Émergence du Quatrième Reich, comment l’Allemagne utilise la crise financière pour conquérir l’Europe

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Émergence du Quatrième Reich, comment l’Allemagne utilise la crise financière pour conquérir l’Europe

Par Simon Heffer

Dernière mise à jour à 10:33 le 17 août 2011

La réunion de crise d’hier entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy a été organisée avant que les participants aient connaissance des chiffres de croissance désastreux dans la zone euro qui ont émergé dans la matinée.

Le contexte de la réunion était le tumulte de la semaine dernière dans les marchés financiers mondiaux. Les actions ont plongé en chute libre après la dégradation de la note de crédit de l’Amérique.

Pire que cela, cependant, furent les secousses agitant bruyamment certaines des plus importantes banques d’Europe, notamment en France, provoquées par des preuves supplémentaires de l’échec total des économies les plus développées d’Europe à vivre à la mesure de leurs moyens.

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Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se sont rencontrés pour discuter de la crise, hier, le résultat des conversations suggérant qu’une union fiscale pourrait être créé – dont l’Allemagne dictera les conditions.

La chancelière Merkel a réussi à utiliser l’argent durement gagné des contribuables allemands pour renflouer les pays prodigues de la zone euro sans subir de retombées politiques. Il est peu probable que cela demeure ainsi et Mme Merkel le sait.

C’est pourquoi hier, elle a minimisé les mots de la Banque centrale européenne – financée par des euro-obligations soutenues par l’allemagne – parlant de payer les dettes de ces pays en faillite.

Au lieu de cela, on a parlé avec force de contraindre les pays de la zone euro à équilibrer leurs budgets et à réduire leur dette grâce à ce que Merkel et Sarkozy ont appelé à un « vrai mouvement de gouvernement économique européen » composé de tous les chefs d’Etat et conduit, initialement, par le président de l’UE Herman Van Rompuy.

Frau Merkel a appelé à une « coordination plus forte de la politique » et à « une nouvelle qualité de coopération » au sein de l’Eurozone.

Bien qu’elle ne soit pas encore prête à l’admettre, tout cela suggère que la première étape a été franchie vers une union budgétaire qui laissera l’Allemagne dicter ses conditions financières aux reste de l’Europe.

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M. Sarzoky et Mme Merkel ont parlé d’un « vrai mouvement de gouvernement économique » alors que le leader allemand a appelé à « une meilleure coordination de la politique » lors de la réunion à Paris.

C’est le seul pays qui est capable de le faire. La Grèce, l’Irlande, et le Portugal sont des cinglés économiques. Nous avons entendu de plus en plus parlé des troubles en Espagne, où le chômage est à plus de 20 pour cent.

L’Italie est chancelante – les chiffres pour 2010 montrent que le niveau des ses dettes représente 116 pour cent du PIB, ce qui fait d’elle le deuxième pays seulement après à la Grèce à environ 143 pour cent.

Pendant ce temps, l’ajout récent de la France à la liste des économies à risque a causé un véritable choc et la panique de l’autre côté de la Manche. Ses banques détiennent environ un huitième de la dette grecque, ou 57 milliards de dollars, sa bourse a chuté et les agences de notation parlent de retirer à la France son statut de triple A.

Ainsi, après un été de paniques de plus en plus aiguës autour de la Méditerranée, la contagion se déplace vers le nord. Des renflouements spéciaux ont été essayés, mais ils refusent obstinément de fonctionner. Seul un idiot pourrait penser qu’ils marcheront: Ils ne traitent que les symptômes du déclin économique de l’Europe, et non ses causes.

Si tout le monde pouvait être comme les Allemands, et ne dépenser qu’un peu plus qu’ils ne gagnent, alors tout irait bien, semblent dire les marchés.

L’Allemagne était en ruines en 1945, mais elle a ensuite investi dans les usines de fabrication, développé un système d’enseignement de première classe, innové, augmenté sa productivité et insisté sur la qualité et non sur les prix.

Au cours des 60 prochaines années, elle a gagné la paix aussi complètement qu’elle a perdu la guerre.

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L’ajout de l’économie française à la liste des économies à risque a envoyé des secousses dans les banques européennes, et de l’autre côté de la Manche, tout en provoquant également une chute des actions du pays.

Si l’euro doit survivre – et avec lui le projet européen – les 16 autres pays de la zone devront être comme les Allemands. En effet, ils doivent perdre la liberté de ne pas être comme les Allemands.

N’ayez aucun doute sur ce que signifie l’union fiscale: une politique économique unique, un système de taxation unique, un système de sécurité sociale unique, une dette unique, une seule économie, un seul ministre des Finances. Et tout ce qui précède serait allemand.

Cela signifie une union complète au niveau fiscal dans laquelle l’Allemagne, en tant qu’économie la plus puissante de l’UE et son trésorier principal, établit les règles et les rend incassables.

George Osborne a interrompu ses vacances dans le sans austérité Beverly Hills il y a quinze jours pour démontrer ce point par téléphone auprès de la Commission européenne et la BCE.

C’est une stratégie à haut risque de sa part, car si un tel plan réussissait ce serait faire de l’Europe en fait un empire allemand, avec des pays non-membres de l’Eurozone comme la Grande-Bretagne sur la touche.

