Fièvre Ebola : le sommet d'Accra prend l'épidémie à bras-le-corps

Onze ministres africains de la Santé ont débattu des mesures d'urgence à adopter pour contenir cette épidémie, l'une des pires de l'histoire.

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Des membres de la Croix-Rouge dans la zone d'un hôpital de Conakry où les malades d'Ebola sont soignés en
juin 2014. © AFP

L'Ebola et d'autres fièvres hémorragiques ont tué depuis janvier 467 personnes sur 759 cas recensés dans les 3 pays touchés, la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) publié mardi. C'est 129 décès de plus que le précédent bilan publié une semaine auparavant, soit une augmentation de plus d'un tiers, signe que l'épidémie est repartie, après une accalmie en avril. Le sommet de crise a commencé mercredi à Accra. Y ont pris part les ministres de la Santé ou de hauts responsables de Guinée, Liberia, Sierra Leone, Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo, Gambie, Ghana, Guinée-Bissau, Mali, Sénégal et Ouganda, l'OMS et différents partenaires de l'agence de l'ONU.

Une polémique autour de l'administration de médicaments

Le professeur Jeremy Farrar, spécialiste des maladies tropicales et directeur de l'organisation Wellcome Trust, a lancé une polémique au début de la réunion d'Accra en appelant, dans plusieurs médias internationaux, les autorités sanitaires à autoriser l'administration de médicaments non encore pleinement testés aux patients. "Même si ces morts sont tragiques (...), les êtres humains ne sont pas des cobayes", a réagi le professeur Ian Mackay, virologiste de l'université de Queensland, en Australie, joint par l'AFP. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques et des universités américaines sont en train de travailler sur un vaccin contre le virus Ebola. Ils en sont à des stades divers d'expérimentation, mais aucun vaccin n'a été suffisamment testé pour être autorisé sur les populations. "La question est : utiliserait-on ces remèdes sur des citoyens britanniques ?" a demandé M. Mackay. "Si l'épidémie avait eu lieu là-bas, aux États-Unis ou en Australie, ces pays auraient-ils considéré cela comme acceptable d'un point de vue éthique ?"

Le virus Ebola, qui provoque des fièvres hémorragiques suivies de vomissements et de diarrhées, tire son nom d'une rivière du nord de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été repéré pour la première fois en 1976. Avant l'actuelle épidémie, le virus avait causé la mort de 1 587 personnes, soit les deux tiers des personnes infectées, selon un décompte de l'AFP basé sur les données de l'OMS. On parle souvent d'un taux de mortalité pouvant atteindre 90 % des cas : ce chiffre correspond en réalité au pourcentage de malades ayant succombé au virus lors de la première épidémie de 1976 et lors d'une seconde épidémie particulièrement meurtrière au Congo-Brazzaville, en 2003. Le taux de mortalité de l'épidémie actuelle est de 61,5 %, soit un peu plus bas que la moyenne, mais elle couvre une région géographique bien plus étendue que les précédentes. En l'absence de vaccin ou de traitement, on ne peut que prendre en charge les symptômes, notamment en réhydratant les malades par perfusion. Médecins sans frontières (MSF) a averti la semaine dernière que l'épidémie touchant trois pays d'Afrique de l'Ouest était désormais "hors de contrôle" et menaçait de se propager à d'autres zones.

La nécessité de prendre en compte des données traditionnelles

L'épidémie est partie de la Guinée, qui compte 303 morts (dont 193 attribués de manière certaine à Ebola). Le Liberia a dénombré 65 morts (33 attribués à Ebola) et la Sierra Leone, 99 morts (65 attribués à Ebola). Selon les experts présents au sommet d'Accra, les croyances traditionnelles encore très ancrées dans de nombreux villages favorisent la propagation du virus. Les rituels funéraires, notamment, où les parents et les amis sont en contact direct avec le corps du défunt, jouent un rôle important dans la transmission. Les ministres de la Santé ont notamment décidé d'impliquer davantage les chefs locaux auprès des populations à risque, des chefs bien plus influents que les experts médicaux internationaux dans les régions les plus reculées, selon Abdulsalami Nasidi, du centre nigérian de contrôle des maladies, un des délégués au sommet. Selon Lawrence Ntim-Gyakari, chef de la sécurité pour la société minière Newmont au Ghana, les discussions ont "bien commencé", les délégués ayant fait preuve d'un "fort engagement politique" pour stopper l'épidémie.

 

Source : Lepoint.fr

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