France et Belgique volent au secours de Dexia

Je croyais que les banques et les États ne pouvait pas faire faillite ? Ce sont les gens qui ont leur compte bancaire à la Banque postale qui vont être contents...

Privatiser les profits, nationaliser les dettes...

La question d'une recapitalisation par les États, qui constituerait de facto une quasi-nationalisation, n'a pas été formellement exclue.

"Tout dépendra du schéma présenté par le management de Dexia", a expliqué le ministre belge des Finances.

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LUXEMBOURG/PARIS (Reuters) - La France et la Belgique ont volé mardi au secours de Dexia alors que le scénario d'un démantèlement de la banque franco-belge, fragilisée par la crise financière et notamment par son exposition à la Grèce, gagne en crédibilité.

Le placement, la veille, sous surveillance négative de la dette de Dexia par Moody's, en raison des inquiétudes de l'agence de notation concernant les liquidités du groupe et son accès au refinancement bancaire, a accéléré le processus.

L'action Dexia a perdu jusqu'à 38% mardi dans la matinée, atteignant ses plus bas niveaux historiques, pour ensuite limiter quelque peu ses pertes dans l'après-midi.

Le titre a clôturé en repli de 22,46% à 1,01 euro alors que l'indice européen des banques, bien que touché par les nouvelles craintes sur la dette souveraine grecque, a limité ses pertes à 4,02%. Le titre a perdu près de 60% depuis le début de l'année, ramenant sa capitalisation boursière à moins de deux milliards d'euros.

Réuni d'urgence, le conseil d'administration de la banque a mandaté dans la nuit de lundi à mardi l'administrateur délégué, Pierre Mariani, pour qu'il s'attaque aux problèmes structurels du groupe, trois ans après un premier plan de sauvetage public de plus de six milliards d'euros, qui avait permis à Dexia d'échapper à la faillite.

Le syndicat belge Centrale nationale des employés (CNE) a déclaré mardi avoir eu connaissance d'un projet de démantèlement de Dexia en plusieurs entités séparées, qui menacerait 150 emplois au sein de la holding de la banque.

Plusieurs responsables politiques français et belge ont évoqué mardi publiquement le projet de création d'une "bad bank", une structure de défaisance distincte où serait cantonné le portefeuille obligataire à risque de la banque, d'un montant de quelque 100 milliards d'euros.

"Nous devons regarder comment changer ce groupe. Nous devons retirer tous les éléments dangereux de la banque, c'est là que les garanties d'Etat entreront en jeu - c'est ce que l'on appelle une 'bad bank' - puis on pourra donner des garanties aux clients, qu'ils soient des déposants ou des solliciteurs de crédit", a déclaré le ministre belge des Finances, Didier Reynders dans un entretien à la chaîne de télévision RTL.

SOUTIEN DES BANQUES CENTRALES

Dans un communiqué commun, Didier Reynders et son homologue français François Baroin s'engagent ainsi à ce que les deux Etats apportent "leur garantie aux financements levés par Dexia". Les banques centrales des deux pays ont apporté également leur soutien à Dexia et souligné que les clients de la banque n'avaient aucune raison de retirer leur argent au guichet.

La création d'un nouvel établissement bancaire français - qui permettrait d'adosser une partie du portefeuille des prêts aux collectivités locales de Dexia à ceux de la Caisse des dépôts et de la Banque postale - est par ailleurs à l'étude.

Ce financement pourrait s'organiser en partenariat entre la Caisse des dépôts et la Banque postale. "Ceci peut en particulier passer par la reprise de certaines activités de Dexia dans ce domaine", a déclaré à Reuters une source proche de la CDC.

Une réunion du comité d'investissement du conseil de surveillance de la CDC doit se tenir mercredi mais rien n'indique que le projet soit suffisamment abouti pour y être formellement présenté.

Selon le rapporteur général UMP de la commission des Finances du Sénat, Philippe Mariani, qui confirme qu'un tel projet est à l'étude concernant le financement local, l'Etat ne prévoit pas d'injecter directement de l'argent dans cette opération.

En revanche, l'hypothèse d'une vente de Dexia à un autre groupe bancaire européen, sur le modèle de Fortis cédée à BNP Paribas, n'a pas les faveurs des analystes, les investisseurs soulignant que Dexia n'est pas vendable en l'état.

Le groupe Dexia est principalement composé d'une banque de détail en Belgique, d'une banque privée au Luxembourg, du pôle de financement des collectivités locales en France et de la banque Denizbank en Turquie. Le maintien de cette "pépite" turque dans le périmètre de la banque ainsi que celle du pôle de gestion, peut paraître également incertain.

LE SORT DES MINORITAIRES

La question d'une recapitalisation par les Etats, qui constituerait de facto une quasi-nationalisation, n'a pas été formellement exclue.

"Tout dépendra du schéma présenté par le management de Dexia", a expliqué le ministre belge des Finances.

A peine évoqué, ce nouveau plan de sauvetage de Dexia, qui serait ainsi la première banque victime en Europe de la crise de la dette souveraine, a suscité des réactions de la part des représentants des actionnaires minoritaires de Dexia.

Le cabinet de conseil aux actionnaires Deminor a ainsi insisté dans une lettre ouverte pour que les actionnaires soient consultés avant toute décision. .

Un discours relayé par le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale française, le socialiste Jérôme Cahuzac, qui a estimé également que les actionnaires de la banque franco-belge devaient être impliqués dans le règlement de cette crise.

L'Autorité bancaire européenne (ABE) a par ailleurs annoncé qu'elle discuterait lors de sa réunion de mercredi de la situation de Dexia ainsi que, de façon plus générale, des problèmes de financement dans la zone euro.

Par Julien Toyer et Julien Ponthus

Avec la contribution de Jean-Baptiste Vey et Jean-Michel Bélot, édité par Gregory Schwartz

Source : Reuters

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