Gilles Jacquier, un témoin des conflits des vingt dernières années

Il est dommage que ces hommes dévoués à leur cause ne passent de l'ombre à la lumière que dans des conditions tragiques... Et ne puissent pas donner un autre son de cloche aux médias, c'est peut-être du reste ce qui l'a tué... Mes pensées vont à son épouse et ses jumelles qui, je l'espère, auront un soutien financier de la part de son employeur...

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En 2003, Gilles Jacquier avait obtenu le prestigieux prix Albert-Londres, avec son collègue Bertrand Coq,
pour leur couverture de la deuxième Intifada en Palestine. Reuters/HANDOUT

Kosovo, Afghanistan, Algérie, révolutions arabes, Gilles Jacquier, grand reporteur de France 2, tué mercredi 11 janvier à Homs, a couvert la plupart des conflits armés des vingt dernières années. En 2003, il avait obtenu le prix Albert-Londres pour des reportages lors de la seconde Intifada palestinienne.

"J'ai horreur de la guerre, mais sur ces terrains, je peux faire de vraies rencontres. Le plus souvent les gens sont eux-mêmes, très sincères face à une caméra et on ne peut rester insensible à leur souffrance, racontait le journaliste dans une interview. Moi, j'aime surtout filmer les gens au plus près de l'action, avec leurs émotions et sans voyeurisme."

Né le 25 octobre 1968, ce passionné d'images depuis sa plus petite enfance, démarre sa carrière comme journaliste reporteur d'images (JRI) dans une chaîne locale à Annecy en 1989, TV8 Mont-Blanc. Deux ans plus tard, il entre à France Télévisions et rejoint la rédaction nationale de France 3 en 1994.

Il sillonne le monde, couvre les Jeux olympiques d'hiver de Lillehammer, de Nagano, le Festival de Cannes, les élections en Afrique du Sud. Mais surtout, caméra à l'épaule, Gilles Jacquier couvre tous les conflits depuis les années 1990, à commencer par celui du Kosovo. Suivront la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), l'Algérie, la Côte d'Ivoire, Haïti, l'Irak, Israël, la Palestine, jusqu'aux révolutions arabes.

BLESSÉ EN PALESTINE

Gilles Jacquier dit avoir vu la "mort à grande échelle, avec des trous béants et des dizaines de cadavres arrivant sur des brancards et jetés là toutes les heures". Il est particulièrement bouleversé par les massacres en Algérie dans les années 1990 et dans la jungle de Kisangani, au Zaïre, avant la chute de Mobutu en 1997.

En 2003, Gilles Jacquier obtient le prestigieux prix Albert-Londres, avec son collègue Bertrand Coq, pour leur couverture de la deuxième Intifada palestinienne. "Gilles était un excellent reporteur de guerre, il n'avait peur de rien, avait un côté casse-cou mais ne prenait jamais de risques inconsidérés", témoigne Bertrand Coq. Durant leurs reportages à Naplouse, Gilles Jaquier est blessé. "Une balle avait pénétré par le côté de son gilet pare-balles et l'avait touché à la clavicule. La balle avait été extraite par un médecin suisse à l'hôpital de Naplouse", se rappelle-t-il.

Féru de sport, ancien champion de descente à ski, le grand reporteur "mettait dans son travail tout l'acharnement, tout le talent et toute la motivation d'un grand sportif. Il ne rentrait jamais sans les images. Jamais", souligne Bertrand Coq.

"Gilles était un des meilleurs de France 2, un homme hors norme, on est tous sous le choc, il va beaucoup, beaucoup nous manquer", a déclaré Thierry Thuillier, directeur de l'information du groupe, après l'annonce de la mort du journaliste.

 

Source : Le Monde.fr

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