Les voies qui s’imposent pour sortir d’une crise financière qui menace la société mondiale

C'est un peu trop poussé pour moi. Il faudrait demander son avis à Jacques Cheminade. En tout cas il n'est plus question de logique capitaliste. Venant de Mecanopolis, ils sont assez sérieux pour que que je ne mette pas en doute leur propos et que je vous le relaie. Chacun y trouvera son compte...

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L’endettement de presque tous les Etats du monde envers les rares possesseurs de gros capitaux a atteint des proportions telles qu’il ne peut pas être amorti sans une renonciation draconienne des créanciers à une partie du remboursement.

A elle seule, la zone euro est endettée à concurrence de quelque 6 billions, c’est-à-dire de 6000 milliards d’euros. Les économies exigées actuellement des couches pauvres de la population par les gros détenteurs de capitaux et la vente en leur faveur d’installations publiques affectées au bien commun provoquent un appauvrissement social insupportable.

L’argent presque arraché initialement aux Etats pour majorer ultérieurement les taux d’intérêt grâce à un rating adéquat a été tiré du néant (monnaie fiduciaire). Il doit maintenant être ramené au néant de manière ordonnée, pour éviter des tensions sociales extrêmes, aux conséquences imprévisibles.

La bulle financière ainsi créée atteint à peu près le triple du produit brut mondial, donc de la valeur de tous les produits et services.

La faire éclater dans l’ordre par renoncement au remboursement de créances est une tâche actuelle et la seule solution remplaçant les coupes sombres sociales, le chaos et la guerre civile ou la guerre. De gros spéculateurs intelligents, tel George Soros, se prononcent maintenant déjà en faveur d’interventions massives, parce qu’ils savent que, en cas de tensions sociales, la constitution économique à laquelle ils doivent leur fortune et qui la leur assure jusqu’à maintenant, est en péril (risque de bouleversements sociaux).

Les crédits ont été accordés par des «experts» rémunérés des mieux. Les intérêts perçus incluaient et incluent une prime de risque. Des personnes compétentes ont pris donc constamment des risques. Socialiser ces risques, c’est-à-dire les attribuer à l’ensemble de la population, et privatiser les béné­fices bafouent toutes les règles d’une politique économique ordonnée et les «mécanismes de sanctions des marchés» toujours invoqués par les opérateurs.

On pouvait prévoir que ceux qui ont mené la politique à «l’anneau dans les narines» se défendraient avec adresse et, en raison du manque de soutien, annonceraient la fin du monde. Toutefois, les dettes ne peuvent pas être amorties par de nouvelles dettes, à taux encore plus élevés. Les «parachutes» déployés ne forment qu’une couche supplémentaire de dettes ajoutée à la précédente.

Eu égard à l’appauvrissement et aux besoins déjà évidents, les Chrétiens, tout particulièrement, sont invités à ne pas – comme le bon Samaritain – passer à côté en détournant le regard ni à tout concéder aux experts, mais, courageusement, à nommer les choses par leur nom et à exiger des corrections.

Actuellement, les plus dépourvus sont livrés au pillage, alors que les intérêts des rares détenteurs de capitaux sont protégés par le monopole de l’Etat concernant la force publique. Quotidiennement, l’Etat contracte de nouvelles dettes, dont on peut voir le montant sur les «horloges à dettes» d’Internet. Ces dettes ne sont plus recouvrables, car le service de la dette dépasse le taux de croissance des Etats et les mesures d’économie ont un effet déflationniste – la spirale de l’endettement a démarré. La monnaie-clé qu’est encore le dollar des Etats-Unis, conçu et utilisé par un cartel de grandes banques pourvu des prérogatives d’une banque centrale, «repose» sur un endettement des Etats-Unis atteignant 14 billions d’euros. Comme cette dette n’est pas remboursable, on ne se protégera de l’implosion qu’en faisant de nouvelles dettes. C’est-à-dire que la bulle grossit de plus en plus et représente un danger.

Une correction fondamentale du cours suivi en matière de « structures maléfiques » (Jean-Paul II) fait défaut.

Quels pourraient être les aspects d’une telle correction ?

I Fondement politique

Depuis 1961 (publication du code de l’OCDE sur la libéralisation des mouvements de capitaux), l’«industrie de la finance» s’est soustraite de plus en plus au contrôle de l’Etat et a limité sa contribution au bien commun. Bien davantage, elle domine les événements politiques et oppose les Etats les uns aux autres («compétitivité des sites de production»).

Horst Seehofer, ministre-président de la Bavière, a bien caractérisé la situation: les décisionnaires ne sont pas élus et les élus n’ont rien à décider. Le secteur financier s’est ainsi développé non pas pour servir, mais pour opérer comme parasite (Günther Robol). Par une «révolution démocratique à partir du bas», il doit être amené à reconsidérer sa tâche face au bien commun, parce que le grand capital a abusé de la puissance protectrice en faveur du grand détenteur de capitaux, les Etats-Unis, et de son partenaire cadet de Londres.

A ce sujet, il y a lieu de souligner que la FED des Etats-Unis, comme indiqué, n’est pas un institut d’émission à l’instar des banques centrales européennes, mais un cartel de grandes banques à qui fait défaut l’engagement personnel pour le bien commun.

