L'accord de libre-échange avec les Etats-Unis ne serait-il pas la fausse bonne idée par excellence ? Obama a cité l'Europe dans son discours sur l'état de l'Union. Explosion de joie du côté de Bruxelles... mais n'est-il pas un peu tôt pour se réjouir ?
Il y aura eu le NTA, le NTMA, le TAD, le TED et enfin le Tafta. Et bientôt sera créé un nouvel acronyme non identifié. Il désignera lui aussi un projet d’accord sur une vaste zone de libre-échange entre les Etats-Unis et l’Union européenne.
A leur grande surprise, les Européens ont été cités dans le discours sur l’état de l’Union du président Barack Obama en début de semaine. En une seule phrase, le président a annoncé son projet, “lancer les discussions sur un Partenariat Transatlantique sur le commerce et l’investissement global avec l’Union européenne”. Et d’ajouter que ce sera bénéfique pour l’emploi américain.
Autant le dire tout de suite, les avantages sont loin d’être évidents… pour l’Union européenne. Bien que l’ensemble des dirigeants politiques se soient déclarés favorables, j’ai de sérieux doutes sur les bénéfices d’un tel accord.
En particulier, deux secteurs de ce côté-ci de l’Atlantique pourraient souffrir de cet accord. A l’inverse, les gagnants aux Etats-Unis sont évidents. Je vous confierai quels seront les acteurs promis à une belle réussite si un tel accord était signé.
En attendant, voici un rapide survol des conséquences de l’initiative de Barack Obama. Attention, nous entrons dans une zone de perturbation…
Vive l’"OTAN économique" !
Les dirigeants européens ont accueilli cette initiative avec enthousiasme. David Cameron s’est empressé de soutenir le projet, pendant que le porte-parole de la chancelière allemande, Steffen Seibert, espérait voir les négociations commencer “au cours de la présidence irlandaise”, c’est-à-dire avant juin.
A Bruxelles, c’était carrément l’explosion de joie. José Manuel Barroso a déjà parlé d’”une excellente nouvelle pour l’économie mondiale” et du “plus grand accord commercial du monde”. Enfin, l’ambassadeur américain à Bruxelles a déclaré que “l’OTAN économique” ouvrait des perspectives importantes pour les pays européens et renforçait l’unité européenne.
Côté chiffres, les dirigeants n’ont pas été avares non plus. Déjà, les échanges transatlantiques représentent près de 650 milliards de dollars. Cette zone permettrait de les faire encore progresser, et d’ajouter pour certains experts une croissance de 0,5% de PIB annuel en plus côté européen, et 0,4% côté américain d’ici 2027. La Chambre de commerce américaine a même parlé de 1,5% en plus.
Un relais de croissance inespéré
Au fond, cet accord de libre-échange serait d’un genre particulier. Il ne s’agit pas comme pour n’importe quel accord de libre-échange d’abaisser les droits de douanes… ils sont déjà particulièrement bas, autour de 3-4%.
Cet accord tournerait davantage autour du démantèlement des “barrières non tarifaires”, qui sont équivalentes à des droits de douanes de 10 à 20%. Il s’agit des normes techniques et sanitaires, des certifications, de la protection intellectuelle, de l’ouverture des marchés publics et de la protection des investissements. Par exemple, les constructeurs automobiles européens ont du mal à exporter aux Etats-Unis du fait de règles de sûreté autour des phares automobiles américains.
Mais d’autres commentateurs ont surtout mis en exergue la demande d’une plus grande intégration avec les Etats-Unis… pour se protéger de la concurrence chinoise. Former un bloc économique puissant serait le moyen idéal de lutter contre le basculement du centre de gravité de l’économie en Asie.
De Gaulle échange les dollars contre l'or par capetien_cherifien