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George Osborne croit que le Royaume-Uni n’a pas d’autre choix que de permettre la création d’une union, parce que si l’économie européenne implose alors la Grande Bretagne serait gravement touchée.

M. Osborne croit clairement que nous n’avons pas le choix. Sa préoccupation est que si l’économie européenne implose, nous serions très trouchés: non pas tant à cause de la dette due par des pays comme la Grèce aux banques britanniques, mais aussi à cause de la perte des marchés d’exportation dans les pays de l’Eurozone et de leurs investissements en Grande-Bretagne.

Toutefois, les perspectives des partenaires de l’Allemagne dans la zone euro sont encore plus frappantes.

Si les marchés financiers mondiaux continuent de ne pas avoir confiance dans les plans de sauvetage emplâtres offerts par les dirigeants de la zone euro, certains pays vont faire faillite – un ou deux, comme la Grèce et l’Irlande, sont déjà plus ou moins en négociation alors qu’ils sont insolvables.

Ils peuvent espérer que leur salut, en dehors de se retirer de la monnaie unique et la dévaluation, serait d’accepter que l’Allemagne renforce l’euro et colonise efficacement la zone euro.

Cela entraînerait une perte de souveraineté non vue dans ces pays depuis l’époque où nombre d’entre eux étaient sous la botte du Troisième Reich il y a 70 ans.

Ce n’est pas simplement le prix que les marchés exigeraient pour avoir confiance dans l’avenir de l’euro, et être heureux d’acheter la dette qui pourrait aider à financer la Grèce ou l’Irlande ou l’Italie. C’est aussi le prix que les Allemands eux-mêmes semblent exiger pour accorder leur soutien.

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Les marchés semblent suggérer que si tout le monde emboîtait le pas allemand et dépensait un peu plus qu’ils ne gagnent alors tout irait bien.

Stern, le magazine de nouvelles allemand, a réalisé un sondage la semaine dernière parmi les propres partisans de Mme Merkel qui a montré que 52 pour cent étaient opposés à sa politique de renflouement, et 62 pour cent s’inquiètent du cours de son parti en général.

Elle est à deux ans seulement d’avoir à se battre pour une autre élection et ne peut défier la loi de la gravité démocratique éternellement.

L’Allemagne a déjà injecté 120 billions d’euros dans le fonds de renflouement de 440 billions. Il s’agit de la cinquième plus grande économie dans le monde, ce qui signifie qu’imposer sa façon de faire aux 16 autres nations serait d’un poids considérable au niveau international.

Elle a aussi une autre raison pour vouloir renflouer ses partenaires: 42 pour cent de ses exportations sont destinées à la zone euro, la France seule représentant 90 milliards d’euros par an.

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La demande en biens allemands, tels que ces voitures Volkswagen, a ralenti ces derniers mois, mais l’allemand a de bonnes raisons pour épauler ses partenaires puisque 42 pour cent des exportations vont vers la zone euro.

Cependant, les derniers chiffres montrent que la demande de biens allemands se ralentit, tout comme la croissance allemande. Peu avant que l’ampleur du problème français avec la Grèce ait été rendu public, la Commerzbank – l’une des banques leader en Allemagne – a annoncé qu’elle devait utiliser 93 pour cent de ses profits au deuxième trimestre pour réduire 1,1 milliards de dollars de la dette grecque.

Si l’Allemagne veut continuer à prospérer, l’Europe doit prospérer: mais une solution impitoyable pourrait être imposée afin que cela arrive. Si le projet européen doit être maintenu, l’Allemagne ne devra pas simplement lui apporter son soutien, mais aussi le contrôler.

Le récemment accordé Fonds européen de stabilité financière n’est pas la réponse. Il s’agit juste d’un autre emplâtre dans une série d’emplâtres qui permet à la BCE d’acheter les obligations des pays débiteurs pour leur permettre de rester solvables.

Tous ces emplâtres sont conçus avec la conviction que la blessure ne sera pas devenu encore plus béante: mais c’est toujours ce qui se passe en fin de compte.

L’alternative est l’abandon massif de souveraineté à l’Allemagne par le reste de la zone euro qui permettrait que les politiques économiques de la Grèce, de l’Irlande, et du Portugal, soient conçues à Berlin.

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Le récemment accordé Fonds européen de stabilité financière permet à la BCE d’appliquer des emplâtres à certains des pays débiteurs, mais ce n’est pas la réponse à la crise.

Ceci rassurerait les marchés, mais supprimerait également toute semblant de démocratie dans ces 16 pays: pour une fois que vous avez perdu le contrôle de votre économie, vous avez perdu votre souveraineté.

Chaque département de dépenses dans tous les gouvernements de la zone euro aurait sa politique conduite dans l’ancienne capitale de la Prusse.

Et si les gens n’appréciaient pas que leurs gouvernements se retrouvent avec moins de pouvoirs qu’un conseil de comté, ce serait difficile. L’alternative c’est la ruine.

Là où Hitler a échoué par des moyens militaires à conquérir l’Europe, les Allemands modernes y réussissent grâce au commerce et à la discipline financière. Bienvenue au Quatrième Reich.

Source: dailymail, Infoguerilla

Informations complémentaires :

Crashdebug.fr : Crise : eux ou nous...