, les molécules médicamenteuses ne sont que partiellement dégradées, si bien que la plupart d'entre elles finissent dans les rivières et les estuaires, surtout aux abords des villes. De nombreuses études ont déjà montré qu'une partie de nos prescriptions médicales perturbait la faune aquatique. C'est le cas, notamment, des pilules contraceptives qui féminisent les poissons. Moult recherches ont aussi été menées afin d'établir les effets d'antibiotiques, d'antihypertenseurs ou d'autres anticholestérolémies.


Source :
Le Point.fr