Emmanuel Macron annonce une loi anti « fake news »… avec Vladimir Poutine en ligne de mire

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Update 04.01.2018 : Vœux d'Emmanuel Macron : la loi contre les fake news "en terme idéologique semble irréalisable", selon La Quadrature du Net (FranceTvInfo.fr)

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Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi 3 janvier le dépôt prochain d'un projet de loi visant à lutter contre la diffusion de "fausses nouvelles" malveillantes. En pensant très fort à Poutine et aux médias en version française du gouvernement russe, Sputnik et Russia Today.

Avec Emmanuel Macron, les annonces arrivent parfois quand on ne les attend pas. Alors qu’il s’en était tenu à des généralités pendant ses vœux aux Français, le président de la République a profité de ses vœux à la presse, ce mercredi 3 janvier, pour présenter une future loi anti « fake news ». Tel que le chef de l’Etat a présenté ce projet « prochainement déposé », il s’apparente à un signal envoyé directement au président russe Vladimir Poutine.

L’objectif de ce texte selon Emmanuel Macron ? Lutter contre les sites qui publient sciemment de « fausses nouvelles », ce que le Président décrit comme une « propagande articulée avec des milliers de compte sur les réseaux sociaux » qui « en un instant répandent partout dans le monde, dans toutes les langues, des bobards inventés pour salir un responsable politique, une personnalité, une figure publique, un journaliste ».

Dans cette diatribe, le chef de l’Etat paraît viser particulièrement les médias russes Sputnik et Russia Today, qu’il a assimilé, le 29 mai dernier, à « des organes d'influence (...) et de propagande mensongère ». En février dernier, le site Sputnik s’est notamment fait remarquer en publiant une interview du député LR Nicolas Dhuiq qui affirmait qu’Emmanuel Macron était soutenu par un « très riche lobby gay ». Et d’ajouter : « ça veut tout dire » ou « concernant sa vie privée, ça commence à se savoir à l’heure où nous parlons ».

Limitation des dépenses de sponsoring

Le dispositif imaginé par Emmanuel Macron devra permettre d’identifier les auteurs d’une « fausse nouvelle » et son retrait. Il vise en particulier les contenus sponsorisés sur les réseaux sociaux comme Facebook, c’est-à-dire les articles mis en avant par le réseau social moyennant une somme dépensée par le média. « Les plateformes se verront imposer des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés afin de rendre publique l'identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent, mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus », a précisé le Président. Selon Twitter, Russia Today a « dépensé 274.000 dollars en contenus sponsorisés aux Etats-Unis en 2016 », pesant ainsi sur l'élection présidentielle américaine.

Procédure en référé

Le chef de l’Etat a également évoqué une nouvelle procédure de référé devant permettre au juge, saisi par un homme politique ou une personnalité diffamée, d’ordonner la suppression d’un article, voire le blocage d’un site : « En cas de propagation d'une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet ». Étonnamment, cette loi sera applicable, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, seulement « en période électorale ». Peut-être a-t-il encore en tête les "Macron leaks" diffusés deux jours avant le second tour de la présidentielle.

Lire aussi : Wikileaks publie l'intégralité des "Macron leaks" avec moteur de recherche intégré

Réforme anti-RT

Le second volet de ce futur texte concerne le CSA. Emmanuel Macron souhaite accroître ses pouvoirs, afin de « lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers ». « Cela permettra (...) de refuser de conclure des conventions avec de tels services », ou de « suspendre ou annuler » ces conventions « en prenant en compte tous les contenus édités par ces services, y compris sur internet », a ajouté le Président. Ici encore, l’allusion à Russia Today est à peine voilée. La chaîne russe a été lancée le 18 décembre dernier, malgré la méfiance du CSA, qui s’est dit prêt à agir avec « promptitude » en cas d’« anomalie ».

Tant Sputnik que Russia Today appartiennent il est vrai au gouvernement russe. Ils sont ainsi régulièrement accusés de relayer la « propagande » de régime de Vladimir Poutine. Pour autant, le dispositif voulu par Emmanuel Macron va bien concerner l'ensemble des acteurs. Certains titres pourraient s’opposer à une telle limitation de leur publicité. La bonne application de cette future loi dépendra également du bon vouloir des réseaux sociaux, notamment de Facebook. Beaucoup plus gênant pour l'ensemble de la presse, la saisie d'un juge en référé, sans garde-fou, pourrait devenir intempestive et empêcher tout simplement la presse de faire son travail...

 

Source : Marianne.net

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