Espagne : la Catalogne aux urnes dans un défi indépendantiste

La croisée des chemins pour la Catalogne qui ne pouvait déjà plus soigner ses personnes âgées.

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"In-de-pendancia", "Mas presidente", hurlaient vendredi des milliers de manifestants acclamant le président
de Catalogne,Artur Mas, au cours de son dernier meeting avant les élections de dimanche dans cette région
d'Espagne en proie à une poussée indépendantiste qui inquiète l'Europe. | AFP/Lluis Gene

Poussée par une fronde indépendantiste, la Catalogne vote ce dimanche pour élire son , dans un défi au espagnol qui pourrait mener cette puissante région du nord-est du pays vers un référendum sur son avenir. C'est ce qu'a promis dans les quatre ans à venir le chef de file nationaliste Artur Mas aux 7,5 millions de Catalans, porté par une monstre organisée le 11 septembre dans les rues de Barcelone, aux cris de «Indépendance».

Face au refus de Madrid d'accorder à la Catalogne l'autonomie budgétaire qu'elle réclame, Mas, 56 ans, a fait le pari du conflit ouvert et convoqué ces élections anticipées, deux ans avant la date prévue. Son espoir : obtenir une majorité absolue et avancer, dit-il, vers un «Etat souverain». Un jeu risqué puisque les derniers sondages ne donnent à CiU qu'une majorité relative des 135 députés régionaux, plus ou moins équivalente à sa majorité actuelle de 62 sièges. Les petits partis indépendantiste de gauche en revanche, beaucoup plus radicaux, pourraient progresser, notamment ERC, la gauche indépendantiste historique.

VIDEO. Les Catalans divisés sur la question de l'indépendance

Des chefs d'entreprises paniqués

Si Artur Mas, nationaliste de droite modéré, évite soigneusement le mot «indépendance», c'est bien un «Etat souverain» qu'il défend, affirmant que celui-ci serait viable économiquement, «le septième de l'Union européenne» en termes de richesse par habitant. De quoi faire trembler le monde des affaires face au spectre d'un Etat qui pourrait se retrouver de facto hors de l'UE et de la zone euro, alors que la région pèse pour un cinquième du PIB de l'Espagne.
 
«Lorsqu'il y a eu séparation entre la République tchèque et la Slovaquie, le commerce a été réduit de 75% dans les trois premières années et aujourd'hui c'est 50% environ», s'alarme Mariano Ganduxer, président de Fem Pinya, organisation qui regroupe 170 entreprises. «Quitter l'Espagne et l'UE pourrait signifier une réduction du PIB d'un cinquième dans les premières années», affirment les analystes du Crédit Suisse. Et il y a risque de «contagion à d'autres régions périphériques» d'autant que l'indépendance «n'offrira aucune solution immédiate à une sortie de crise», renchérit IHS. Résultat : si Mas devait obtenir une claire majorité et parler d'indépendance «les marchés pourraient être volatiles lundi en Europe», met en garde la banque suisse UBS.

Un défi majeur pour Madrid

Le président régional se veut rassurant, face aux craintes d'une partie de la population, qui redoute un éclatement de la société et une sortie de l'Europe pouvant créer un effet domino, par exemple sur l'Ecosse, où un référendum est prévu en 2014, ou sur la Flandre. «Si la Catalogne avait son propre Etat, actuellement ce serait, par la création de richesse par habitant, le septième pays de l'Union européenne», a-t-il affirmé vendredi.

Le gouvernement conservateur espagnol, déjà accaparé par sa lutte contre la crise économique, se retrouve confronté à un défi majeur : si la perspective d'une éventuelle indépendance reste éloignée, il en va néanmoins de la pérennité du modèle de l'autonomie régionale, l'un des fondements de la Constitution de 1978. Depuis deux ans, la frustration montait en Catalogne après une décision du Tribunal constitutionnel espagnol de réduire son statut d'autonomie élargie, datant de 2006, gommant l'article qui la définissait comme une «nation».

Sur ce terreau identitaire très sensible, la crise économique a ravivé les frustrations, la Catalogne, écrasée par les coupes budgétaires, accusant l'Etat central de l'entraîner dans un gouffre financier : elle affirme souffrir d'un déficit fiscal de 16 milliards d'euros par an, ce que conteste Madrid. La région, aujourd'hui la plus endettée d'Espagne, réclame un «pacte fiscal», équivalent à celui dont bénéficient le Pays Basque et la Navarre, qui lui permettrait de lever elle-même l'impôt et de gommer les inégalités dont elle se dit victime.

 

Source : Leparisien.fr

Information complémentaire :

Crashdebug.fr : La Catalogne suspend ses subventions sociales, les salaires menacés

 


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