Inde : Premier essai d'un missile nucléaire de longue portée

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Agni V ("feu" en sanskrit) peut atteindre des cibles au cœur de la Chine, mais aussi des pays non asiatiques
selon les experts. (AP/SIPA)

L'Inde a effectué avec succès, jeudi 19 avril, le premier tir d'essai d'un missile de longue portée à capacité nucléaire. Ce vecteur peut potentiellement frapper la Chine et plusieurs pays non asiatiques. Une avancée majeure qui place le pays aux portes du groupe fermé des pays détenteurs de missiles balistiques intercontinentaux.

Le missile Agni V, d'une portée de 5.000 km [appartenant à la classe IRBM des missiles balistiques "intermédiaires" d'une portée de moins de 6.400 km, NDLR], a été lancé à 8h05 heure locale (2h35 GMT) depuis une base située en mer au large de l'Etat de l'Orissa, dans l'est du pays. Ce missile de 50 tonnes et de 17 mètres de haut peut atteindre des cibles sur tout le territoire chinois ainsi que dans le reste de l'Asie et dans certains pays d'Europe, selon les experts.

Seuls les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Chine, Russie, France, Etats-Unis, Royaume-Uni) sont actuellement dotés de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), d'une portée supérieure à 5.500 km.

Un "événement historique"

Le Premier ministre, Manmohan Singh, a félicité les scientifiques pour le lancement réussi du missile tandis que le ministre de la Défense, A.K. Antony a salué "un impeccable succès", qualifiant le tir "d'avancée majeure dans le programme de missiles de l'Inde", selon des propos cités par son porte-parole.

Pour le chef de l'agence chargée du développement des technologies militaires (DRDO), V.K. Saraswat, il s'agit d'un "événement historique qui honore notre pays dans le domaine de la technologie des missiles". "Nous sommes aujourd'hui une puissance dotée de missiles sans égal dans la plupart des pays du monde", a-t-il ajouté sur la chaîne New Delhi television (NDTV).

Selon un membre du Centre indien d'études sur la puissance aérienne, Kapil Kak, "l'Inde a démontré sa capacité à fabriquer un ICBM".

Un effet dissuasif

La troisième puissance économique d'Asie s'est engagée dans un vaste programme d'acquisitions militaires pour moderniser son armée et accroître ses moyens de défense, en particulier vis-à-vis de la Chine. La frontière entre les deux géants asiatiques, qui se sont affrontés lors d'une guerre éclair en 1962, est au centre de négociations bilatérales depuis les années 1980 et leurs relations diplomatiques restent empreintes de méfiance.

La Chine, dont l'arsenal militaire est beaucoup plus avancé que celui de l'Inde, n'a pas réagi officiellement mais le quotidien gouvernemental Global Times a prévenu dans un éditorial jeudi que New Delhi "ne devrait pas surestimer sa force".

Selon Ravi Gupta, porte-parole de la DRDO, ce missile a "un effet dissuasif pour éviter les guerres et n'a pas été développé contre un pays particulier". Et de qualifier ce programme de "purement défensif".

Un développement "de prestige"

Agni, qui signifie "feu" en sanskrit, est le nom donné à une série de cinq missiles développés par la DRDO en vertu d'un programme débuté en 1983. Tandis que les missiles de courte portée Agni I et II (jusqu'à 2.500 km) ont été principalement développés dans le contexte des tensions avec le Pakistan, Agni III et IV (jusqu'à 3.500 km) sont davantage perçus comme des moyens de dissuasion à l'égard de la Chine.

"Agni V peut atteindre des cibles au coeur de la Chine, libérant potentiellement les missiles de plus faible portée pour un usage contre le Pakistan et une bonne partie de l'ouest et de la Chine du sud et du centre", explique Poornima Subramaniam, du Centre d'analyse sur la défense IHS Jane.

Shannon Kile, expert en armes nucléaires à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), estime pour sa part qu'Agni V fait partie d'un développement "de prestige" dans le cadre des aspirations de l'Inde à jouer un rôle accru sur la scène internationale.

Le tir de missile intervient peu de temps après le retour de l'Inde dans le cercle restreint des pays détenteurs de sous-marins à propulsion nucléaire, avec la mise en service d'un nouveau submersible prêté par la Russie pour dix ans.

Source : Le Nouvel Observateur avec AFP

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