II Les mesures concrètes

1 Un nouvel accord mondial sur les changes (Union mondiale des changes) qui – comme John M. Keynes l’avait déjà proposé en 1944 – remplacerait le dollar, monnaie-clé, instaurerait une nouvelle monnaie-clé définie par les parités des pouvoirs d’achat. Les pays – telle la Chine – dont la balance des paiements accuse un excédent ou – tels les Etats-Unis – un déficit seraient frappés d’une pénalité, ce qui les inciterait à équilibrer leur balance.

Simultanément serait dressée une «balance mondiale d’ouverture» (Radermacher et Solte parlent de «coupe monétaire»), nouvelle mise annulant les dettes enregistrées jusqu’alors, comme à l’occasion de l’année sainte hébraïque (3. Moïse, 16–24).

2 Tant que cet objectif général n’est pas atteint, on recourra aux mesures suivantes, exécutables rapidement. L’Europe serait assez puissante pour les réaliser seule.

2.1 Impôt sur les transactions qui porte sur le commerce des «sûretés titrisées», titres qui s’appuient sur des actifs/ reconnaissances de dettes négociables, dont le montant mondial s’inscrit chaque année à quelque 3000 billions de dollars. Si le taux fiscal était de 0,1%, l’impôt rapporterait 3 billions ou 3000 milliards de dollars. Transformé en prestation économique (PIB), il s’agirait de 180 milliards en Allemagne (6%) et de 18 milliards en Autriche (0,6%), soit environ le double du service actuel des intérêts.

2.2 Un impôt général sur les opérations internationales en capital (impôt Tobin élargi) fixé à 0,1% d’un volume de transactions de quelque 600 billions de dollars par année rapporterait aux deux pays une somme supplémentaire de respectivement 36 et 3,6 milliards d’euros.

2.3 Un impôt de 0,1% sur l’accroissement de la monnaie lors de l’émission de «monnaie dans l’ombre» (titration de valeurs monétaires, qui atteignent actuellement environ 50 fois la valeur de la monnaie de banque centrale en cours dans le monde, pourrait financer à concurrence de 100 milliards de dollars l’objectif du millenium que se sont fixé les Nations Unies et alléger d’autant les budgets nationaux.

2.4 Un impôt Internet à raison d’un millionième de centime par bit – perçu sur les ordinateurs ayant plus de 90% de spams, soit de véritables dépotoirs informatiques – rapporterait en Allemagne quelque 300 milliards et en Autriche environ 30 milliards d’euros, c’est-à-dire un tiers du budget!

2.5 La taxation des gros patrimoines, qui atteignent environ le triple du produit brut mondial (150 billions de dollars) et sont rémunérés à raison d’au moins 6% à un taux fiscal de quelque 50% appliqué à tous les bien lotis rapporterait 4,5 billions ou, reconvertis, respectivement 270 et 27 milliards de dollars.

Pour un nouveau régime

Par conséquent, nous regardons comment notre prochain et des communautés en­tières meurent de faim ou comment les ciseaux sociaux continuent de s’ouvrir toujours davantage parce que nous n’osons pas prendre en main la «cuillère adéquate».

Nous sommes donc appelés dans le monde entier à exiger un nouveau régime. Si le mouve­ment est assez fort, il brisera la résistance de ceux qui s’appellent eux-mêmes les «élites». Au cours de l’histoire, cette situation s’est toujours reproduite lorsque l’arc était excessivement tendu.

Les mesures prises actuellement sont d’une part contre-productives (économies à mort et socialisation des risques bancaires) et, d’autre part, insuffisantes (serrement de la vieille vis fiscale au détriment du revenu des masses et formation d’un produit insuffisant).

Les mesures à prendre doivent être flanquées de contrôles des mouvements de capitaux pour éviter des fuites de fonds destinées à faire chanter les autorités (un euphémisme y voit la concurrence des sites de production). Les grandes transactions internationales de capitaux devraient de nouveau faire l’objet d’une obligation d’annoncer. A ce sujet, il conviendrait de fixer la règle selon laquelle les demandes sont acceptées automatiquement si les autorités n’émettent pas d’objections dans les 24 heures. Cela frapperait massivement la spéculation et ne léserait pas l’économie réelle.

Pour assurer une concurrence internationale équitable, il y aurait lieu de revoir les normes de procédure (PPMs – processing and production methods) de l’OMC.

Dans l’intérêt d’une concurrence équitable, des droits de péréquation doivent compenser les différences de coûts qui reposent sur des normes sociales et écologiques divergentes. Un accès au marché exempt de droits de péréquation devrait être possible, à condition de respecter les normes du pays déterminant.

Les droits de péréquation devraient être versés à un Fonds international de développement, qui soutiendra les Etats haussant leurs normes sociales et écologiques.

A défaut d’une possibilité d’examiner les normes de procédure, aucun objectif social ou écologique – si bien pensé soit-il – n’est atteignable, le marché anonyme récompensant ceux qui exploitent l’homme et la nature de la façon la plus efficace (avantage comparatif des coûts).

Finalement, il faut amortir la chute provoquée par la dévalorisation des fonds de retraite et autres assurances-vie, qui coïncide avec la renonciation au remboursement des dettes (par exemple, dévalorisation des patrimoines 1–10 facteur financier 10). Le pré­lèvement de nouvelles recettes fiscales rend ces opérations possibles (principe de la répartition dans le cadre de la solidarité sociale générale et approvisionnement de base en tant que participation à la création de valeur totale).

Heinrich Wohlmeyer

Sur le même sujet, lire également « Le temps des vaches grasses est terminé »

Source : Mecanopolis


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