Graph Search : quand Facebook permet d'identifier « les hommes mariés qui aiment les prostituées »

Énorme, si via cette fonction on peut interroger comme cela librement la base Facebook, et qu'elle répond ! C'est vrai que ça doit être l'éclate..., Imaginez alors ce que les gouvernements peuvent faire..., Enfin ce n'est pas faute de vous avoir prévenu...

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La fonction Graph Search de Facebook permet d'effectuer des requêtes potentiellement sensibles.
TWITTER.COM/TOMSCOTT

WEB - Un tumblr listant les recherches embarrassantes – ou carrément dangereuses – du nouveau moteur du réseau fait fureur. Après 24 heures, son auteur a décidé de le fermer...

Tout ce que vous «likez» pourra être utilisé contre vous. On s'en doutait un peu mais l'agitateur britannique Tom Scott et son imagination l'ont prouvé: Graph Search, ce moteur de recherche interne que Facebook a dévoilé la semaine dernière, est l'outil rêvé des espions et des stalkers en herbe.

Sur le tumblr «Actual Facebook Graph Searches» (de véritables recherches sur le graphe Facebook), il publie des résultats au mieux drôles, au pire carrément dangereux, surtout quand ils s'aventurent sur le terrain des préférences sexuelles ou politiques. S'il a pris soin d'anonymiser les captures d'écran, son initiative n'a pas été appréciée par tout le monde. L'agitateur a finalement décidé de fermer le site, estimant que son message était passé.

«Hommes musulmans qui aiment les hommes et habitent Téhéran»

Pour Mark Zuckerberg, Graph Search doit permettre de trouver «les restaurants près de chez moi que mes amis aiment» ou «les amies de mes amis qui sont célibataires et qui aiment Game of Thrones» ou encore «les amis de mes collègues qui sont managers chez BNP Paribas». Si les utilisateurs fournissent assez d'informations – ce qui est très loin d'être le cas pour l'instant – Facebook pourrait devenir le guide urbain, le site de rencontre ou l'agence de recrutement ultimes.

Sauf qu'en permettant de combiner des recherches comme le sexe, l'âge, le lieu géographique, les préférences sexuelles et politiques et tous les centres d'intérêts signalés d'un «like», les possibilités sont infinies. «Hommes mariés qui aiment les prostituées»? Plus de 100 résultats. «Les filles célibataires de mon quartier qui aiment les hommes et se bourrer la gueule ?» Pareil. «Des mères catholiques qui aiment la marque Durex et habitent en Italie» ? Il y en a. Le seul garde-fou : Facebook protège les profils des mineurs.

Les requêtes peuvent être encore plus sensibles. «Hommes musulmans qui aiment les hommes et habitent Téhéran» ? Plus de 1000 résultats (de nombreux ont toutefois coché «hommes et femmes» et n'ont a priori pas compris qu'il s'agissait de la préférence sexuelle, ndr). «Les entreprises qui emploient des gens qui aiment le racisme» ? L'US Air Force et McDonalds arrivent en tête. Si Pékin veut identifier les Chinois qui aiment le Falun gong, ce mouvement spirituel réprimé dans le sang, Graph Search a la réponse.

Des utilisateurs dans l'ignorance

A la décharge de Facebook, Graph Search ne recherche que dans les données publiques ou celles des membres de votre réseau qui les partagent avec leurs «amis» ou les «amis d'amis». En clair, le nouveau service ne modifie pas les réglages existants. Si des résultats ressortent, c'est que ces informations étaient déjà publiques. Mais comme souvent, de nombreux utilisateurs l'ignorent.

«Quoi !? Non, je ne savais pas que mes intérêts étaient publics», répond à 20 Minutes une utilisatrice américaine qui a listé le «SM» entre «Monet» et «Nietzsche». «Je possède un sex-shop à Los Angeles, et j'utilise Facebook pour mon marketing donc cela ne me dérange pas. Mais pour d'autres personnes, cela pourrait être embarrassant», poursuit-elle, avouant n'être «jamais trop allée dans les réglages».

Des réglages confus

Facebook a tellement modifié ses menus qu'il n'est pas facile de s'y retrouver. «Qui peut voir mes posts» est désormais directement accessible en un clic. Sauf que les «posts» ne concernent pas les «likes». Pour ces derniers, le réglage n'est pas dans le menu «vie privée» mais directement sur la page des intérêts, via un bouton «éditer», catégorie par catégorie.

En créant un nouveau profil, Facebook précise simplement, tout en bas de la page : «Les établissements scolaires, les employeurs et les images de profil sont publiques. Vous pouvez contrôler l’audience des autres photos que vous téléchargez sur Facebook.» Pour le reste, l'utilisateur est censé trouver tout seul la vingtaine de réglages différents de son profil. Et par défaut, ils sont presque tous publics (posts, photos, intérêts). Les deux seules exceptions : la religion et la politique (amis d'amis) et le téléphone mobile et l'adresse (amis).

Facebook pourrait très bien corriger le problème en mettant par défaut des réglages beaucoup plus stricts de partage, mais cela serait contre son intérêt sur le front publicitaire. Pour l'instant, Graph Search n'est déployé qu'au compte-gouttes, sur demande, pour les profils en anglais. Mais dans quelques mois, un milliard d'utilisateurs y aura accès. Et le merveilleux rêve de monde connecté de Mark Zuckerberg pourrait bien virer au cauchemar.

Après plusieurs dérives récentes, avez-vous pris le temps d'ajuster les réglages de vie privée par défaut ?

Philippe Berry
 
 
Source : 20minutes.fr
 
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