Ecoutes en Allemagne : le gouvernement Merkel sous pression

Hollande, Merkel, même combat...

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Le scandale des écoutes des services secrets allemands pour le compte de la NSA prend des proportions d‘une crise d‘état. Le gouvernement allemand est sous pression.

(KL) - «Il faut d‘abord qu‘on demande l‘autorisation de la NSA», telle était la réponse donnée à la commission d’enquête du Bundestag qui tente actuellement d’élucider le scandale d’espionnage des services secrets allemands (Bundesnachrichtendienst - BND) pour le compte des Etats-Unis. La commission voulait obtenir la liste de «selectors», ces mots-clés fournis par les Américains pour la surveillance d‘entreprises européennes, du gouvernement français et de la Commission Européenne. Une liste qui comprend 12000 (!) termes - donc à peu près tous les mots utilisés dans le langage courant. Un Allemand moyen utilise environ 3500 mots dans son langage quotidien - il aurait été donc intéressant de jeter un coup d‘œil sur cette liste qui se trouve toujours entre les mains du BND. Qui lui, refuse de la soumettre aux députés allemands. On croit rêver.

Le gouvernement allemand ne fait rien pour clarifier la situation, au contraire. En empêchant la commission d’enquête de faire son travail, il démontre clairement sa propre implication dans ce scandale, implication toujours niée, au point où certains des responsables, comme Ronald Pofalla, l’ancien chef de la chancellerie ou Thomas de Maizière, ministre de l’intérieur, ont déjà essayé à plusieurs reprises de déclarer ce dossier comme «clos» - en vain. La vérité est en train de se frayer son chemin, malgré les tentatives du gouvernement de faire semblant que rien de grave ne se soit passé.

Il parait de plus en plus clairement que la chancellerie était au courant de ces pratiques d’écoute des partenaires européens et de l’économie européenne depuis de nombreuses années, il semblerait que ce scandale soit connu à la chancellerie depuis 2005.

L’Allemagne, qui aime se comporter comme le donneur de leçons pour l’Europe entière, ne peut plus se cacher derrière le désir du gouvernement en place de faire taire ce scandale. Evidemment, pour Angela Merkel, la situation devient difficile. Elle, qui avait déclaré avec pathos «Espionner des amis, alors là, ça ne va vraiment pas» et qui avait niée à au moins deux reprises vis-à-vis du chef du SPD Sigmar Gabriel d’être au courant de ces pratiques, a donc menti. En toute connaissance de cause. Ce qui la disqualifie pour tout poste politique. Surtout pour le poste du chef de gouvernement allemand.

Le BND, devenu «état dans l‘état», doit être dissout - il ne se soumet à aucun contrôle parlementaire et le fait qu’il refuse de fournir les éléments demandés par la commission d’enquête du Bundestag en invoquant la nécessité d’obtenir au préalable une autorisation de la NSA, montre pour qui le BND travaille réellement. Non pas pour l’Allemagne, non pas pour l’Europe, mais uniquement comme agent pour les services secrets américains.

La CDU d’Angela Merkel réagit de manière nerveuse. Au lieu de s’efforcer de mettre de la lumière sur ce scandale qui risque d’avoir des conséquences graves, la CDU commence à accuser son partenaire de coalition, le SPD, de se comporter de manière peu loyale.

L’Allemagne d’Angela Merkel, entièrement soumise aux Etats-Unis, au point de trahir son propre pays et ses partenaires européens, se doit de réagir. La troupe des Merkel, de Maizière, Pofalla & Cie. doit tirer les conséquences et démissionner, en appelant à des élections anticipées.

L’Union Européenne, elle aussi, doit réagir. On ne peut plus tolérer le rôle de l’Allemagne en Europe, après avoir appris que l’Allemagne fournit depuis des années, les informations requises par les Etats-Unis, par exemple pour que les Américains puissent mieux négocier ce fichu TTIP - qui logiquement, doit être enterré immédiatement.

Et que penser du fait que l’Allemagne ait espionné, toujours pour le compte des Etats-Unis, la France ? Aujourd’hui, en Allemagne, on se rend compte que l’Allemagne est en train de mener une sorte de «guerre technologique» contre les autres pays européens et que les ordres viennent de Washington. Le fait que ce soit Washington qui décide quels éléments puissent être présentés à la commission d’enquête du Bundestag, en dit long. Les Etats-Unis nous ont tous espionnés et nous demandons aux Etats-Unis l’autorisation d’enquêter sur ce scandale ? Est-ce que le parquet demande l’autorisation au cambrioleur d’enquêter sur son cambriolage ?

Le jour où la France s’apprête à voter la surveillance totale de son propre pays, les députés français feraient mieux de jeter un coup d’œil sur l’Allemagne pour comprendre les torts que cette surveillance totale puisse occasionner. Nous créons des monstres technologiques que plus personne n’arrive à dompter - les apprentis sorciers des services secrets du monde ont pris le pouvoir. Et nos politiques leur préparent le terrain légal pour qu’ils puissent non seulement prendre, mais surtout garder le contrôle à tout jamais.

En fin de compte, les terroristes du 11 septembre 2001 à New York auront obtenu exactement ce qu’ils voulaient obtenir. Ils ont semé la panique dans le monde occidental, ils ont réussi à ce que l’Occident enterre la démocratie et ils auront réussi à faire en sorte à ce que la méfiance mutuelle s’installe à tout jamais dans les sociétés du monde occidental.

Maintenant, il faut une césure nette - qui doit commencer par la démission d’Angela Merkel et de son gouvernement. Un gouvernement qui a trahi l’Allemagne et l’Europe et qui fait aujourd’hui des pieds et des mains pour sauver sa peau. Et après, on s’étonne que la jeunesse européenne se radicalise ?

 

Source(s) : Mediapart.fr via Chalouette

 


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