Guérini, Navarro : ces affaires qui empoisonnent le PS

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À gauche ce n'est pas mieux... Sous le fond du retour triomphant (et assourdissant) de Dominique Strauss-Kahn ... ça flingue à tout va, et c'est comme par hasard à l'aube des primaires socialistes... Les affaires explosent comme des grappes de mines et les choses se simplifient d'elles-même. Du reste Arnaud Montebourg est le grand vainqueur de son acte de terrorisme domestique au sein du PS, et dégage le terrain, au moins il met un coup de pied dans la fourmilière.

La seule chose préoccupante (ou permettant l'espoir c'est selon) c'est la synchronicité des affaires affleurant à l'UMP et simultanément au PS... Peut-être enfin une chance pour des candidats alternatifs ayant une certaine authenticité... (informations complémentaires).

La meilleure synthèse des faits récents concernant les affaires du PS est encore, à mon sens, livrée par Hélène Decommer du Nouvel Observateur :

PRIMAIRE SOCIALISTE. Dominique Strauss-Kahn n’est plus le seul à empoisonner la primaire du PS. Le Parti socialiste est désormais plombé par des affaires qui touchent plusieurs de ses barons de province et qui risquent de rejaillir sur ses deux principaux candidats.

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Martine Aubry et François Hollande à l'Université d'été 2011 du PS (AP Photo/Bob Edme/SIPA)

En cette période essentielle pour l’avenir du parti et de ses leaders, le PS n’avait pas besoin de ces boulets supplémentaires !

Après l’affaire DSK qui a contraint Martine Aubry à se déclarer avec deux mois de retard sur son rival François Hollande à la primaire du PS, après le retour trop médiatisé, dimanche 4 septembre, de Dominique Strauss-Kahn (qui a annoncé vouloir s’exprimer prochainement à la télévision), voilà que de nouvelles affaires remontent à la surface au pire moment.

À Marseille, à Montpellier, à Fos-sur-Mer, à L’Haÿ-Les-Roses, quatre grands barons socialistes sont mis en cause dans des affaires financières plutôt troubles, qui explosent comme autant de bulles nauséabondes, susceptibles d’empoisonner la campagne des deux principaux leaders de la primaire, François Hollande et Martine Aubry.

Jean-Noël Guérini, "l’ami gênant" de Martine Aubry

À Marseille, Jean-Noël Guérini, le sénateur PS et président du Conseil général des Bouches-du-Rhône a été mis en examen ce jeudi 8 septembre par le juge Charles Duchaine pour "complicité d'obstacle à la manifestation de la vérité", "prise illégale d'intérêt", "trafic d'influence» et "association de malfaiteurs en vue du trafic d'influence et recel de trafic".

En fait, le baron marseillais, qui aurait mélangé les affaires et la politique, est rattrapé par les ennuis judiciaires de son frère Alexandre, mis en examen pour "blanchiment, abus de biens sociaux, détournement de fonds publics, recel, corruption et détention de munitions", dans l'enquête sur les marchés présumés frauduleux de déchets des Bouches-du-Rhône.

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Jean-Nœl Guerini fait une déclaration devant le TGI de Marseille après sa mise en examen le :
08/09/2011 (VILLALONGA KARINE/SIPA)

Or, Jean-Noël Guérini refuse de démissionner de ses fonctions de patron de la fédération PS des Bouches-du-Rhône malgré les exhortations de Harlem Désir, le premier secrétaire par intérim.

Cette affaire, qui, comme par hasard, tombe en pleine campagne de la primaire, met la candidate Martine Aubry en situation délicate. En effet, en décembre 2010, Arnaud Montebourg (lui aussi candidat à la primaire), en tant que secrétaire national à la Rénovation du PS, avait rendu un rapport très négatif sur la situation des Bouches-du-Rhône à la première secrétaire.

