La Grèce choquée par le suicide d'un septuagénaire devant le parlement

Bien loin de nos rassurants médias, bienvenue dans la réalité des faits... Ici comme ailleurs, la politique a des répercussions bien réelles sur les populations... A votre avis, par défaut, quelle est la variable d'ajustement de ces merveilleux systèmes économiques ?

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Des Grecs rendent hommage au pharmacien qui s'est donné la mort sur la place Syntagma.

D'après le ministèrede la Santé, le nombre de suicides auraient augmenté de 40 % entre les cinq premiers mois de 2010 et de 2011.

Il ne voulait pas laisser de dettes à ses enfants. Un homme de 77 ans a mis fin à ses jours sur la place Syntagma à Athènes. Ce drame, symbole de la crise, suscite une vive émotion dans le pays. 

En pleine heure de pointe, mercredi, un homme de 77 ans s'est tiré une balle dans la tête au coeur d'Athènes, sur la place Syntagma, esplanade centrale de la capitale grecque et lieu de ralliement des manifestants anti-austérité depuis deux ans.

Pharmacien à la retraite, Dimitris Christoulas a mis fin a ses jours face au Parlement, devenu pour beaucoup de Grecs le symbole de dirigeants politiques aveugles aux souffrances du peuple. 

La crise économique, dans laquelle est plongée la Grèce depuis 2009, a conduit les responsables politiques à mener des réformes drastiques pour diminuer la dette du pays et obtenir des aides européennes. En 2012, le pays fait face à sa cinquième année de récession. Les salaires ont chuté, et les retraites ont été tronquées. Quant au taux de chômage, il a bondi et atteint actuellement selon l'institut Eurostat 21 % de la population. 

La population grecque en colère

La police a ouvert une enquête sur les motivations de l'acte désespéré du septuagénaire. Selon les médias grecs, des passants interloqués auraient entendu l'homme crier : "Je ne veux pas laisser de dettes à mes enfants. " La police rapporte, par ailleurs, qu'une lettre du retraité a été retrouvée : " Vu mon âge avancé qui ne me permet pas de réagir avec dynamisme, je ne vois pas d'autre solution que de mettre fin à ma vie (...) Je crois que les jeunes sans futur vont un jour prendre les armes et pendre les traîtres de ce pays sur la place Syntagma, comme les Italiens l'avaient fait avec Mussolini en 1945 " aurait-il écrit, d'après les journaux locaux.  

Mercredi soir, environ un millier de personnes se sont recueillies sur les lieux du drame et ont déposé des mots et des bouquets. Un appel au rassemblement avait été lancé via les réseaux sociaux autour du slogan : " Ce n'était pas un suicide. C'était un meurtre. NE NOUS HABITUONS PAS A LA MORT ". Vers 22 heures, quelques manifestants et forces de l'ordre ont échangé des lancés de pierres contre gaz lacrymogène.  

Un fait divers qui reflète la crise en Grèce

L'événement met en relief un mal qui mine la Grèce depuis le début de la crise : le taux de mort par suicide a explosé. D'après le ministère de la Santé, le nombre de suicides auraient augmenté de 40 % entre les cinq premiers mois de 2010 et de 2011. 

L' ONG " Klimaka" a , depuis 2007, mis en place, en partenariat avec le ministère de la Santé, une ligne téléphonique d'urgence pour personnes dépressives et suicidaires. Au 1018, les coups de fils reçus ont été multipliés par quatre depuis sa création. 

Les histoires d'hommes et de femmes au bord du gouffre font couler beaucoup d'encre ces temps-ci dans les journaux grecs. Déjà, en septembre 2011, un quinquagénaire endetté s'était immolé devant une banque à Thessalonique, deuxième ville du pays. Plus récemment, mi-février, une femme avait menacé de se jeter du haut de l'organisme grec du logement social, dans le centre d'Athènes. Employée dans cet établissement, voué à fermer en raison de restrictions budgétaires, elle avait finalement renoncé à mettre fin à ses jours. 

La Grèce affichait jusqu'à récemment un taux de suicide beaucoup plus bas que les autres pays européens : en 2009, le taux de mort par suicide était de 3 sur 100 000 habitants, moins du tiers de la moyenne européenne selon l'institut Eurostat.

REUTERS/Yorgos Karahalis

Source : lexpress.fr

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