Un plan record de 237 milliards d'euros au secours de la Grèce

Monnaie de singe contre vraies mesures....

Les pays de la zone euro se sont mis d'accord ce mardi matin sur un nouveau plan de sauvetage sans précédent de la Grèce de 237 milliards d'euros au total afin d'éviter une faillite du pays aux conséquences imprévisibles pour toute l'Europe.

L'accord, qui est toutefois loin de régler tous les problèmes de la Grèce engluée dans la récession, est intervenu dans la nuit au terme plus de treize heures de tractations entre les ministres des Finances de l'union monétaire, a annoncé leur chef de file, Jean-Claude Juncker. «L'accord de grande ampleur» doit permettre «de garantir l'avenir du pays dans la zone euro», a-t-il déclaré à la presse, alors que de nombreux économistes pensent que le pays est condamné à terme à la quitter.

Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a émis l'espoir que les mesures décidées permettraient au pays «de prendre un nouveau départ».

Effacement de la dette par ses créanciers privés

Le plan comprend, d'une part, un volet d'aide publique, des prêts pour l'essentiel, à hauteur de 130 milliards d'euros jusque fin  2014, après un premier programme de soutien en faveur du pays décidé en mai 2010 qui avait atteint déjà 110 milliards d'euros. L'autre volet porte sur un effacement de la dette de la Grèce détenue par ses créanciers privés, banques et fonds d'investissement. Ils doivent accepter une perte de 53,5% au final, soit un effort accru par rapport à l'objectif initial qui était de 50%.

Cela doit permettre de réduire la dette du pays d'un montant de 107 milliards d'euros, un record dans l'histoire économique mondiale. Cela dépasse de loin la restructuration de la dette de l'Argentine, dont la dette atteignait 82 milliards de dollars (73 milliards d'euros environ au cours de l'époque) lorsqu'elle avait fait défaut, en janvier 2002.

Grâce à ce plan de soutien, la Grèce devrait être en mesure de faire face à une échéance de remboursement de 14,5 milliards d'euros qui tombe le 20 mars et ainsi d'éviter le défaut de paiement.

A condition toutefois que les banques répondent en nombre suffisant à l'appel. Elles se verront offrir en échange de leurs titres de dette grecque actuels de nouvelles obligations grecques de valeur inférieure ainsi que des titres émis par le Fonds de secours de la zone euro.

Athènes «très satisfait»

Athènes s'est dit «très satisfait» du résultat. Le gouvernement grec avait rempli sur le papier sa part du contrat en se pliant aux exigences de ses créanciers publics. En adoptant notamment un nouveau plan d'austérité au prix de violentes manifestations dans la rue et de nouvelles turbulences politiques. Un plan d'économies douloureux de 3,3 milliards d'euros pour cette année a été voté, prévoyant notamment une réduction du salaire minimum et une limitation des retraites.

Les chefs des deux partis de la coalition au pouvoir, socialistes et Nouvelle Démocratie (droite), se sont engagés par écrit à respecter les promesses faites d'économies budgétaires et de réformes, y compris après les élections législatives anticipées, qui devraient se tenir en avril.

Les négociations ont toutefois traîné en longueur car les principaux bailleurs de fonds de la Grèce ont mis le doigt sur un trou de plusieurs milliards d'euros à combler pour parvenir à réduire la dette grecque à 120% du PIB d'ici 2020. C'est l'objectif fixé par le Fonds monétaire international et certains pays de la zone euro, comme l'Allemagne et le Luxembourg, afin de considérer la dette grecque comme soutenable sur le long terme.

Surveillance encore renforcée

Au final, le plan de sauvetage permettra de réduire l'endettement grec à hauteur de 120,5% d'ici 2020. La Grèce fera en contrepartie l'objet d'une surveillance encore renforcée à Athènes de la part de ses créanciers, de la Commission européenne en particulier, pour s'assurer qu'elle ne dévie pas des objectifs fixés.

Les tractations ont été rendues difficiles par le fait que de nombreux pays doutaient, en dépit des promesses répétées, de la capacité de la Grèce à réaliser les réformes nécessaires, d'autant que les élections législatives à venir sont susceptibles de rebattre les cartes.

Le pays lui-même est miné par la récession économique, avec cinq années consécutives de recul du produit intérieur brut, et la population a de plus en plus de mal à accepter les coupes budgétaires successives exigées par les créanciers. De nombreux économistes doutent dans ce contexte que le nouveau plan de sauvetage soit le dernier chapitre de la crise grecque. Ils redoutent que le pays ait rapidement besoin d'argent frais supplémentaire, ou soit contraint à quitter la zone euro, soit parce qu'il ne sera pas en mesure de réaliser les réformes promises ou parce que l'austérité va le maintenir englué dans la récession.

Le FMI semble disposé à participer à l'aide

Pour parvenir à maintenir l'objectif de ramener le ratio de dette publique grecque à 120% de son PIB en 2020, sans augmenter les prêts des gouvernements qui refusaient de remettre la main à la poche, les ministres des Finances de la zone euro ont dû opter pour d'autres solutions. Cela passera par une réduction des taux d'intérêts sur les prêts consentis par les créanciers publics à la Grèce dans le cadre de son premier plan de sauvetage de mai 2010, et par une implication des banques centrales nationales de la zone euro dans l'effort.

Les banques ont, elles, accepté une «décote» (perte) plus importante que prévu. L'opération a été délicate car l'effort des banques doit rester volontaire, sous peine de déboucher sur un défaut de paiement pur et simple de la Grèce. En outre, ce plan d'effacement de la dette doit être lancé d'ici la date limite de mercredi pour éviter à la Grèce de sombrer dans la faillite d'ici à l'échéance du 20 mars.

Les regards se tournent aussi désormais vers le FMI, qui semble disposé à participer à l'aide publique de 130 milliards d'euros mais pour un montant toutefois encore non chiffré. Le Fonds prendra sa décision dans la deuxième semaine de mars, a dit sa directrice générale, Christine Lagarde.

Le risque de défaut de paiement évité

Le risque d'un défaut de paiement brutal de la Grèce sur ses échéances de remboursement de prêts est écarté grâce à cet accord, a assuré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. L'accord, conclu par les ministres des Finances de l'UE réunis à Bruxelles, «ferme la porte au scénario d'un défaut de paiement, avec toutes ses graves conséquences sociales et économiques», a déclaré M. Barroso devant la presse à Bruxelles.

Il a qualifié de «pas en avant essentiel» l'accord sur ce nouveau paquet d'aides trouvé quelques heures plus tôt par les pays de l'eurozone, qui vont permettre à la Grèce de «bâtir une économie plus solide et capable de créer des emplois et de la croissance».

«Il n'y a pas d'alternative à la consolidation financière et aux réformes structurelles en Grèce (...) Je pense que ce message doit être clair. Et la meilleure façon de démontrer notre solidarité à la Grèce est de dire la vérité», a ajouté le président de la Commission.

 

Source : liberation.fr

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