Ce rapport, rendu public au printemps dernier, n’a pas, à l’époque, entraîné de mesures particulières à l’encontre de Guérini. Or, disent les détracteurs de Martine Aubry, ce dernier aurait "apporté la centaine de voix nécessaires" à son élection au poste de première secrétaire au congrès de Reims. De quoi faire naître des soupçons sur les raisons de la mansuétude dont aurait bénéficié le baron marseillais de la part des instances du PS.

Robert Navarro, "l’ami gênant" de François Hollande

À Montpellier, Robert Navarro, un fidèle de Georges Frêche, qui avait été exclu du PS avec ce dernier pour avoir monté  une liste dissidente aux régionales en 2009, fait l’objet d’une plainte pour "malversations" et "abus de confiance" depuis mars dernier, de la part du Parti socialiste.

Quand il était président de la fédération de l’Hérault, il aurait multiplié les notes de frais de voyages pour lui et son épouse. Par ailleurs, de 2008 à 2010,  la fédération aurait commandé  pour… 42.000 euros de pizzas dans un restaurant de Montpellier.

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Le premier secrétaire de la fédération socialiste de l'Hérault Robert Navarro le 11/03/08 à
Montpellier (AFP PHOTO / PASCAL GUYOT)

Or, Robert Navarro, qui se dit victime d’un "flingage politique" de la part de la direction du PS, a été enrôlé, au mois d’août dernier, par François Hollande, comme responsable local de sa campagne, et ce, malgré son exclusion du parti. Une vieille amitié lie les deux hommes. Quand il était premier secrétaire du parti, François Hollande avait autorisé Robert Navarro, malgré les statuts du PS qui interdisent ce cumul des mandats, à être député européen tout en demeurant premier secrétaire fédéral de 2004 à 2008.

Mais lundi 5 septembre, Jean-Pierre Moure - nommé porte-parole départemental du PS et soutien de François Hollande - a boudé la conférence de presse de Navarro à laquelle il avait prévu d'assister. "Il m’a dit qu’il passerait. M’enfin il ne faut pas voir malice en toute chose", a commenté Robert Navarro.

 

D’autres affaires judiciaires embarrassent le PS

À Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, Bernard Granié, l’ancien maire devenu président du syndicat d’agglomération Ouest Provence, a été condamné en appel mercredi 7 septembre à deux ans de prison ferme, 100.000 € d’amende et cinq ans d’inéligibilité pour corruption dans le cadre d’un marché public de collecte de déchets.

Une peine plus lourde que celle de première instance (un an de prison) mais qui fait d’ores et déjà l’objet d’un pourvoi en Cassation. Bernard Granié était accusé de "corruption", notamment d'avoir perçu, entre 2003 et 2006, la somme de 300.000 euros en liquide de la part de la société Provence Recyclage, en échange d'informations sur un marché de collecte des déchets attribué par la collectivité.

À L’Haÿ-Les-Roses, enfin, dans le Val-de-Marne, le député-maire Patrick Sève, en garde à vue depuis mardi 6 septembre, a été mis en examen à son tour jeudi 8 pour "octroi d'avantages injustifiés" et "soustraction de fonds publics" dans le cadre d¹un marché public, par le juge  de Créteil.

Cette décision intervient après la mise en examen de son directeur général des services pour "recel d¹abus de biens sociaux", "détournement de biens publics et corruption".

La justice veut déterminer quelles relations lient le député-maire, son directeur et un restaurateur qui emportait régulièrement les marchés publics. Patrick Sève a été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

Toutes ces affaires arrivent au pire moment pour le Parti socialiste, alors qu’il s’efforce de convaincre ses sympathisants à participer nombreux à la primaire qui désignera le challenger de Nicolas Sarkozy.  Il ne faudrait pas qu’après l’affaire DSK, les Français renforcent leur conviction que les hommes politiques sont "tous pourris", quel que soit leur camp.

En attendant, ces scandales locaux révèlent d’anciennes pratiques détestables de la part des fédérations socialistes qui nécessitent évidemment de faire le grand ménage. Mais après l’élection interne. Pour être efficace, en effet, chaque combat doit être mené l’un après l’autre.

Source : Le Nouvel Obs

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