Elections italiennes : Quels scénarios possibles après le casse-tête des résultats des législatives ?

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Ça va faire comme Syriza en Grèce, oui bon, bah ! En fait, on a écouté les Italiens, et puis... ? Bah ! On continue, business as usual, le temps que ça se tasse... le vote Cinq Étoiles c'est un exutoire. il y en a d'autres à l'extrême droite, par contre ils se verraient déjà diriger le pays, lol !...

Les votes aux élections législatives italiennes du 4 mars 2018 sont comptabilisés dans un bureau de vote à Rome
Giuseppe Lami/AP/SIPA

Les électeurs italiens ont renouvelé dimanche leurs 630 députés et 320 sénateurs.

A l'issue des élections législatives, aucune des trois premières forces électorales n’obtient la majorité absolue.Alors que la coalition de gauche s’est écroulée (23%), le parti antisystème Mouvement 5 Étoiles arrive premier en termes de suffrages (32%), et la coalition de droite/extrême droite arrive en tête des législatives (37%) mais sans espoir de constituer de majorité stable. Avec deux spécialistes de l’Italie contemporaine, 20 Minutes liste différents scénarios post-électoraux.

Au lendemain des élections qui ont renouvelé les 630 députés et 320 sénateurs italiens, le quotidien transalpin Il Tempo a résumé la situation par : « QUEL BORDEL ». Un titre lapidaire alors qu’aucune des trois forces électorales n’obtient la majorité absolue après les législatives de dimanche. La coalition de gauche s’est écroulée (23%) face au mouvement antisystème 5 étoiles (32%), quand la coalition de droite/extrême droite arrive en tête des législatives (37%).

Les adversaires de dimanche vont devoir nouer des alliances afin de pouvoir diriger la troisième économie de la zone euro. Comment ? Avec deux spécialistes de l’Italie contemporaine, 20 Minutes vous liste différents scénarios post-électoraux.

>> A lire aussi : Qui, quoi, quand ? La «story» des élections législatives italiennes 

Matteo Salvini, à la tête de la Ligue, en conférence de presse le 5 mars 2018 à Milan - P. CRUCIATTI / AFP

Une alliance entre l’antisystème Mouvement 5 Étoiles et l’europhobe Ligue ?

Selon les projections de Quorum/Youtrend, les deux partis obtiendraient, ensemble, 348 sièges à la chambre des députés (sur 630 sièges) et 170 au Sénat (315 sièges). Mais l’hypothèse d’une alliance entre le Mouvement 5 Étoiles (M5S) et la Ligue est écartée par Frédéric Attal, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Valenciennes et du Hainaut Cambrésis. « Populiste et xénophobe, l’ex-Ligue du Nord est aujourd’hui nationale, mais reste marquée par son régionalisme. Son électorat n’a rien à voir avec les électeurs méridionaux qui ont voté massivement M5S et dont le vote traduit le désespoir lié à la précarité économique », souligne le spécialiste.

>> A lire aussi : La coalition droite-extrême droite en tête aux législatives

Outre la division géographique et électorale nord-sud, les revendications des deux partis sont opposées. La Ligue revendique l’anti-fiscalisme, quand le M5S propose une redistribution vers les territoires méridionaux. Enfin, quel responsable s’imposerait face à l’autre pour diriger le pays ? « Entre le méridional Luigi di Maio [M5S] et le nordiste Matteo Salvini [Lega], qui deviendrait le chef du Conseil ? La rivalité est trop forte entre ces deux dirigeants émergents pour qu’il y ait une alliance », lance Christophe Bouillaud, professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble

La tribune vide avant une conférence de presse de l'ancien chef de gouvernement italien Matteo Renzi, à la
tête du Partito democratico, le 5 mars 2018 à Rome - ALBERTO PIZZOLI / AFP

Une alliance des partis « traditionnels » centre-gauche/droite ?

Une alliance entre les partis traditionnels proeuropéens, à savoir le Partito democratico (centre-gauche) de Matteo Renzi et Forza Italia (droite) de Silvio Berlusconi pourrait-elle se nouer ? Le scénario paraît peu probable selon Frédéric Attal. Dépassé par Matteo Salvini, Silvio Berlusconi est désormais incapable de lui imposer un marchandage, estime ce professeur. « Et la Lega est une formation d’extrême droite totalement incompatible avec le Partito democratico de Matteo Renzi. Il ne peut pas y avoir d’alliance », rappelle Frédéric Attal.

