EXCLUSIF. Syrie : Paris envoie une frégate en Méditerranée orientale

Je dois dire, alors que la situation se tend de plus en plus, que j’ai été agréablement surpris ce matin d’apprendre que 55% de mes compatriotes voyaient clair dans le jeu des Américains au sujet d’une possible intervention française en Syrie (vidéo en nformations complémentaires). J’avoue un peu, que comme le reste, on publie des infos, mais on reste quand même assez réaliste quant à leur impact par rapport aux médias « mainstream ». Aussi, je vous avouerai que j’ai été assez fier quand j’ai vu ce sondage, ne lâchez rien... Il ne faut pas mettre la main dans cet engrenage potentiellement explosif, et il y a une manifestation ce samedi 31 août à Paris pour montrer publiquement votre oposition à cette guerre…

Bien à vous,

L'Amourfou.

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La frégate Chevalier Paul, ici à Toulon. © Alexandre Marchi / Maxppp

À toutes fins utiles, Paris a décidé dans le plus grand secret, selon nos sources, l'envoi au large de la Syrie, depuis Toulon, d'un navire de la force d'action navale, la frégate antiaérienne Chevalier Paul. Au ministère de la Défense, on se refuse à évoquer quelque dispositif militaire que ce soit, en parlant d'"activités habituelles" pour les forces françaises. Il n'en reste pas moins que le Chevalier Paul rejoindra la flotte internationale actuellement déployée face aux côtes syriennes, qui compte notamment quatre frégates lance-missiles de l'US Navy, ainsi qu'un certain nombre de sous-marins nucléaires d'attaque américains et britanniques, dont les déplacements ne sont pas annoncés. Hormis la frégate française, tous ces navires sont susceptibles de tirer des missiles de croisière Tomahawk. Le Chevalier Paul, l'un des navires français les plus modernes et les plus puissants, serait extrêmement utile si le régime syrien tentait d'envoyer ses avions contre les navires des marines occidentales.

Des frappes contre le régime de Damas semblent de plus inéluctables, qui seraient menées par les forces armées appartenant à au moins trois pays : les États-Unis, le Royaume-Uni et la France. Si l'on en croit des sources informées à Paris, ces frappes ne pourraient pas se produire avant le départ des observateurs de l'ONU à Damas et la publication des résultats deleur enquête sur le massacre de civils par des armes chimiques, le 21 août dernier. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a déclaré mercredi qu'il faudrait encore quatre jours avant que les experts aient terminé leur mission, ce qui ne laisse pas augurer de frappes avant le lundi 2 septembre au plus tôt.

Urgence humanitaire

Autre contrainte : le Conseil de sécurité de l'ONU ne pourra pas donner son aval à une attaque, en raison notamment de l'opposition ferme de deux de ses membres permanents, la Russie et la Chine, à une telle initiative. Une initiative comparable à celle qui avait permis l'opération de l'Otan au Kosovo en 1999, au nom de l'urgence humanitaire et de la nécessité de protéger les populations victimes de crimes de guerre, serait alors possible. On entend dire de bonne source à Paris qu'il serait nécessaire que les premières phases d'une opération militaire se produisent avant que ne commence le 4 septembre le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg. Entre le 2 et le 4 septembre, la "fenêtre de tir" paraît bien courte. D'autres options sont-elles sur la table ?

À Paris, les consignes sont extrêmement strictes, et personne n'évoque les hypothèses sur lesquelles les plus hautes autorités de l'État travaillent et qui ont été abordées mardi au conseil de défense restreint auquel ont participé 14 personnes, selon l'AFP : le chef de l'État François Hollande, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, les ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Jean-Yves Le Drian (Défense), Manuel Valls (Intérieur). Étaient également présents le directeur de cabinet du Premier ministre Christophe Chantepy, le conseiller diplomatique de François Hollande Paul Jean-Ortiz, Pierre-René Lemas, secrétaire général de l'Élysée, l'amiral Édouard Guillaud, chef d'état-major des armées, le chef d'état-major particulier du président de la République le général Benoît Puga et son "adjoint terre" le colonel Pierre Schill, ainsi que Francis Delon, secrétaire général de la Défense et de la Sécurité nationale, Bernard Bajolet (DGSE), Patrick Calvar (DCRI) et Alain Zabulon, coordonnateur national du renseignement. À ce stade, la nature de la participation française à des frappes ou à toute autre opération visant à adresser à Bachar el-Assad le "coup de semonce" qui le dissuaderait de recourir à nouveau aux armes chimiques n'est pas connue.

L'option du Charles de Gaulle

L'éventualité d'un envoi dans la zone du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle a été évoquée ces derniers jours, avant même la tenue du conseil de défense. Alors que le navire est prêt, son équipage et ses flottilles entraînés après une longue période d'entretien, son programme actuellement prévu n'a finalement pas été modifié. À ce stade, le navire amiral de la flotte française et son groupe aéronaval d'escorte doivent entamer fin novembre une mission de plusieurs mois qui les mènera dans l'océan Indien. En revanche, le départ du Chevalier Paul de Toulon n'est qu'une question d'heures, s'il n'est déjà effectif.

La France ne dispose pas encore du missile de croisière naval ou "SCALP naval", qui doit équiper les frégates FREMM à partir de l'an prochain et qui sera également embarqué à bord des sous-marins nucléaires d'attaque de nouvelle génération Barracuda, dont le premier exemplaire, le Suffren, doit entrer en service en 2017. Ce missile d'environ 1 000 kilomètres de portée est au point, plusieurs tirs ont permis d'en qualifier les performances, dont le dernier le 13 juillet 2013, et les premières commandes ont été passées à l'industriel MBDA.

Distance de sécurité

En l'absence de cet engin, les Français disposent d'un autre missile de croisière, le SALP-EG, que peuvent tirer les Mirage 2000, ainsi que les Rafale de l'armée de l'air et de la marine. Ce missile a été tiré pour la première fois par les Français contre des cibles libyennes en 2011 et il serait susceptible d'être utilisé contre Damas depuis une distance supérieure à 250 kilomètres, c'est-à-dire en principe hors de portée des défenses antiaériennes syriennes. À supposer que Paris décide formellement de faire le coup de feu contre Damas, ce serait possible avec des avions équipés de missiles SCALP, sans entrer dans l'espace aérien syrien. Sans doute une option parmi d'autres...

 

Source : Lepoint.fr

Informations complémentaires :

 

 


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