Le dossier Fralib dans les mains d’Arnaud... par BFMTV
Le juge a laissé quinze jours de répit aux salariés pour trouver une solution négociée avant de prononcer leur expulsion. Les représentants de la CGT rappellent à Arnaud Montebourg ses promesses électorales en faveur d'une loi « antimondialisation ».
Le nouveau ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, pourra-t-il contraindre Unilever à renoncer à son projet de fermeture de l'usine d'ensachage de thé Fralib à Gémenos ? C'est ce que veulent croire les salariés de l'entreprise après le jugement en référé rendu mercredi par le tribunal de grande instance de Marseille qui leur a accordé jusqu'au 1er juin pour trouver une solution négociée avec la multinationale avant de prononcer leur expulsion, « si besoin avec l'assistance de la force publique ».
Le dossier est plus que jamais politique. En septembre, Arnaud Montebourg, questionné par les Fralib sur la sauvegarde du patrimoine industriel national, avait ainsi déclaré : « Dans les cas les plus extrêmes, par mesure de rétorsion et pour obliger Unilever à modérer ses positions, nous ferons la loi qu'il faut. La lutte [contre les effets pervers de la mondialisation] ne doit plus être l'apanage des ONG et des associations de consommateurs, mais des Etats. »
Le rappel au nouveau ministre
Dans un courrier qui lui a été adressé hier, les représentants CGT de Fralib sont venus lui rappeler ses propos et demander la tenue d'une table ronde avec les ministères concernés, les syndicats des salariés, les collectivités et le groupe Unilever pour « engager un travail approfondi de mise en oeuvre de notre solution alternative ». Les 103 salariés qui restent, sur 182 à l'origine, demandent à la multinationale de leur céder la marque d'infusion Eléphant, les outils de production, et de leur apporter une aide au démarrage en prenant à son compte 30 % des salaires et des contributions sociales, la location du bâtiment industriel sur dix ans, l'approvisionnement en matière première et le soutien commercial du groupe pendant le même laps de temps, la garantie d'achat des volumes sur cinq ans et le financement d'un fonds de roulement de 5 millions d'euros.
« Même avec notre soutien, cette solution alternative n'est pas viable », répond Sophie Jayet, porte-parole de Fralib, qui a demandé une contre-expertise du projet des salariés pour appuyer son argumentaire. « En tant que société indépendante avec une production de 1.000 tonnes par an jugée suffisante pour être à l'équilibre selon leurs projections, Fralib serait structurellement déficitaire de 9,3 à 12,3 millions d'euros », conclut le rapport du cabinet Salustro, sans compter un environnement de marché mature et très compétitif où Unilever a déjà perdu 20 % de part en six ans, qui justifie, selon lui, la fermeture d'une de ses quatre usines de thé et d'infusion en Europe.
Paul Molga, Les Echos
Source : Les Echos