Ce scénario séduit pourtant Christophe Bouillaud, « car les partis traditionnels pourraient s’allier au nom de la responsabilité vis-à-vis de l’Union européenne », assure-t-il. Les deux responsables Matteo Renzi et Silvio Berlusconi seraient exclus de l'équation : Matteo Renzi a démissionné de la direction du Parti démocrate ce lundi après-midi, quand Silvio Berlusconi est inéligible après une condamnation pour fraude fiscale. Dernier souci : même si ces partis traditionnels s’alliaient, ils n’obtiendraient pas de majorité. Le Partito democratico obtiendrait 109 députés quand Forza Italia en aurait 104 (soit 215 sièges), loin de la majorité de 316 députés…

Luigi di Maio, à la tête du Mouvement 5 Étoiles, parti antisystème en Italie, le 5 mars 2018 à Rome, au
lendemain des élections législatives. - FILIPPO MONTEFORTE / AFP

Une alliance entre le Mouvement 5 Étoiles et le Parti démocratique (centre-gauche)

Pour obtenir une majorité à la Chambre des députés, soit 88 sièges, le M5S pourrait tendre la main aux élus du Partito democratico sévèrement battu. « Attirer 90 députés n’est pas chose impossible en Italie. Le M5S peut se tourner vers les élus les plus à gauche du Parti démocratique ou ses alliés », estime Frédéric Attal. Son hypothèse se base sur l’électorat d’Emilie-Romagne, région longtemps acquise à la gauche, et où le report des voix de gauche semble avoir fortement fait progresser le Mouvement 5 Étoiles.

Le scénario est cependant repoussé par Christophe Bouillaud. « Les candidats du Parti démocrate ont été soigneusement choisis par Renzi pour leur loyauté vis-à-vis de l’Europe. Il y a par ailleurs une grande hostilité du M5S eurosceptique à l’égard du Parti démocrate qu’il a qualifié de "nid de corrompus". Je ne vois pas des élus pro-européens soutenir une politique de M5S qui irait ferrailler contre Bruxelles ou Angela Merkel… », ajoute ce spécialiste.

Paolo Gentiloni, chef du gouvernement italien, votant lors des élections législatives italiennes le 4 mars 2018
- Andrew Medichini/AP/SIPA

Maintenir l’actuel gouvernement avant d’hypothétiques élections

Si aucune majorité parlementaire ne se construit, le président de la République Sergio Mattarella pourrait décider de laisser en place l’actuel gouvernement de centre-gauche. « Le chef du gouvernement Paolo Gentiloni n’a pas besoin de demander la confiance du futur Parlement pour gérer les affaires courantes. Il peut donc laisser passer du temps, puisque la vraie limite temporelle est fixée à fin décembre, avec le vote du budget », souligne Christophe Bouillaud. « Un gouvernement technique, à la Mario Monti mais sans sa politique économique, pourrait se traîner plusieurs mois », ajoute l’enseignant. Ce gouvernement aurait alors la tâche de changer la loi électorale qui crée un système politique instable.

Face à l’impossibilité de mettre d’accord trois forces politiques opposées, le professeur de sciences politiques estime que de nouvelles élections pourraient se tenir au printemps. « Paolo Gentiloni pourrait être tenté par cette option mais le M5S lui opposerait un refus net. Et de nouvelles élections ne feraient que renforcer le M5S qui prospère sur le rejet de la vieille classe politique », estime Frédéric Attal.

Silvio Berlusconi, leader de Forza Italia et ancien Président du Conseil a voté dimanche 4 mars pour les
élections législatives à Milan. - Antonio Calanni/AP/SIPA

Une grande coalition contre le Mouvement 5 étoiles

« Aucun des partis ne veut du M5S qui représente aujourd’hui, en termes de voix, la première des formations italiennes. Une coalition rassemblant les différentes droites et des élus du Parti démocrate en appui pourrait dépasser le M5S », suggère enfin Christophe Bouillaud. « Mais ce scénario signerait la fin du Parti démocrate qui deviendrait une roue de secours électorale », complète ce professeur.

Quelle solution sera finalement adoptée ? La réponse pourrait prendre du temps. Les deux chambres vont se réunir une première fois le 23 mars pour élire les deux présidents et constituer les groupes. Le président Sergio Matterella pourrait alors entamer des consultations pour un gouvernement. À moins que l’option de nouvelles élections soit adoptée…

 

Source : 20 Minutes.fr

 

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : Elections sénatoriales et législatives en Italie : Les partis anti-système, anti-europe, anti-immigration ont fait une percée historique (France2)

 


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